Au début du XIIe siècle, résidait dans le village d’Écuvillens une famille noble venue de Haute Bourgogne. Elle devint la famille des Sires de Glâne, du nom de la rivière qui coule au pied desmurs de son château bâti sur un éperon rocheux dominant un passage à gué. On peut voir encore aujourd’hui quelques ruines de la grande bâtisse fortifiée, les fondements de son donjon et le profond fossé de sa douve protectrice (des ruines mieux conservées sont visibles sur les châteaux de la même époque à : Illens, arconciel et Châtel sur Montsalvens).
Comme nombre de construction de ce genre, et selon les moeurs de l'époque, l'emplacement du château était choisi en fonctiond'un profit: celui d'être maître d'un passage obligé ( sur une rivière, un col, etc...) pour y prélever un droit de passage sur les voyageurs et marchandises. D'où le choix de cet éperon rocheux qui domine le passageà gué sur la Glâne sutué à l'emplacement de la passerelle en contre bas (construite en 2003). On peut encore aujourd'hui franchir la rivière presque à pieds secs. Ce devait être un passage assez important reliant la vallée de la Sarine à celle de la Broye. Les possessions de cette famille étaient fort étendues.
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En février 1127, le malheur s’abat sur cette famille qui vivait dans l'entourage des contes de Bourgognes. Pierre et son fils Ulrich sont assassinés pour une sombre affaire de succession à l’intérieur même de l’église de l’Abbaye de Payerne. Les suppliciés n’ont qu’un descendant : Guillaume, l’autre fils de Pierre. On imagine la rancoeur de cet homme envers les meurtriers de ses père et frère.
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Guillaume, pourtant, abandonne toute idée de vengeance. Il fait mieux. N’ayant pas de descendant, il fait don de tous ses biens à des moines venus de Cherlieu (Haute-Saône) en 1137, pour fonder un monastère et chercher la paix de son âme dans un méandre de la Sarine, au pied d’une haute falaise, la bien nommée Alta Ripa.
Guillaume lègue aux cisterciens les terres de son vaste domaine compris entre la Glâne et la Sarine, qui s’étendent de Lovens à Châtillon, au confluent des deux rivières. Il y ajoute ses coteaux des Faverges, au bord du Léman, devenus par la diligence des moines le vignoble célèbre que l’on connaît aujourd’hui.
Guillaume se retiraau monastère construit grâce à sa générosité. Il y mourut en 1143 après y avoir vécu comme simple frère convers. Son corps repose dans le choeur de l'église.
Les pierres du château vide servirent vraisemblablement à ^l'édification du monastère d'Hauterives ou des maisons d'Ecuvillens et de Posieux..
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On sait que, à la suite des événements du Sonderbund, en 1848, le régime instauré à Fribourg supprima, comme tant d’autres en Suisse, le couvent d’Hauterive, comme on le nommait alors. Hauterive devint école d’agriculture, puis école normale cantonale. Mais, en 1938, quelques moines de Mehrerau en Autriche, aspirent à quitter ce pays. Ils sollicitent l’hospitalité du gouvernement de Fribourg et le droit de revenir sur les bords de la Sarine, au pied de la falaise d’Alta Ripa, dans la maison que leur ordre avait fondée en 1138.
M. Joseph Piller, conseiller d’Etat, prend courageusement le parti des moines. En dérogation des dispositions fédérales issues du Sonderbund, il leur permet de revenir en terre fribourgeoise. Les bâtiments, propriété de l’Etat, leur sont loués. Ils se trouvaient, hélas, dans un état de délabrement avancé. Et les moines arrivaient pratiquement les mains vides.
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L’Etat, en proie à des difficultés économiques, peinait à faire face à ses obligations découlant de sa qualité de propriétaire des bâtiments et du domaine d’Hauterive.
Farvagny et à Avry-devant-Pont, deux prieurés, rattachés au Grand Saint-Bernard, sont attestés dès la deuxième moitié du XIIesiècle, signalant par là-même l’importance de l’axe au moyen âge. De plus, une maison religieuse a certainement contribué au développement de la région aux XII-XIIIe siècles: le couvent prémontré d’Humilimont, fondé en 1137, au pied du Gibloux à proximité de Sorens et transféré trente ans plus tard à Marsens, richement doté en terres sur les deux rives de la Sarine, était également propriétaire de plusieurs vignobles à Lavaux (VD).
Les nombreux châteaux médiévaux qui jalonnent le tracé sont également un témoignage du rôle stratégique de la vallée de la Sarine: le château des sires de Glâne, une des plus importantes familles de la région avant la fondation de Fribourg, que certains situent au confluent de la Sarine et de la Glâne, à proximité du passage de Ste-Apolline; le château d’Illens, probablement contemporain de la fondation d’Arconciel avec laquelle il pouvait communiquer par un bac , bientôt aux mains des comtes de Neuchâtel; le promontoire de Pont-en-Ogoz, dont le château protégeait une ville fondée entre 1218 et 1231 mais qui déclina rapidement au XIVe siècle situé à l’emplacement d’un gué bientôt remplacé par un pont qui donna son nom à la ville ainsi qu’à Avry-devant-Pont et à Pont-la-Ville, en face sur la rive droite. Les châteaux d’Everdes et de Vuippens, tous deux sièges de seigneuries issues du démembrement de la grande seigneurie de Corbières en 1224 et 1250, contrôlent la route et le franchissementde la Sarine. Ulrich de Glâne épousa Rolande de Villars- Walbert, en 1o78. Pierre et Guillaume, ses fils, furent assassiné, en 1126, à Payerne dans leur lit avec le comte Guillaume de Bourgogne par ses propre» gens au milieu des troubles et des factions qui naissaient des prétentions de Lothaire, roi d'Allemagne, sur le comté de Bourgogne. La partie de l'Helvétie qui en dépendait souffrit beaucoup de cette tracasserie , parce que Lothaire avait sû diviser les membres des états et les animer les uns contre les autres pour empêcher de soutenir à l'unanimité l'indépendance entière de la Bourgogne.
On ne vit alors que meurtres et pillages, qui ne cessèrent pas même lorsque Conrade de Zahringen fut nommé recteur de ce pays, et ils durèrent, jusqu'au moment où l'empereur Frédéric I, ayant épousé Béatrix, fille unique du comte Renaud, qui avait succédé aux prétentions du jeune Guillaume, fit un accommodement avec Berthold IV, fondateur de Fribourg. Eme de Glane avait épousé Rodolphe II, comte de Neuchâtel; Agnès était la femme de Rodolphe, comte de Gruyères, et Julie celle du sir de Montsalvens. Guillaume de Glane fonda le monastère d'Hauterive, et y mourut l'an 1142 en habit de moine. Avec lui cette famille s'éteignit. Son château était situé sur une presqu'île formée par le confluent de la Glane avec la Sarine, où l'on trouve encore quelques vestiges de murailles de 6' d'épaisseur et un large fossé qui se prolonge d'un précipice à l'autre. La tradition porte que ce donjon a été démoli pour construire le couvent. (Hauterive). Depuis l'emplacement de cet antique manoir on jouit d'une vue alpestre très-variée, mais âpre et sévère, qui d'un côté est terminée par la dent de Broc, et de l'autre par la large cime du Kaiseregg. Le lit profond et sinueux de la Sarine contraste avec celui de la Glane, dont le cours est plus doux et plus paisible.
.Dessin de B.A. Dunker. 1790
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La seigneurie de l’île d’ogoz
La seigneurie de Pont n'apparaît pas avant le XIIe siècle. Les plus anciennes chartes mentionnant les seigneurs de Pont datent de 1179. Pont-en-Ogoz tomba d'abord sous l'influence des sires de Maggenberg et de la jeune ville de Fribourg fondée en 1157. Puis, elle dépendit, à partir de 1250, de la maison de Savoie, laquelle garda durant deux siècles son emprise sur la seigneurie. La famille, qui s'éteignit à la fin du XVe siècle, donna plusieurs moines à l'abbaye d'Hauterive et quelques chanoines à Lausanne. Suivant la coutume locale, tous ses membres exercèrent en commun leurs droits féodaux. La seigneurie fut ainsi propriété de coseigneurs, ce qui entraîna naturellement son morcellement.
Au XIVe siècle déjà, elle était divisée en de multiples parts. En 1452, par le hasard des successions, la famille de Pont n'y possédait d'ailleurs plus aucun droit. Leur ancienne seigneurie était alors aux mains des familles Mayor de Lutry, de Challant et de Prez. Le 19 novembre 1482, Antoine de Menthon, dont la famille avait réussi à mettre la main sur la plus grande partie du bourg, vendit à Fribourg tous les droits qu'il y possédait. En rachetant année après année les parts restées en d'autres mains, Fribourg fit peu après l'acquisition de toute la seigneurie qui constitua ainsi son premier baillage.
Les ruines de Pont-en-Ogoz
Amorcée un peu partout en Europe vers 1050, la construction de châteaux et de bourgs est mentionnée une trentaine d'années plus tard dans le canton de Fribourg. Centres de petites seigneuries qui relèvent toujours de l'Empire et de sa haute noblesse, ces châteaux et ces bourgs marquent d'une certaine façon, par leur autonomie, les débuts de l'histoire politique du territoire fribourgeois. Leurs seigneurs se distinguent en restant proches de leurs vassaux, renforçant ainsi les liens personnels caractéristiques de la féodalité. Quelques familles, parmi les plus anciennes, méritent d'être mentionnées.
Celle des seigneurs de Glâne d'abord, dominant le cours moyen de la Sarine et la vallée de la Glâne. Vassaux des comtes de Bourgogne, ils sont suzerains des sires de Villars, de Neyruz et d'Ecuvillens. Ils restent cependant essentiellement connus pour leur dernier descendant, Guillaume, fondateur du monastère d'Hauterive, en 1137.
Village dominant la vallée de la Sarine, Arconciel est une ville et une seigneurie, propriété impériale depuis 1033 et comprenant plusieurs villages de la région. Après plusieurs successions, elle passe, en 1251, sous la suzeraineté de la Savoie.
Plus au sud du canton, les seigneurs de Gruyères jouissent encore de nos jours d'une popularité certaine et particulièrement le dernier d'entre eux, Michel, obligé de céder son comté aux villes de Fribourg et Berne en 1554-1555. Descendant peut-être d'un haut fonctionnaire carolingien, les premiers seigneurs apparaissent dans les sources au XI e siècle. Une vingtaine de descendants leur succéderont, repoussant les limites du comté jusqu'aux sources de la Sarine, de la Jogne et du Javroz.
Entre Arconciel et Gruyères, les seigneurs de Corbières dominent un territoire qui va de La Roche à Bellegarde et leur château contrôle un passage sur la Sarine. Ils sont les fondateurs et les premiers bienfaiteurs du couvent de la Valsainte. Ils perdent pourtant une partie de leurs biens lorsque les seigneurs de Vuippens-Everdes s'en détachent en 1255.
On peut ajouter les seigneurs d'Estavayer-le-Lac, de Maggenberg, et quelques autres, au total une douzaine d'importance régionale et qui émergent dans les vallées de la Sarine, de la Broye et de la Glâne. A la fin du XII e siècle, ils auront édifié une cinquantaine de châteaux et de bourgs, créant ainsi des cellules politiques qui modifient la pyramide féodale en y ajoutant un élément de pouvoir qui tend à s'éloigner du pouvoir impérial.
Situées sur une île du même nom, sur le lac de la Gruyère, elles faisaient partie du système défensif de la ville dont les vestiges ont été submergés par la mise en eau du lac de Gruyère en 1948.
Il est rare que l'on puisse atteindre à pied sec les ruines du château et de la bourgade d'Ogoz en empruntant, en période de basses eaux, l'ancien chemin les reliant à Pont-en-Ogoz. Mais on n'y accède plus comme jadis par une porte fortifiée. Généralement, les visiteurs arrivent au milieu de la place principale de la bourgade disparue, à quelques mètres de la chapelle. De là, un chemin pédestre conduit vers le haut en direction de l'emplacement du château où tout à coup se détache la silhouette des deux tours conservées. Il ne reste pratiquement rien des autres bâtiments du château. On devine à quelques endroits la présence du mur d'enceinte.
La restauration entreprise il y a 50 ans a malheureusement modifié le site par des adjonctions et des constructions de murs. Ainsi, il n'est plus possible de comprendre dans quel ordre les différents murs ont été construits. Il est toutefois clair que les deux tours sont plus anciennes que tous les murs qui ont un rapport avec elles. Les différentes structures de construction des tours montrent qu'elles n'ont pas été construites à la même époque et qu'elles ne sont pas l'oeuvre des mêmes constructeurs. Mais nous ne savons pas laquelle des deux est la plus ancienne
Si l'existence du château n'est signalée pour la première fois qu'en 1231, sa construction pourrait remonter au début du XIIIe siècle. Malgré les fouilles et les relevés réalisés en 1946/47, il n'est pas possible d'en avoir une idée exacte. La construction des donjons jumeaux ainsi que d'autres bâtiments, interprétés comme une troisième voire une quatrième tour, a peut-être été entreprise à la suite du morcellement du domaine en coseigneuries.
Aujourd'hui, on distingue encore clairement sur chacune des deux tours l'entrée surélevée originelle. Il est en effet habituel que les tours des châteaux ne soient accessibles que par un escalier extérieur en bois. Sur la plus grande tour qui se trouve au sud, on distingue les étages grâce aux traces des balcons et des planchers visibles dans l'appareil du mur.
Une grande partie des pierres de molasse et de tuf de la façade extérieure des deux tours a été enlevée et réutilisée comme matériau de construction en dehors du site. Il ne reste donc que les parties inférieures des bâtiments, lesquelles étaient restées inaccessibles jusqu'à la restauration. On peut y déceler clairement les différentes phases de construction. Il suffit de comparer le mode de construction des murs des deux tours. Ainsi, sur la tour sud, on est frappé par la présence exceptionnelle de cavités en forme de canaux: à cet endroit se trouvaient autrefois des poutres insérées dans les murs comme pour donner plus de solidité aux murs fraîchement édifiés.
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Une légende prétend qu'amoureux de la même femme, deux seigneurs de Pont auraient tenté de se départager en diverses joutes. Personne ne l'emportant, ils auraient finalement décidé de se livrer duel. Le vainqueur resterait maître de la seigneurie et épouserait la belle qui, l'apprenant, se serait jetée entre les deux combattants pour les séparer. Tout à leur combat, ils l'auraient transpercée de leur épée. Inconsolables, ils décidèrent de ne plus se quitter et de construire en souvenir de leur promise, un château à deux tours. En fait, le mode de construction prouve qu'elles ne sont pas contemporaines.
On peut encore clairement reconnaître une maison d'habitation à plusieurs étages au pied de la tour nord. Un large escalier court le long de la tour et fait un angle en direction du lac. Par un escalier en bois, aujourd'hui disparu, on accédait à la pièce inférieure suivante dont les murs sont très bien conservés. Il faut remarquer encore la présence de deux niches en encorbellement dans le mur situé en amont. On peut encore distinguer les départs de deux fenêtres qui donnaient vers le soleil couchant: il s'agissait certainement d'une des plus belles salles du château.
Située à l'extrémité méridionale de l'île, la chapelle Saint-Théodule se dressait autrefois sur la pente entre le château et le bourg. Probablement contemporaine du château et déjà signalée en 1226, elle servait d'église pour les habitants du domaine de Pont. A l'intérieur se trouve encore un retable dont la partie centrale date du début du XVIIIe s., alors que l'encadrement Régence/rococo pourrait dater du milieu du XVIIIe s.
L'édification de la partie centrale du retable est attribuée à Jean Ulrich Gottrau, propriétaire du domaine de Pont-en-Ogoz dès la fin du XVIe s. En effet, une sentence de 1626 lui attribue l'entretien de la chapelle et son patronage et mentionne qu'il avait déjà fait réaliser d'importants travaux pour une somme de 2000 livres. Cette somme devait comprendre entre autres la confection du retable avec ses statues et ses seize tableaux, et la fonte de la cloche datée 1602 portant le nom du donateur et de sa femme Marie Erhart.
Des statues (Objets précieux) occupaient cinq niches cintrées et dans les carrés aujourd'hui vides étaient encastrés seize tableaux. Tous ces éléments ont été enlevés avant 1930, date de l'article de Tobie de Raemy et date approximative de la photo de H. Reiners (ci-dessous). Une photo du début du XXe s. prise par Max de Techtermann les montrait encore in situ.
L'encadrement Régence du retable a dû être commandé vers 1740 par Marie-Ursule et Marie Marguerite von der Weid, dont le nom et les armoiries étaient encore visibles à l'époque où le retable était encore intact. Les deux donatrices étaient les soeurs des cinq propriétaires indivis du domaine de Pont: Jean-Jacques-Joseph, François-Joseph, Jean-Emmanuel, Jean-Pierre et Jean-Antoine von der Weid.
Le bourg, de taille modeste, puisqu'il ne comprenait qu'une trentaine de maisons, se trouvait sur le plateau en contrebas du château. Les maisons occupaient le contour de la presqu'île, en bordure de la falaise, et le centre du plateau. En 1617 déjà, aucune n'était plus habitée. Depuis 1505, le château servait d'ailleurs de carrière, ce qui explique son état actuel.
A Pont, se situait l'un des gués qui permettait de rejoindre les routes romaines courant le long des deux rives de la Sarine. Un poste de vigie y est attesté, probablement à l'emplacement du château médiéval. Le gué fut remplacé par des ponts, au XIIe s. semble-t-il, qui donnèrent son nom à la seigneurie. Un premier pont fut construit sous le lieu-dit Vieux-Châtel, en amont des ruines actuelles. Un second fut établi à l'extrémité de la presqu'île. Situés trop bas sur le cours d'eau, menacés par les crues de la Sarine, ils furent remplacés par un troisième pont, construit 200 m en amont. Mentionné en 1490, quand Fribourg racheta la seigneurie, il était alors en bois. En 1544, il fut reconstruit en pierre. Composé de trois voûtes surbaissées en tuf, le «pont de Tusy» est toujours intact, sous les eaux du lac. Une légende prétend qu'il fut l'oeuvre du diable qui l'aurait bâti en une nuit. Comme prix de son travail, il aurait exigé l'âme du premier vivant qui le traverserait. Le gouverneur du bourg y lâcha à l'aube un rat que poursuivit un chat. Furieux d'avoir été ainsi berné, le diable aurait tenté de le détruire en y lançant une grosse pierre, visible près d'une des piles.
La seigneurie de Pont n'apparaît pas avant le XIIe siècle. Les plus anciennes chartes mentionnant les seigneurs de Pont datent de 1179. Pont-en-Ogoz tomba d'abord sous l'influence des sires de Maggenberg et de la jeune ville de Fribourg fondée en 1157. Puis, elle dépendit, à partir de 1250, de la maison de Savoie, laquelle garda durant deux siècles son emprise sur la seigneurie. La famille, qui s'éteignit à la fin du XVe siècle, donna plusieurs moines à l'abbaye d'Hauterive et quelques chanoines à Lausanne. Suivant la coutume locale, tous ses membres exercèrent en commun leurs droits féodaux. La seigneurie fut ainsi propriété de coseigneurs, ce qui entraîna naturellement son morcellement.
Au XIVe siècle déjà, elle était divisée en de multiples parts. En 1452, par le hasard des successions, la famille de Pont n'y possédait d'ailleurs plus aucun droit. Leur ancienne seigneurie était alors aux mains des familles Mayor de Lutry, de Challant et de Prez. Le 19 novembre 1482, Antoine de Menthon, dont la famille avait réussi à mettre la main sur la plus grande partie du bourg, vendit à Fribourg tous les droits qu'il y possédait. En rachetant année après année les parts restées en d'autres mains, Fribourg fit peu après l'acquisition de toute la seigneurie qui constitua ainsi son premier baillage.
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A Fribourg
Succédant à son père en 1152, Berthold IV devient à son tour duc de Zaehringen et chef de Bourgogne. Mais le mariage de l'empereur Frédéric Barberousse avec Béatrice de Bourgogne, en 1156, le place dans une situation délicate de vassal de l'empereur et suzerain de l'impératrice. Un arrangement lui fait céder la Bourgogne Cisjurane en échange de droits sur Sion, Lausanne et Genève. Pour mettre peut-être de l'ordre dans ses droits anciens et nouveaux, Berthold IV est dans la région en 1157. Il affranchit le monastère d'Hauterive, fondé une vingtaine d'années plus tôt, de toute interdiction de circulation sur ses terres et promet à l'évêque de Lausanne de respecter ses droits. C'est sûrement au cours de ce voyage qu'il fonde une nouvelle ville : Fribourg.
Les archives n'ont conservé aucun document direct de cette décision et de ses motivations que les historiens cherchent du côté d'avantages stratégiques et commerciaux. Pour l'installation de sa ville à la fois nouvelle et libre, d'où son nom, il choisit un emplacement au-dessus de la Sarine, protégée par des falaises et des ravins. Le site relève des seigneurs de Villars et de l'abbaye de Payerne et son intérêt est complété peut-être par quelques chemins et un gué (pont).
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En quelques années, les bâtisseurs édifient une petite ville dont le plan est simple et réserve chaque parcelle à un bourgeois, probablement un petit seigneur de la région, qui y construit une maison. A l'angle nord-ouest de la ville, le donjon est renforcé par des remparts et un fossé qui le sépare du bourg lui-même.
L’avancement de Fribourg est assez fort pour amener rapidement une première extension vers le méandre de la Sarine. A la fin du XII e siècle, le quartier de l'Auge est intégré à la ville et fortifié à son tour.
Arconciel (seigneurie)
Ancienne seigneurie FR, distr. de la Sarine, dite aussi seigneurie d'A.-Illens. Dans un acte de 1082, l'empereur Henri IV concéda à Conon (d'Oltigen) le castrum Arconciacum cum ipsa villa. Le château fort d'A., avec celui d'Illens qui lui appartenait, contrôlait un point de passage important. La seigneurie comprenait, outre A., Farvagny, Sales (auj. comm. Ependes), Treyvaux, Ecuvillens, Magnedens et Corpataux. Un bourg fut construit près du château d'A.: implanté dans un méandre de la Sarine, il comptait deux rangées de maisons (sondages de 1975) et prospéra aux XIIe et XIIIe s. A la mort de Guillaume de Glâne (1143), la seigneurie revint à l'époux d'Emma de Glâne, Rodolphe de Neuchâtel, qui porta le titre de sire d'A. entre 1143 et 1148, comme plus tard son fils Ulrich II (vers 1162-1191).
Il ne faut pas confondre ces sires d'A. avec les ministériaux d'A. (XIIe-XIIIe s.). Après Ulrich III de Neuchâtel-A. (1182-1225), le titre et la seigneurie d'A. passèrent aux d'Aarberg-Valangin. Ulrich IV de Neuchâtel-Aarberg (1226-1276), qui avait prêté hommage pour le fief d'A. à Pierre II de Savoie en 1251, octroya au bourg d'A. une charte de franchises, sur le modèle de Fribourg, en 1271; la ville était censée concurrencer Fribourg, mais elle ne put se développer. Guillaume d'Aarberg-A. (1270-1330) vendit la seigneurie entre 1292 et 1296 à Nicolas d'Englisberg, bourgeois de Fribourg. Elle passa par héritage aux d'Oron en 1342 et de nouveau à un d'Aarberg, Pierre, en 1350. Des guerres incessantes provoquèrent le déclin du bourg et le titre de sire d'A. perdit ainsi toute signification.
En 1377, le château d'A. étant en ruines, la seigneurie fut vendue par Luquette de Gruyère, veuve de Pierre d'Aarberg, à Antoine de la Tour-Châtillon, puis passa par mariage à la famille savoyarde de la Baume; Guillaume de la Baume, chambellan de Charles le Téméraire, entreprit la construction d'un nouveau château à Illens (1455-1475). Lors des guerres de Bourgogne, la seigneurie fut conquise par Berne et Fribourg (1475). Restée aux mains des Confédérés, elle fut attribuée à Fribourg et démembrée en 1484: une partie fut rattachée aux Anciennes Terres (Arconciel, Treyvaux, Ecuvillens), l'autre devint le bailliage fribourgeois d'Illens. Le bourg d'A. et son château servirent dès lors de carrière (pour la ville de Fribourg, pour les églises de Treyvaux en 1620 et d'A. en 1784). On voit encore aujourd'hui sur le site du château des vestiges du fossé, du donjon, d'une tour et de l'ouvrage d'entrée.