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dimanche 9 août 2009

Le bio nourrit bien la polémique

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Une étude britannique remet en cause la supériorité nutritionnelle des produits bio.

Le petit monde de l’agriculture biologique bouillonne. Une étude, publiée dans l’American Journal of Clinical Nutrition, révèle que les qualités nutritionnelles des produits issus de l’agriculture biologique n’ont rien de significativement supérieur à celles des légumes et fruits cultivés de manière conventionnelle. De quoi faire sortir du bois les promoteurs de l’agriculture biologique.

Partant «sans aucun a priori», assurent-ils, les chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medecine ont réalisé une méta-analyse, c’est-à-dire une étude d’études publiées au cours des cinquante dernières années. A partir de 52 471 articles sur le sujet, deux chercheurs ont isolé 162 études, dont 137 sur les cultures et 25 sur les produits d’élevage, qu’ils ont épluchées. «Sur la base d’une critique systématique des études publiées, il n’existe aucune preuve d’une différence de qualité nutritionnelle entre les produits cultivés de manière biologique et ceux cultivés de manière conventionnelle», explique Alan Dangour, l’un des auteurs de l’étude.

«Les seules petites différences observées sont dues aux méthodes de production, mais elles ne sont pas significatives pour la santé.» En effet, sur onze nutriments analysés, certaines des études évoquaient un meilleur contenu en azote dans les cultures conventionnelles mais plus de phosphore et d’acidité dans les cultures bio. Pour le reste des nutriments, aucune différence notable entre les deux familles de produits.

Se limiter aux qualités nutritionnelles d’un chou-fleur ou d’une patate, aussi bio soient-ils, pour considérer leurs avantages, c’est un peu comme s’attarder sur les seins d’une jolie femme pour qualifier son sens de l’humour. En bref, c’est limité. De fait, l’étude britannique ne pipe mot sur les résidus de pesticides que l’on trouve dans l’ensemble de la production conventionnelle et pour lesquels la Commission européenne fixe régulièrement des limites maximales. Elle ne dit rien non plus des différences entre les deux méthodes de production.

L’agriculture biologique se définit comme un mode d’exploitation qui privilégie le respect global de l’environnement et du bien-être animal. Elle favorise donc les pratiques de gestion plutôt que le recours aux intrants extérieurs (pesticides, insecticides, fongicides, engrais azotés, chimie de synthèse…). L’absence d’intrants semble d’ailleurs profiter à l’ensemble d’une chaîne allant de la fertilité à la microbiologie des sols, en passant par la qualité de l’eau, la préservation de la biodiversité…

«C’est très bien qu’il existe un débat mais, chaque année ou presque, on nous ressert la même étude sur les qualités nutritionnelles», s’étonne Mickaël Poillion, secrétaire général adjoint du syndicat Jeunes agriculteurs. En 2003, l’Agence française pour la sécurité sanitaire des aliments (Afssa) concluait, peu ou prou, à la même chose que l’étude britannique.

«Un consommateur bio est intéressé par bien d’autres choses que la qualité des aliments. L’agriculture biologique questionne les modes de consommation dans leur ensemble. Il s’agit de produits attachés à des terroirs, d’exploitants suffisamment nombreux à l’échelle du territoire, soucieux de préserver la vie de leurs sols, la qualité de l’eau…» poursuit Mickaël Poillion. Le mode de production bio respecte l’environnement en général et pas que la santé du corps humain.

«Evidemment qu’il existe tout un tas de raisons pour lesquelles les gens consomment des produits bio, consent Alan Dangour. Mais l’une d’entre elles, le bénéfice éventuel pour la santé, revient souvent. Tout comme l’absence de résidus de pesticides. Ce sera l’objet d’une prochaine étude.» Il existe déjà une littérature scientifique conséquente sur l’impact de l’agriculture biologique sur la qualité des aliments et la relation agriculture-alimentation-santé.

La demande pour les aliments bio est en plein essor. En 2003, selon le baromètre annuel de consommation et de perception des produits biologiques en France, 63 % de la population française ne mangeait jamais, ou moins d’une fois par mois, de produits issus de l’agriculture biologique.

En 2008, 8 % des personnes interrogées en consomment tous les jours, 36 % en consomment régulièrement et 37 % jamais. Toujours selon ce baromètre, 84 % des gens pensent que les produits bio sont meilleurs pour la santé. Si on se limite à leurs seules qualités nutritionnelles, ils auraient donc tort. Mais s’il s’agit de la santé de la planète, de l’avenir de l’agriculture et du tissu socio-économique qu’elle soutient, alors ils ont plutôt raison.
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E.Ph.