Une équipe suisse s’est employée à prouver que les réseaux de distribution quantique de clés étaient fiables, même sur une période de temps longue. De quoi vaincre les dernières réticences.
La cryptographie basée sur la mécanique ondulatoire est déjà entrée dans les mœurs dans un usage de point à point. Pour son utilisation en réseau, c’est loin d’être le cas. Principal obstacle : le manque de données objectives prouvant leur fiabilité sur le long terme. Cet obstacle est en passe d’être levé grâce à une initiative suisse* baptisée SwissQuantum. Il s’agit d’un réseau quantique reliant le CERN, l’université de Genève et l’HEPIA. S’il ne s’agit pas du premier réseau de ce type à être mis en place, plusieurs éléments distinguent ce projet. Premièrement, c’est la première fois qu’une expérience de ce type est menée sur le très long terme. Le réseau a déjà cumulé six mois de fonctionnement, et il est prévu de prolonger le projet pour au moins six mois supplémentaires.
Un système peu utile aux petites entreprises
"Nous avons également voulu assurer une validation du fonctionnement par une institution indépendante", explique à L’Atelier Grégoire Ribordy, directeur d’id Quantique, qui participe au projet. L’évolution du réseau est donc suivie de manière particulièrement transparente. Pour lui, ce type de réseau est réservé à un type d’entreprises bien précis. "D’une part, ça ne peut être utile qu’à des entreprises ayant plus de deux bâtiments à relier entre eux", explique-t-il. Un serveur central de distribution de clé est alors mis en place. Il faut évidemment que l’entreprise soit équipée d’un réseau de fibres optiques, donc qu’elle ait un besoin de bande passante élevé. Ce qui élimine de facto la plupart des petites entreprises.
Un surcoût de 15 à 20%
"Généralement cela concerne les entreprises de plus de 200 employés", précise Grégoire Ribordy. "À condition qu’il y ait un réel besoin de sécurité". Ce qui dépend essentiellement du temps de conservation des données. "L’utilisation de la technologie quantique se justifie si les données sont appelées à être conservées au-delà de 5 à 10 ans", explique-t-il. "Pour des périodes plus courtes, les méthodes de chiffrage traditionnelles sont suffisantes". Une information qu’il convient d’évaluer quand on sait que le cryptage quantique représente un surcoût de 20 à 50 %. "Mais plus le nombre d’unités à relier est élevé, moins ce surcoût est important", conclut l’entrepreneur Suisse.
* Le projet rassemble l’Université de Genève, la Haute Ecole Spécialisée de Suisse Occidentale et l’entreprise id Quantique.
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Egger Ph.