On le surnomme « Dr Flu » (Docteur Grippe), le professeur Albert Osterhaus est le principal conseiller de l’Organisation mondiale de la Santé face à la pandémie de grippe H1N1. Depuis plusieurs années, il prédit l’imminence d’une pandémie globale et ce qui se passe aujourd’hui semble lui donner raison.
Cependant, le scandale qui a éclaté aux Pays-Bas et fait l’objet d’un débat au Parlement a mis en évidence ses liens personnels avec les laboratoires fabriquant les vaccins qu’il fait prescrire par l’OMS.
F. William Engdhal relate comment un expert peu scrupuleux a pu manipuler l’opinion publique internationale, surévaluer l’impact de la grippe H1N1, et faire la fortune des laboratoires qui l’emploient.
Le professeur Albert Osterhaus
Dans le courant de cette année, le Parlement néerlandais nourrissait des soupçons à l’encontre du fameux Dr Osterhaus et avait ouvert une enquête pour conflit d’intérêts et malversations. Hors des Pays-Bas et des médias néerlandais, seules quelques lignes dans la très respectée revue britannique Science firent mention de l’enquête sensationnelle sur les affaires d’Osterhaus.
Ni les références, ni l’expertise d’Osterhaus dans son domaine n’étaient remises en question. Ce qui est mis en cause, comme nous l’apprend la revue Science dans une simple dépêche, c’est l’indépendance de son jugement personnel en matière de pandémie de grippe A. Science publiait ces quelques lignes à propos d’Osterhaus dans son édition du 16 octobre 2009 :
« Aux Pays-Bas, ces six derniers mois, il était difficile d’allumer sa télévision sans voir apparaître le célèbre chasseur de virus Albert Osterhaus et l’entendre parler de la pandémie de grippe A. Du moins, c’est ce que l’on croyait. Monsieur Grippe, c’était Osterhaus, le directeur d’un laboratoire de réputation internationale au sein du Centre médical de l’Université Érasme de Rotterdam. Mais, la semaine dernière, sa réputation est descendue en flamme après que des soupçons ont été émis sur sa velléité d’attiser les craintes d’une pandémie dans le but de servir les intérêts de son propre laboratoire dans la mise au point de nouveaux vaccins. Au moment où Science mettait sous presse, la Deuxième Chambre du Parlement néerlandais annonçait même que la question serait débattue en urgence. »
Le 3 novembre 2009, sans pour autant en sortir indemne, Osterhaus avait su éviter les dégâts. Sur le site de Science, on pouvait lire dans l’un des blogs : « La Deuxième Chambre du Parlement néerlandais a aujourd’hui rejeté une motion exigeant que le gouvernement rompe tout lien avec le virologiste Albert Osterhaus du Centre médical de l’Université Erasmus de Rotterdam, qui fait l’objet d’une mise en accusation pour conflit d’intérêts en tant que conseiller gouvernemental. De son côté, le Ministre de la Santé Ab Klink annonçait dans le même temps une loi pour la transparence du financement de la recherche, contraignant les scientifiques à révéler les liens financiers qu’ils entretiennent avec des entreprises privées. »
Dans un communiqué sur le site Internet du Ministère de la Santé, M. Klink, dont on sait qu’il compte parmi les amis personnels d’Osterhaus, affirmait par la suite que ce dernier n’était qu’un conseiller du Ministère parmi de nombreux autres sur les questions des vaccins contre la grippe A H1N1. Il s’est aussi dit « au courant » des intérêts financiers d’Osterhaus: ils ne cachent rien d’extraordinaire, simplement le progrès de la science et de la santé publique. Du moins, c’est ce qu’on croyait.
Un examen plus poussé du dossier Osterhaus laisse entrevoir que ce virologiste néerlandais à la renommée internationale pourrait se trouver au centre d’une anarque mettant en jeu plusieurs milliards d’euros autour de l’idée d’une pandémie. Un système frauduleux dans lequel des vaccins non-testés sont injectés à des humains, au risque —cela c’est déjà produit— de provoquer de sévères séquelles, de graves paralysies, voire des décès.
La supercherie des fèces d’oiseau
Albert Osterhaus n’est pas du menu fretin. Il a joué un rôle dans toutes les grandes paniques suscitées par l’apparition de virus, depuis les mystérieux décès imputés au SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère) à Hong-Kong, là où l’actuelle Directrice générale de l’OMS Margaret Chan avait lancé sa carrière de responsable de la Santé Publique au niveau local. D’après sa biographie officielle à la Commission Européenne, en avril 2003, au paroxysme de la panique provoquée par le SRAS, Osterhaus fut engagé pour participer aux enquêtes sur les cas d’infections respiratoires qui se multipliaient alors à Hong Kong. On peut lire ces mots dans le rapport de l’Union Européenne : « il démontra à nouveau son talent à réagir rapidement à de graves situations. En trois semaines, il a prouvé que cette maladie est provoquée par un coronavirus récemment découvert qui contamine les civettes, les chauves-souris et d’autres animaux carnivores. »
Par la suite, quand les cas de SRAS ne firent plus parler d’eux, Osterhaus passa à autre chose, œuvrant cette fois pour la médiatisation des dangers de ce qu’il nommait la grippe aviaire H5N1. En 1997 il avait déjà sonné l’alarme après la mort, à Hong Kong, d’un enfant de trois ans qu’Osterhaus savait avoir été en contact avec des oiseaux. Osterhaus développa son lobbying à travers les Pays-Bas et l’Europe, affirmant qu’une nouvelle mutation létale de la grippe aviaire s’était transmise aux humains et que des mesures drastiques devaient être prises. Il revendiquait être le premier scientifique au monde à avoir montré que le virus H5N1 pouvait contaminer des humains.
Evoquant la dangerosité de la grippe aviaire dans une interview diffusée sur la BBC en octobre 2005, Osterhaus déclarait : « si le virus réussissait effectivement à muter de telle sorte qu’il se transmette ensuite entre humains, alors nous serions dans une situation complètement différente : nous pourrions nous trouver devant un début de pandémie. » .Il ajoutait : « il y a un vrai risque que le virus soit disséminé par les oiseaux dans toute l’Europe. C’est un risque réel que personne n’a pourtant pu évaluer jusqu’à présent, parce que nous n’avons pas mené les expérimentations. » Le virus n’a jamais réussi sa mutation, mais Osterhaus était prêt à « mener des expérimentations » que l’on peut imaginer largement rétribuées.
Pour appuyer son alarmant scénario de pandémie en tentant de lui donner une légitimité scientifique, Osterhaus et ses assistants en poste à Rotterdam commencèrent à collecter et congeler des échantillons de fèces d’oiseaux. Il affirma que, selon les périodes de l’année, jusqu’à 30 % de tous les oiseaux d’Europe s’avéraient transporter le virus mortel de la grippe aviaire H5N1. Il affirma également que les éleveurs en contact avec des poules et des poulets se trouvaient alors exposés au dit virus. Osterhaus briefa les journalistes qui prirent bonne note de son message alarmiste. La classe politique fut mise en alerte. Dans la presse, il émit l’hypothèse selon laquelle le virus, qu’il étiquetait H5N1, après avoir provoqué plusieurs décès aux antipodes asiatiques, allait se propager en Europe, vraisemblablement transporté sur les plumes ou dans les entrailles d’oiseaux mortellement infectés. Il soutenait la thèse d’oiseaux migrateurs capables d’apporter le nouveau virus mortel vers l’ouest aussi loin qu’en Ukraine et sur l’île de Rügen. Il lui suffit pour cela de feindre d’ignorer que les oiseaux ne migrent pas d’est en ouest mais bien du nord vers le sud.
La campagne alarmiste d’Osterhaus autour de la grippe aviaire décolla réellement en 2003, lorsqu’un vétérinaire néerlandais trouva la mort après avoir été malade. Osterhaus annonça que sa mort résultait d’une contamination par le virus H5N1. Il convainquit le Parlement néerlandais d’exiger l’abattage de millions de poulets. Pourtant, aucune autre personne ne succomba à une infection similaire à celle attribuée au H5N1. Pour Osterhaus, cela démontrait l’efficacité de la campagne d’abattage préventif.
Pour Osterhaus, les déjections aviaires propageaient le virus en retombant sur les populations et les autres oiseaux au sol. Il était ferme dans sa conviction que ces déjections constituaient le vecteur de propagation de la nouvelle poussée mortelle du virus H5N1 depuis l’Asie.
Un problème se posait cependant avec le stock grandissant d’échantillons congelés des déjections aviaires que lui et ses associés avaient rassemblés et conservés dans son institut. La présence du virus H5N1 ne put être confirmée dans un seul de ces échantillons. En 2006, à l’occasion du congrès de l’OIE (Office international des épizooties, désormais appelé Organisation mondiale de la santé animale), Osterhaus et ses collègues à l’Université Érasme furent forcés d’admettre qu’en testant les 100 000 échantillons de matières fécales rassemblés avec tant de précaution, ils n’avaient découvert aucune trace du virus H5N1.
En 2008, à Vérone, lors de la conférence de l’OMS intitulée « La grippe aviaire à l’interface Homme-Animal », Osterhaus prenait la parole devant ses collègues scientifiques, sans doute moins échauffés que le public non-scientifique par ses incitations à l’émotivité. Il admettait que : « dans l’état actuel des connaissances, rien ne permet[tait] de formuler une mise en garde contre le virus H5N1, ni d’affirmer qu’il puisse provoquer une pandémie. » Mais, à ce moment-là, son regard se portait déjà fixement sur d’autres gâchettes à actionner pour faire converger son travail sur les vaccins avec de nouvelles possibilités de crise pandémique.
.
En 1923, Louis Jouvet met en scène "Knock ou le triomphe de la médecine" de Jules Romain. Un médecin peu scrupuleux s’installe dans une petite ville et parvient à en convaincre les habitants qu’ils sont tous malades. Il leur prescrit des traitements inutiles, coûteux, et parfois dangereux. La pièce est portée à l’écran en 1933. L’escroc y dit la célèbre réplique : « Les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent. »
.
Grippe A et corruption à l’OMS
Constatant que la grippe aviaire n’avait fait surgir aucune vague meurtrière de grande ampleur —et après que Roche, qui produit le Tamiflu, et GlaxoSmithKline, qui produit le Relenza, eurent encaissé des milliards de dollars de profits quand les gouvernement ont décidé de stocker des vaccins antiviraux contestés—, Osterhaus et les autres conseillers pour l’OMS se tournèrent vers de plus verts pâturages.
En avril 2009, leurs recherches semblaient couronnées de succès lorsqu’à La Gloria, un petit village mexicain de l’État du Veracruz, un enfant malade fut diagnostiqué comme porteur de la grippe alors dite « porcine » ou H1N1. Avec un empressement déplacé, l’appareil propagandiste de l’Organisation mondiale de la Santé à Genève fut lancé sur les chapeaux de roues avec les déclarations de son Directeur Général, le Docteur Margaret Chan, concernant l’éventuelle menace d’une pandémie mondiale.
Mme Chan évoqua « l’urgence de santé publique d’envergure internationale » Par la suite, d’autres cas déclarés à La Gloria furent présentés sur un site Internet médical comme : une « étrange » poussée d’infections pulmonaires et respiratoires aiguës, qui évoluent en broncho-pneumonie dans certains cas rencontrés chez des enfants. Un habitant du village en décrivait les symptômes : « fièvres, toux sévères et sécrétions nasales très importantes »
Ces symptômes prennent par contre tout leur sens dans le contexte environnemental de La Gloria, une des zones au monde qui concentrent le plus grand nombre de porcs en élevage intensif, dont les exploitations sont principalement détenues par l’américain Smithfield. Depuis des mois, la population locale manifestait devant le siège mexicain du groupe Smithfield, se plaignant de graves affections respiratoires dues aux lisiers de porc. Cette cause plausible pour les diverses maladies diagnostiquées à La Gloria ne sembla intéresser ni Osterhaus ni les autres conseillers de l’OMS. Enfin se profilait la pandémie tant attendue, celle qu’il avait prédite dès 2003, lors de sa participation aux recherches sur le SRAS dans la province de Guandgong en Chine.
Le 11 juin 2009, Margaret Chan annonçait que la propagation du virus de la grippe H1N1 avait atteint le niveau 6 de l’« urgence pandémique ». Curieusement, elle précisait lors de cette annonce que « selon les informations disponibles à ce jour, une majorité écrasante de patients ressentent des symptômes bénins ; leur rétablissement est rapide et complet, le plus souvent en ne recourant à aucun traitement médical. » Avant d’ajouter : « Au niveau mondial, le nombre de décès est peu important, nous ne nous attendons pas à voir une poussée soudaine et spectaculaire du nombre des infections graves ou mortelles. »
On apprenait plus tard que Chan avait agi à la suite de débats fiévreux à l’OMS, sur les conseils du Groupe stratégique consultatif d’experts de l’OMS (SAGE, Strategic Advisory Group of Experts). L’un des membres du SAGE, à l’époque et encore aujourd’hui, est notre « Monsieur Grippe », le docteur Albert Osterhaus.
Osterhaus occupait non seulement une position stratégique pour recommander à l’OMS de déclarer l’« urgence pandémique » et inciter à la panique, mais il était aussi le président d’une organisation en première ligne sur le sujet, le Groupe de travail scientifique européen sur la grippe (ESWI, European Scientific Working group on Influenza), qui se définit comme un « groupe multidisciplinaire de leaders d’opinion sur la grippe, dont le but est de lutter contre les répercussions d’une épidémie ou d’une pandémie grippales » Comme ses membres l’expliquent eux-mêmes, l’ESWI mené par Osterhaus est le pivot central « entre l’OMS à Genève, l’Institut Robert Koch à Berlin et l’Université du Connecticut aux États-Unis. »
Le plus significatif au sujet de l’ESWI est que son travail est entièrement financé par les mêmes laboratoires pharmaceutiques qui gagnent des milliards grâce à l’urgence pandémique, tandis que les annonces faites par l’OMS obligent les gouvernements du monde entier à acheter et stocker des vaccins. L’ESWI reçoit des financements des fabricants et des distributeurs de vaccins contre le H1N1, tels que Baxter Vaccins, MedImmune, GlaxoSmithKline, Sanofi Pasteur et d’autres, dont Novartis, qui produit le vaccin et le distributeur du Tamiflu, Hofmann-La Roche.
Pour garder l’avantage, Albert Osterhaus, le plus grand virologiste mondial, conseiller officiel sur le virus H1N1 des gouvernements britannique et néerlandais et chef du Département de Virologie du Centre médical de l’Université Érasme, siégeait à la fois parmi l’élite de l’OMS réunie dans le groupe SAGE et présidait l’ESWI, parrainé par l’industrie pharmaceutique. À son tour, l’ESWI recommanda des mesures extraordinaires pour vacciner le monde entier, considérant comme élevé le risque d’une nouvelle pandémie qui, disait-on avec insistance, pourrait être comparable à l’effrayante pandémie de grippe espagnole de 1918.
La banque JP Morgan, présente à Wall Street, estimait que, principalement grâce à l’alerte pandémique lancée par l’OMS, les grands industriels pharmaceutiques, qui financent également le travail de l’ESWI d’Osterhaus, étaient prêts à engranger 7,5 à 10 milliards de dollars de bénéfices.
Le docteur Frederick Hayden est à la fois membre du SAGE à l’OMS et du Wellcome Trust à Londres ; il compte notamment parmi les proches amis d’Osterhaus. Au titre de services « consultatifs », Hayden reçoit par ailleurs des fonds de la part de Roche et de GlaxoSmithKline parmi d’autres géants pharmaceutiques engagés dans la production de produits liés à la crise du H1N1.
Un autre scientifique britannique, le professeur David Salisbury, qui dépend du ministère britannique de la Santé, est à la tête du SAGE à l’OMS. Il dirige également le Groupe consultatif sur le H1N1 à l’OMS. Salisbury est un fervent défenseur de l’industrie pharmaceutique. Au Royaume-Uni, le groupe de défense de la santé One Click l’a accusé de dissimuler la corrélation avérée entre les vaccins et la montée en flèche de l’autisme chez l’enfant, ainsi que celle existant entre le vaccin Gardasil et des cas de paralysie et même de décès.
Le 28 septembre 2009, le même Salisbury déclarait : « la communauté scientifique s’accorde sur l’absence totale de risque concernant l’inoculation du Thimérosal (ou Thiomersal). » Ce vaccin, utilisé contre le H1N1 en Grande-Bretagne, est principalement produit par GlaxoSmithKlilne. Il contient du Thimérosal, un conservateur à base de mercure. En 1999, de plus en plus de preuves faisant état que le Thimérosal présent dans les vaccins pourrait être la cause de cas d’autisme chez l’enfant aux États-Unis, l’American Academy of Pediatrics (Académie américaine de pédiatrie) et le Public Health Service (Bureau de la santé publique) avaient exigé son retrait de la composition des vaccins.
On trouve encore un autre membre de l’OMS partageant d’étroits liens financiers avec les fabricants de vaccins qui profitent des recommandations du SAGE, en la personne du docteur Arnold Monto, un consultant rémunéré par les fabricants de vaccins MedImmune, Glaxo et ViroPharma.
Pire encore, participent aux réunions de scientifiques « indépendants » du SAGE, des « observateurs » comprenant, et oui, les mêmes producteurs de vaccins GlaxoSmithKline, Novartis, Baxter et consort. On peut se demander, si les meilleurs experts de la grippe au monde sont censés composer le SAGE, pourquoi invitent-ils les fabricants de vaccins à y participer ?
Au cours de la dernière décennie, l’OMS mettait en place ce que l’on nomme des « partenariats public/privé », dans le but d’accroître les fonds à sa disposition. Mais, plutôt que de recevoir des fonds provenant uniquement des gouvernements des pays membres de l’ONU, comme cela était prévu à l’origine, l’OMS reçoit à l’heure actuelle de la part des entreprises privées près du double du budget habituellement alloué par l’ONU sous forme de bourses et d’aides financières. De quelles entreprises privées ? Des mêmes fabricants de vaccins et de médicaments qui profitent des décisions officielles telles que celle prise en juin 2009 à propos de l’urgence pandémique de la grippe H1N1. Tout comme les bienfaiteurs de l’OMS, les grands laboratoires ont tout naturellement leurs entrées à Genève, et ont droit à un traitement fait de « portes ouvertes et de tapis rouges » .
Dans une interview donnée au magazine allemand Der Spiegel, un membre de la Cochrane Collaboration, une organisation de scientifiques indépendants qui évaluent toutes les études menées sur la grippe, l’épidémiologiste Tom Jefferson montrait les conséquences de la privatisation de l’OMS et la marchandisation de la santé.
« T. Jefferson : […] l’une des caractéristiques les plus ahurissantes de cette grippe, et de tout le roman-feuilleton qui en a découlé, est que, année après année, des gens émettent des prévisions de plus en plus pessimistes. Jusqu’à présent, aucune ne s’est jamais réalisée et ces personnes sont toujours là à répéter leurs prédictions. Par exemple, qu’est-il arrivé avec la grippe aviaire qui était censée tous nous tuer ? Rien. Mais, ce n’est pas cela qui arrête ces gens de faire leurs prédictions. Parfois, on a le sentiment que c’est toute une industrie qui se prête à espérer une pandémie.
Der Spiegel : De qui parlez-vous ? De l’OMS ?
T. J : L’OMS et les responsables de la santé publique, les virologistes et les laboratoires pharmaceutiques. Ils ont construit tout un système autour de l’imminence de la pandémie. Beaucoup d’argent est en jeu, ainsi que des réseaux d’influence, des carrières et des institutions tout entières ! Et il a suffit qu’un des virus de la grippe mute pour voir toute la machine se mettre en branle. »
Lorsqu’on lui a demandé si l’OMS avait délibérément déclaré l’urgence pandémique dans le but de créer un immense marché pour les vaccins et les médicaments contre le H1N1, Jefferson a répondu :
« Ne trouvez-vous pas frappant que l’OMS ait modifié sa définition de la pandémie ? L’ancienne définition parlait d’un virus nouveau, à propagation rapide, pour lequel l’immunité n’existe pas, et qui entraîne un taux élevé de malades et de décès. Aujourd’hui, ces deux derniers points sur les taux d’infection ont été supprimés, et c’est ainsi que la grippe A est entrée dans la catégorie des pandémies. »
Très judicieusement, l’OMS publiait en avril 2009 la nouvelle définition de la pandémie, juste à temps pour permettre à l’OMS, sur les conseils émanant, entre autres, du SAGE, de « Monsieur Grippe », alias Albert Osterhaus, et de David Salisbury, de qualifier d’urgence pandémique des cas bénins de grippe, rebaptisée grippe A H1N1.
Le 8 décembre 2009, dans la note en bas de page pertinente d’un article sur la gravité ou la bénignité de la « pandémie mondiale » du H1N1, le Washington Post mentionnait que : « la deuxième vague d’infection du H1N1 étant parvenue à son apogée aux États-Unis, les principaux épidémiologistes prévoient que la pandémie pourrait compter parmi les plus bénignes depuis que la médecine moderne documente les épidémies de grippe. »
Igor Barinov, parlementaire russe et président du Comité pour la Santé à la Douma, a exigé des représentants russes à l’OMS en poste à Genève qu’ils diligentent une enquête officielle sur les indices multiples de la corruption massive acceptée par l’OMS et menée par l’industrie pharmaceutique. « De graves accusations de corruption sont prononcées à l’encontre de l’OMS », affirmait Barinov. « Une commission internationale d’enquête doit s’organiser au plus vite. »
.
F. William Engdahl
Journaliste
il a publié de nombreux ouvrages consacrés aux questions énergétiques
et géopolitiques