Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

vendredi 15 janvier 2010

Le grand bluff de Google

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L’annonce fracassante de Google, dont des secrets industriels auraient été volés par des hackers chinois, fait énormément de bruit aujourd’hui, et relance l’arlésienne de l’espionnage économique venu de Chine.

En réalité, très peu de détails ont été révélés sur cette attaque : Google parle d’une part d’une intrusion qui aurait également affecté d’autres entreprises, puis dans un deuxième temps, mentionne des vols de comptes d’opposants au gouvernement chinois par phishing ou par malware. Ce mélange de modes opératoires très différents rend difficile d’estimer la réalité et l’ampleur de ces attaques.

Aucun moyen donc d’analyser sérieusement cette annonce sous l’angle de la sécurité. Le mystère restera entier à moins que la firme dévoile davantage d’informations. Par contre, il nous semble opportun de replacer cette annonce dans son contexte : elle arrive en effet à point nommé pour Google, dont les récentes déclarations de son PDG à propos du respect de la vie privée des internautes avaient provoqué un tollé. La position de Google sur la Chine a toujours été compliquée : d’un côté, la firme a toujours refusé de collaborer avec le gouvernement chinois en fournissant les adresses IP des dissidents qui utilisent son réseau — bien qu’en certaines occasions et dans d’autres pays, elle ait pu s’adonner à ce genre de pratiques (lien, lien) ; et de l’autre côté, le moteur de recherche Google.cn a toujours répondu présent face aux demandes pressentes du gouvernement chinois pour censurer certains sites web, pour leur caractère pornographique ou politiquement incorrect.

Il faut donc lire cette annonce comme une occasion pour Google d’endosser de nouveau un rôle de chevalier blanc, largement émoussé avec les années : Google, qui avait bâti sa réputation sympathique sur la voie alternative qu’il proposait face à l’acteur dominant Microsoft, a bien changé et désormais agace, assumant un rôle de Goliath, attaqué de toutes parts pour son arrogance et ses positions dominantes. La firme joue donc probablement un gros coup de bluff : qui imaginerait que le gouvernement chinois autoriserait Google à sortir de sa politique de censure du web ? Qui croirait un instant que Google tournerait définitivement le dos à un marché de plus de 300 millions d’internautes, le plus grand marché au monde ? Et quel poids possède Google dans les négociations, écrasé par Baidu qui totalise 77% des parts du marché de la recherche Internet en Chine ?
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Pierre Caron