Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

jeudi 24 juin 2010

LES RAMBOS SUISSES PRIS EN OTAGE PAR LA POLITIQUE SUISSE

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L'UDC menace de demander une session parlementaire extraordinaire sur la crise libyenne. Elle estime que le Conseil fédéral a planifié une opération militaire à Tripoli dangereuse pour la sécurité de la Suisse. Les plans du Conseil fédéral impliquaient une intervention du détachement de reconnaissance de l'armée (DRA-10) à Tripoli. La première mesure qui s'impose, selon l'UDC, est de dissoudre ce corps professionnel de l'armée qui «menace la neutralité et l'intégrité de la Suisse».

Le DRA-10 n'a pas besoin de quitter le territoire suisse pour mener une vie mouvementée. Il est à peine né que l'UDC veut déjà le dissoudre à cause du rôle qu'il aurait pu jouer dans le projet d'exfiltration des deux otages suisses retenus en Libye. «Aurait»: le conditionnel colle à la peau de cette unité spéciale, composée de soldats professionnels entraînés et équipés pour intervenir en situation de crise et qui vit plus dans la projection et l'expectative que dans l'action. Ses missions sont tenues secrètes, mais on lui connaît deux engagements concrets en trois ans d'existence: le premier a eu lieu en Iran pour protéger l'ambassade, le second au Kosovo où une dizaine de soldats du DRA-10 sont actuellement «prêtés» à la Swisscoy.

Discrète naissance

Le DRA-10 est un enfant de la réforme Armée 21. L'UDC, les Verts et une minorité du PS y étaient opposés, certes pour des raisons différentes, mais ils ont perdu la partie. A l'époque, le débat politique n'avait guère franchi le tourniquet du Palais fédéral. La marmite présentée par Samuel Schmid était déjà suffisamment pleine et bouillonnante sans y ajouter un changement relativement mineur par rapport au chantier qui s'annonçait.C'est lorsque cette unité s'est retrouvée prête à l'engagement, en août 2007, que les ennuis ont vraiment commencé. L'effectif prévu de 90 soldats a fondu, s'arrêtant à une quarantaine de personnes «pour des raisons financières», justifie le Département fédéral de la défense (DDPS).

Et Maurer est arrivé

L'arrivée d'Ueli Maurer à la tête du département en janvier 2009 n'a de loin pas amélioré la situation. L'ancien président de l'UDC suisse n'a jamais caché son aversion pour les missions de soldats suisses à l'étranger. A peine assis dans son fauteuil de conseiller fédéral, il s'est retrouvé confronté au premier engagement d'importance du DRA-10: la mission Atalante. Son sort a été scellé en automne dernier par le parlement. Malgré un lobbying intense des services de la ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey, le DRA-10 n'ira jamais au large de la Somalie pour protéger les navires marchands de la piraterie. Le couperet tombé, le conseiller national Jo Lang (Verts/ZG), du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA), a immédiatement annoncé son intention de déposer une motion demandant la dissolution du DRA-10. Ce sera chose faite lundi prochain alors que se réunit la Commission de sécurité dont il est membre. «Le chef de l'armée avait lui-même dit que si la Suisse ne participait pas à Atalante, on devait se reposer la question de l'existence du DRA-10», rappelle Jo Lang.L'affaire libyenne incite le conseiller national à aller de l'avant avec sa motion. «J'ai eu d'autres priorités depuis, mais quand je vois ce qu'on s'apprêtait à faire à Tripoli, je trouve que cet instrument à disposition du Conseil fédéral est non seulement absurde mais également dangereux. Une telle intervention aurait pu mettre en danger les soldats, les otages et la Suisse. A-t-on imaginé la réaction de Kadhafi si cette opération avait eu lieu?»

Branle-bas de combat

Les politiciens n'auront peut-être pas à s'écharper longtemps sur le sort du DRA-10. A l'interne aussi, ses spécificités sont en passe d'être diluées au nom des synergies et des économies. Le 22 avril dernier, le Département fédéral de la défense a communiqué la décision d'Ueli Maurer de regrouper toutes les forces des opérations spéciales sous un commandement unique. Le DRA-10 est concerné mais également les grenadiers, les parachutistes et des éléments des Services spéciaux et de la sécurité militaire, soit 225 personnes actuellement déployées dans ces différentes unités.«Nous ne savons pas encore quel sera l'effectif de la nouvelle structure car on attend les conclusions du rapport sur l'armée», indique Christoph Brunner, porte-parole de l'armée, qui précise qu'il ne s'agit là que d'une question d'organisation et pas de mission. Raison pour laquelle Ueli Maurer a pris seul la décision et que le Conseil fédéral ne s'est pas prononcé sur ce regroupement!

MAGALIE GOUMAZ