Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

vendredi 30 juillet 2010

Il trône toujours sur nos monts

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Certes, il n'est devenu définitivement hymne national qu'en 1981 et il ne fait toujours pas l'unanimité. Le Cantique suisse de 1841 résiste pourtant à tout, y compris aux tentatives de réécriture. Et il demeure, plus que jamais, indéracinable...

Le Cantique suisse de 1841 («Sur nos monts quand le soleil...»), qui n'est devenu définitivement hymne national qu'en 1981, a détrôné aisément son prédécesseur («O monts indépendants...») et, malgré l'absence d'unanimité, résiste à toutes les tentatives d'abandon ou de réécriture. Pour le Conseil fédéral, c'est peut-être la démonstration qu'on n'a pas réussi à faire mieux.Curieuse destinée que celle de ce Cantique suisse. La musique est d'abord un chant liturgique du prêtre-compositeur uranais Alberik Zwissig, adaptée en 1841 aux paroles que lui proposait son ami éditeur zurichois Leonhard Widmer. Succès immédiat: chanté coup sur coup, en 1843, pour l'anniversaire de l'entrée de Zurich dans la Confédération et à la Fête fédérale de chant, il est traduit en français et en italien pour entrer dans tous les répertoires de choeurs d'hommes du pays.

La petite touche british

Pourtant, durant plus d'un siècle, le Conseil fédéral rejette toutes les demandes de l'élever au rang d'hymne national. Ce n'est pas à lui de l'imposer partout, mais au peuple de chanter ce qu'il souhaite, dit-il en substance. En outre, l'habitude a été prise de jouer, aux cérémonies politiques et militaires, un air tout aussi populaire, «O monts indépendants...», chanté sur la mélodie de l'hymne national anglais «God Save the King» - ou «Queen», c'est selon.

Situation embarrassante

Mais, au XXe siècle, les occasions se multiplient où les deux hymnes, suisse et britannique doivent être joués successivement. Situation forcément embarrassante.Le Conseil fédéral propose donc, en 1961, de prendre le Cantique suisse comme «hymne national provisoire». Les cantons se prononcent dans le désordre: douze pour, six contre, sept pour la prolongation de l'essai. Propositions et concours se succèdent, sans résultat clair et convaincant. Comme le Cantique est toujours en tête dans les consultations, le Conseil fédéral le choisit à titre définitif en 1981. Un chant «purement suisse, digne et solennel, comme le souhaite une grande partie des Confédérés», s'enthousiasme-t-il. Toutefois, les mécontents ne désarment pas. Avec, notamment, la curieuse tentative, en 1985, du nationaliste zurichois Fritz Meier de remplacer le Cantique par un air composé par un Romand, comme «Roulez tambours...» de Frédéric Amiel.Plus sérieusement, c'est la radicale argovienne Margret Kiener-Nellen qui, à deux reprises (2004 et 2008), propose surtout de revoir le texte de l'hymne suisse à la lumière des changements intervenus depuis 1841. Elle s'en prend au langage «emphatique du Cantique», à son «nationalisme dépassé», au lien entre Dieu et Nation. Mais ses motions sont «oubliées» jusqu'à leur échéance, puis liquidées.

Le succès d'Ada Marra

Aujourd'hui, la tendance est inverse. L'UDC demande qu'on joue l'hymne national à chaque occasion aux Chambres fédérales, sur fonds de drapeaux suisses. Le premier succès dans ce sens revient pourtant à une socialiste, la Vaudoise Ada Marra, qui souhaite que l'hymne national soit joué (les députés peuvent chanter avec) au début de chaque législature, pour l'assermentation des nouveaux élus. Sa motion a été approuvée par le Conseil national.

François NUSSBAUM