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Solar Impulse a réussi son incroyable pari. Il a volé jusqu'au bout de la nuit et signe là une première mondiale. L'avion solaire, initié par Bertrand Piccard, est resté durant 26 heures dans les airs, sans aucun carburant. Le pilote André Borschberg a posé l'appareil sur le tarmac de l'aérodrome de Payerne où la foule l'attendait pour célébrer ce moment qui rentrera dans les livres d'Histoire. Un exploit humain retentissant et qui est aussi une vitrine des avancées technologiques en matière d'énergies vertes.
Historique, incroyable, superbe: les superlatifs pleuvent depuis que Solar Impulse, l'avion solaire initié par Bertrand Piccard, a réussi son pari. Pour la première fois, un aéronef propulsé à l'énergie solaire a volé un jour et une nuit d'affilée sans carburant. Il s'est posé sur le tarmac de l'aérodrome de Payerne, hier à 9 heures après un vol de 26 heures. Un exploit humain et technologique retentissant.«C'est un exploit incroyable», résume à chaud Markus Gnägi, président du Groupe de vol à voile Fribourg. Le pilote de planeurs était aux premières loges hier matin pour assister à l'atterrissage du prototype HB-SIA piloté par André Borschberg (voir ci-dessous). «Sur le plan humain, la performance est vertigineuse. Voler durant 26 heures n'est pas à la portée de tout le monde... Tous les vélivolistes le diront», poursuit Markus Gnägi. Qui relève la beauté de l'avion solaire: son envergure, sa fragilité et sa technologie renversante. «Un projet comme Solar Impulse est très important pour le développement des énergies vertes. Même si les applications commerciales n'arrivent que dans plusieurs dizaines d'années, il faut des pionniers.»
Des maneouvres difficiles
«L'envergure de l'appareil doit demander des efforts incommensurable s au pilote», indique pour sa part Jacky Lebreau, instructeur de vol au Groupe vaudois de vol à voile de Montricher, un des plus importants de Suisse. «Le pilote André Borschberg est venu s'entraîner dans notre club sur des planeurs de plus de 26 mètres d'envergure. Solar Impulse est presque deux fois plus grand et le fait de voler aussi longtemps est exceptionnel. Les dernières heures ont dû être longues», ajoute Jacky Lebreau. Et de préciser que plus les ailes sont longues, plus la manuvre est difficile, notamment à cause du «lacet inverse», une force contraire au sens du virage.«Toute la communauté des pilotes de planeurs suit de très près l'épopée. Ce qui a été accompli hier est très encourageant. Avant j'étais sceptique quant au tour du monde prévu pour 2013... Mais là ils ont une chance d'y arriver: le point clé est de passer la nuit et de retrouver la lumière du jour», précise encore l'instructeur.
Un monstre de technique
Pour Philippe Progin, pilote de vol à voile gruérien et plusieurs fois vice-champion suisse, tenir aussi longtemps dans une petite cabine n'est pas chose aisée: «J'ai volé pendant 15 heures en Patagonie. Je peux vous dire qu'on est très content de descendre et de se reposer.» Une performance d'autant plus remarquable que Solar Impulse demande une attention constante.Le talon d'Achille des énergies solaires est depuis toujours le stockage dans des batteries lourdes. «Sur ce point, Solar Impulse est un monstre de technologie», affirme André Gachet, instructeur de vol professionnel à la Société d'aviation de la Gruyère. «En revanche, je ne crois pas aux «vols utiles». L'évolution des batteries est très très lente», ajoute André Gachet, qui attend de voir des applications concrètes avant de crier victoire. «Si cet engin parvient à faire évoluer le stockage d'énergie, alors c'est extraordinaire. Cela donnerait un grand coup de pouce au développement des énergies propres. Mais il faut prendre également en considération le prix que tout cela coûte. La relation entre le poids de l'avion et son rendement énergétique.»
OLIVIER WYSER