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dimanche 8 août 2010

Derrière la pastèque sans pépins, des apprentis sorciers ?

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Depuis juin, une campagne de publicité vante en France ce fruit « révolutionnaire ». De quoi se demander si les cerises sans noyau ou les poissons sans arêtes vont suivre… Les producteurs, eux, jurent que leur méthode est naturelle.

Vous êtes peut-être tombés nez à nez avec l'affiche. Dans le métro parisien, le tramway lillois ou lyonnais, des 4x3 vantent les mérites d'une pastèque sans pépins développée par Anecoop.

En une seconde, vous imaginez des hommes en blouse blanche dans leurs labos, une pipette à la main, votre pastèque dans l'autre. Et au fond de votre esprit germe un mot terrifiant : « OGM ».

« Aucune manipulation génétique » assure Anecoop

Et pourtant. La pastèque sans pépin n'a strictement rien à voir avec la patate Amflora autorisée depuis peu à la culture dans l'Union européenne. Pour obtenir une chair rose bien lisse, la boîte qui la cultive n'a pas eu recours à la transgénèse. En clair, elle n'a pas introduit de gène issu d'une autre plante dans notre pastèque.

Henri Thorent d'Anecoop explique :

« En faisant des recherches, on a retrouvé une variété dépourvue de pépins. Par un travail de croisement, on a créé une variété hybride avec les caractéristiques qui nous convenaient. Mais il n'y a aucune manipulation génétique. »

« Cette technique ne date pas du tout d'aujourd'hui. Elle est connue de toute la communauté scientifique », renchérit Miguel Abril, le directeur d'Anecoop France.

Des « OGM cachés »

Du naturel, que du naturel quoi. Et une boîte qui utilise les méthodes de sélection employées dans l'agriculture depuis des générations. Mais voilà, depuis quelques temps, les associations ne font plus la guerre aux seuls OGM.

En juillet, une armée de faucheurs volontaires a détruit des tournesols mutants plantés en Indre-et-Loire. Il ne s'agissait plus cette fois de dénoncer la transgénèse, mais bien la mutagénèse.

Non, non, ne partez pas en courant, ce n'est pas si sorcier. Il s'agit en fait de la mutation forcée d'une plante par une série de chocs chimiques. « On va bombarder la plante d'herbicides par exemple pour qu'elle y devienne résistante », traduit Christophe Noisette d'Inf'OGM. Et l'homme de dénoncer des « OGM cachés » ou clandestins.

La pastèque sans pépins est-elle naturelle ?

Mais quid de notre pastèque ? A priori, elle n'a pas subi de mutagénèse non plus. Il n'empêche. Pour obtenir leur pastèque sans pépins, nos amis d'Anecoop n'ont pas ramassé une graine par hasard dans un champ. Miguel Abril explique simplement :

« Ça [l'absence de pépins, ndlr] peut arriver à l'état naturel mais de façon très sporadique. Ce n'est pas comme cela que nous procédons. »

Accrochez-vous. Tout se passe chez le producteur de semences qui fournit Anecoop. Celui-ci prend une pastèque classique dite « diploïde » (les chromosomes vont par deux). Sous l'action d'un produit comme la colchicine, extraite des graines de colchique, il obtient une variété tétraploïde (les chromosomes vont par quatre). Il croise ensuite ces pastèques tétraploïdes avec les pastèques classiques et obtient… une triploïde. Celle-ci est stérile mais a aussi pour immense avantage d'être quasiment dépourvue de pépins.

Mais alors est-ce vraiment naturel ? Les associations sont partagées. Christophe Noisette assure :

« Ils croisent des tétraploïdes et des diploïdes, deux plantes incompatibles. C'est une forme de manipulation. Et pourtant, pour la loi, ce n'est pas considéré comme une manipulation génétique. Il n'y a même aucune obligation d'étiquetage. »


Jean-Claude Bévillard de France Nature Environnement tempère :

« On est sur un domaine complètement différent des OGM. On ne touche pas au cœur des molécules. »

Intolérance grandissante des militants ?

Le professeur Marc Fellous, chercheur en génétique et président de l'Association française pour les biotechnologies végétales, s'inquiète plus généralement de l'intolérance grandissante des militants face aux biotechnologies :

« Si on rejette toute manipulation sur le vivant comme le demandent certains militants, je me demande ce qu'on va manger. Les tomates sont des mutants, les poires sont des mutants. Dans l'agriculture biologique, on utilise plein de mutants ! »

Ce à quoi Christophe Noisette rétorque :

« Bien sûr que l'agriculture n'est pas naturelle. Mais avant, elle s'appuyait sur des techniques naturelles. Aujourd'hui, les biotechnologies vont contre nature. Par exemple, elles développent des céréales qui gardent les grains sur l'épi et qui ne peuvent plus servir à la reproduction »

Et le militant de s'interroger :

« Pourquoi a-t-on besoin de développer une pastèque sans pépins ? Je ne pense pas que les pépins gênent tant que ça. »

Sans doute pas mais « commercialement, c'est un produit qui a beaucoup fait monter la consommation de pastèques », garantit Miguel Abril d'Anecoop. « C'est moins confortable pour le consommateur quand il doit enlever les pépins. »

Karine Le Loët