Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

samedi 7 août 2010

La Flèche de la Gruyère très convoitée

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La locomotive de 1943, propriété des TPF, a été offerte hier au Musée de Chiètre. Des passionnés gruériens s'inquiètent pour son avenir.

Plutôt prisé, le patrimoine historique des Transports publics fribourgeois (TPF). L'un de ses fleurons, la Flèche de la Gruyère - une automotrice de 1943 et son wagon-pilote - faisait l'objet hier et jeudi d'un transport spécial vers le site bernois de Kallnach du Musée ferroviaire de Chiètres (notre édition d'hier). Un don des TPF qui surprend certains passionnés. En particulier le Brocois Alain Castella, instituteur, conducteur de train et responsable de la muséographie du Chemin de fer-musée Blonay-Chamby («LL» du 26 mai 2009).Heureux de voir cette automotrice préservée, le Brocois garde un regret: «Depuis ce printemps, nous projetons de créer une association privée, GFM Historique, pour conserver le patrimoine des TPF. Plusieurs anciens collaborateurs de l'entreprise, notamment, sont intéressés à ce projet. Or la Flèche de la Gruyère devait être la pièce maîtresse de l'association. Moyennant une autorisation, nous aurions pu l'exploiter sur sa ligne historique, comme train touristique.»

Démarche appuyée

Sa déception est d'autant plus grande que le Brocois avait déjà obtenu l'assurance que le Chemin de fer-musée Blonay-Chamby parrainerait l'association. Il avait également sollicité avec succès le Service des biens culturels du canton (SBC), en automne 2008, pour que les TPF préservent la Flèche de la démolition. Et transmis à ce service un inventaire de matériel roulant fribourgeois d'intérêt historique, inventaire que le SBC a depuis soumis à des experts et validé.Les 26 mai et 30 juin 2010, le SBC a d'ailleurs soutenu la démarche du Brocois par un courrier adressé aux TPF: «Nous avons en effet signalé au conseil d'administration que plusieurs personnes étaient prêtes à s'investir dans la création d'une association», confirme Aloys Lauper, chef de service adjoint. «Nous avons suggéré aux TPF de mettre à disposition de cette association un entrepôt connecté au réseau, en signalant l'existence de l'ancienne halle pour matériel roulant de Châtel-Saint-Denis» (lire ci-contre). Mais Aloys Lauper se garde de critiquer l'option choisie par les TPF: «Ils ont joué le jeu. La Flèche est sauvée», souligne-t-il.N'empêche, Alain Castella garde de son côté l'impression qu'on lui a coupé le rail sous la roue: «La Flèche sera garée à ciel ouvert à Kallnach. Elle sera peu accessible au public et ne roulera pas», déplore-t-il. Une vision en partie confirmée par Roger Wymann, responsable du musée de Chiètres, qui précise: «Nous construirons un couvert, si les finances le permettent, et nous organiserons des visites de la Flèche, sur rendez-vous.»

Projet maintenu

Au reste, le passionné Brocois s'inquiète du sort des autres objets inventoriés et toujours en possession des TPF: «Il y a notamment des fourgons à balustrades et des voitures à deux essieux, tous de 1903, entreposés à l'extérieur, à Bulle», détaille-t-il. «Il y aussi des éléments stockés à Chamby, dont une automotrice de 1903, la plus vieille du canton de Fribourg, et dont le musée devra se séparer. Ce matériel est assez important pour que le projet d'association subsiste. Mais à ce jour le conseil d'administration des TPF n'a toujours pas répondu à nos demandes. On ne sait pas s'il nous soutiendra...»Du côté des TPF, on temporise: «Nous somme conscients de notre responsabilité historique», déclare le porte-parole Martial Messeiller. «Mais le conseil d'administration ne s'est pas encore penché sur la stratégie de conservation que nous mettrons en oeuvre. La solution de Chiètres a été retenue parce qu'il fallait prendre une décision rapide. Il ne faut pas y voir une volonté de contourner l'initiative de passionnés», assure-t-il.Au reste, le Musée de Chiètres ne ferme pas la porte à d'éventuelles collaborations: «La loco restera notre propriété», indique Roger Wymann. «Il n'est pas exclu que nous prêtions des pièces à une association sérieuse.»

Stéphane SANCHEZ