Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

samedi 23 octobre 2010

DES PISTES POUR NE PAS SE PERDRE DANS LE DIOCÈSE

.
Le décès de Mgr Genoud a focalisé les regards sur le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. Son fonctionnement n'en reste pas moins mystérieux. Décryptage.

Le 26 septembre dernier, Mgr Pierre Farine, évêque auxiliaire à Genève, a été élu administrateur du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF). Il livre son analyse de la fonction d'évêque diocésain et cite les défis qui attendent le successeur de Mgr Bernard Genoud.

Entretien.

Quelles sont les tâches de l'évêque?

Mgr Pierre Farine: Mgr Genoud aimait beaucoup qu'on l'appelle «Père évêque». L'évêque est responsable de toute la famille diocésaine. Ses tâches sont triples. D'abord sanctifier, à savoir veiller à ce que tout ce qui concerne la liturgie se fasse, veiller à ce que les fidèles du diocèse se sanctifient. Ces dernières années, par exemple, l'évêque a dû rappeler que les absolutions collectives n'étaient pas possibles selon les normes de l'Eglise universelle. C'est une tâche importante. Cela touche la sanctification des fidèles. Seconde tâche, l'annonce de la Parole. Enfin, le gouvernement de l'Eglise. Pour que l'Eglise soit un ensemble dynamique, cohérent, qui s'inspire du Christ.

L'annonce de la Parole est une tâche que Mgr Genoud avait très à coeur...

Tout à fait! D'abord par l'enseignement qu'il assurait personnellement, par l'Ecole cathédrale et par d'autres initiatives. Il était lui-même un enseignant. Le domaine de l'annonce de la Parole concerne bien entendu aussi la catéchèse: veiller à ce qu'elle soit donnée dans l'ensemble du diocèse. Et que le message qui est transmis corresponde à celui de l'Eglise universelle. Et quand on parle de catéchèse, ce n'est pas seulement celle des enfants. Cela touche aussi la formation des adultes: les conférences, et tout ce qui se fait dans les paroisses ou ailleurs dans le diocèse. Il serait grave que la Parole de Dieu ne soit pas transmise.

Vous êtes - à titre provisoire - à la tête de ce diocèse depuis quelques semaines. Avez-vous découvert de nouvelles facettes de la fonction d'évêque?

Pas vraiment, dans le sens où je suis déjà un évêque. Je remarque toutefois que certaines décisions sont signées, donc prises, par l'évêque seul. La réflexion a été faite ailleurs, dans des conseils ou par des collaborateurs, et la décision a été préparée, mais au bout du compte, c'est l'évêque qui l'approuve.

Parlons des qualités requises par l'évêque. Selon les attentes des fidèles, il devrait être à la fois ouvert à différents courants de pensée et fidèle à l'Eglise, homme de prière et d'action, témoin de l'Evangile et gestionnaire...

Mais l'évêque est d'abord un homme, avec ses qualités et ses limites. La façon dont il exercera sa fonction dépendra aussi de sa personnalité. Pour ma part, je relève qu'au départ il doit surtout aimer l'Eglise et la servir. Il est aussi, à son niveau, l'image de l'Eglise. Sa qualité de relation revêt donc une réelle importance. Il doit être un homme d'écoute et de dialogue.

Le dialogue oecuménique est souvent cité parmi les qualités que les fidèles attendent de l'évêque...

Il s'agit là d'une facette incontournable de la tâche de l'évêque. Notre diocèse comprend quatre cantons avec une forte présence de l'Eglise réformée et, de plus en plus, d'autres communautés chrétiennes comme les orthodoxes. Notre diocèse ne peut manquer le virage oecuménique. Et je citerais tout de suite après le dialogue interreligieux, notamment avec les musulmans, qui prend de plus en plus d'importance en Suisse. Cela ne touche pas que la dimension religieuse. La plupart des sujets abordés avec les musulmans concernent leur relation avec la société.

Quels sont les principaux défis qui attendent le nouvel évêque?

Le premier qui me vient à l'esprit est le fonctionnement des Unités pastorales (UP). Car il ne s'agit pas seulement de regrouper des paroisses. Cette restructuration touche beaucoup plus en profondeur la pastorale. Pour l'instant, je suis émerveillé de voir que cela se passe plutôt bien. Les gens se sont vraiment mis à l'oeuvre pour que cela fonctionne le mieux possible. Parmi les autres défis, je citerais surtout la pastorale de la famille, l'annonce de la foi dans un monde éclaté et de postchrétienté, puis l'oecuménisme et le dialogue interreligieux.

L'Eglise catholique est confrontée à un problème de manque de prêtres. Une ouverture des conditions d'accès à la prêtrise ne s'imposerait-elle pas?

Je ne suis pas contre une réflexion sur les conditions d'accès à la prêtrise. Mais je ne la lie pas à la crise des vocations de prêtres. L'Eglise réformée ouvre le ministère de pasteur aux femmes et aux personnes mariées, et elle se trouve quand même face à une crise des vocations. Je pense qu'il s'agit surtout d'une forme d'hésitation à s'engager au service total de l'Eglise, et pour toute sa vie. Pourtant, je peux vous dire que la vie d'un prêtre est passionnante. J'en fais chaque jour l'expérience.

L'heure ne serait-elle pas également à la réflexion sur une juste dimension de notre diocèse, qui comprend quatre cantons, ce qui rend difficile la tâche de rassembleur de l'évêque?

Une réflexion avait été engagée à ce sujet il y a au moins 20 ans. Un projet proposait de partager notre diocèse en deux: Genève et Vaud d'un côté, Fribourg et Neuchâtel de l'autre. Mais cette réflexion a perdu de son actualité. La structure de notre diocèse - et la vie qui en découle - s'est renforcée durant cette dernière décennie avec le rassemblement de type synodal AD 2000 et les différents synodes diocésains qui ont suivi. Un partage de notre diocèse n'est donc plus vraiment à l'ordre du jour.

Bernard BOVIGNY