Le bruxisme, vous connaissez ? Loin d'être une spécialité bruxelloise, ce terme désigne le fait de serrer ou de grincer inconsciemment des dents. Indicateur du stress, pouvant mener jusqu'à une usure conséquente de la dentition, ce mal toucherait entre 10 et 20% de la population.
Les crissements de dents de sa voisine d'oreiller, Julie s'en souvient encore :
« Je dormais à côté d'une amie et le grincement de ses dents m'a réveillée : le bruit était vraiment fort.
Mais ce qui me dérangeait encore plus, c'était de la voir comme ça, mâchoire et visage serrés. Je souffrais pour elle.
J'ai bien tenté de la faire arrêter mais ce n'est pas comme quelqu'un qui ronfle. Même en sifflant ou en faisant d'autres bruits, ses grincements continuaient. »
Difficile d'imaginer le bruit que cela représente ? Certes, s'il diffère d'une personne à l'autre, le comparer à une craie parcourant douloureusement un tableau d'école n'est parfois pas exagéré. (Voir la vidéo)
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Le chirurgien-dentiste Jean-François Laluque précise les choses : il n'existe pas un bruxisme, mais des bruxismes.
« Il y a d'abord le bruxisme d'éveil, qui correspond au fait de serrer inconsciemment des dents. C'est le cas des personnes qui contractent fortement leur mâchoire alors qu'elles conduisent ou travaillent devant leur ordinateur, par exemple.
Et puis bien sûr, il y a le bruxisme du sommeil. Il se produit durant certaines phases du sommeil. C'est un trouble qui s'accompagne souvent de mouvements rapides des yeux et des jambes.
On estime qu'entre 10 et 20% de la population font du bruxisme, tous âges confondus. Même si les causes ne sont pas encore totalement connues, on sait que ça se passe au niveau du système nerveux central. Ce n'est donc pas un dérèglement physique. »
« Je “bruxe” tellement que j'ai bousillé ma gouttière »
« Il y a d'abord le bruxisme d'éveil, qui correspond au fait de serrer inconsciemment des dents. C'est le cas des personnes qui contractent fortement leur mâchoire alors qu'elles conduisent ou travaillent devant leur ordinateur, par exemple.
Et puis bien sûr, il y a le bruxisme du sommeil. Il se produit durant certaines phases du sommeil. C'est un trouble qui s'accompagne souvent de mouvements rapides des yeux et des jambes.
On estime qu'entre 10 et 20% de la population font du bruxisme, tous âges confondus. Même si les causes ne sont pas encore totalement connues, on sait que ça se passe au niveau du système nerveux central. Ce n'est donc pas un dérèglement physique. »
« Je “bruxe” tellement que j'ai bousillé ma gouttière »
Claude aussi est un buxeur nocturne :
« On ne sait pas qu'on “bruxe” avant que quelqu'un ne vous le fasse remarquer. C'est quelque chose qui dépend de mon état nerveux : je grince des dents lorsque je suis anxieux ou stressé. Je bruxe tellement que j'en ai bousillé ma gouttière.
Et puis aussi, le lendemain au réveil : t'es crevé. Ça épuise de dormir tendu et de grincer des dents. »
Douleurs musculaires, usure ou cassure des dents, prothèses… Telles sont les conséquences du bruxisme qui poussent les patients à prendre rendez-vous chez leur dentiste, et non le bruxisme lui-même. (Voir la vidéo d'un cabinet dentaire américain en anglais)
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Usure des dents, désarroi de l'esprit
Et même si les causes de ce phénomène ne sont pas pleinement connues, certains facteurs semblent propices à son apparition. Selon le chirurgien-dentiste Bernard Chapotat, les gens grincent des dents à cause de leur « introversion » :
« Ce n'est pas quelque chose de nouveau. Hippocrate déjà, quatre siècles avant Jésus-Christ, faisait remarquer que l'usure des dents était une preuve du désarroi de l'esprit.
Comme parfois l'eczéma, le bruxisme est l'expression d'un état de l'esprit, d'une tension. On retrouve bien souvent le grincement de dents chez des gens performants qui ne parviennent pas à exprimer pleinement leur potentiel. Ils sont excités et contraints en même temps.
Nous, on ne peut que traiter l'aspect dentaire. Mais dans le cas d'usures importantes, je conseille à mes patients de consulter un psychiatre ou un psychologue. »
Méthode Coué, moins les films d'épouvante, le café et l'alcool
Jean-François Laluque est quant à lui plus circonspect. Parmi les facteurs propices au bruxisme, le chirurgien-dentiste inclut les drogues, les excitants et les maladies neurologiques.
Et pour lui, même si le dentiste ne peut guérir son patient du bruxisme, il peut tout de même lui proposer certaines solutions :
« Pour ce qui est du bruxisme d'éveil, on conseille aux gens de coller des petites gommettes à certains endroits stratégiques. Ils peuvent y écrire : “Ne serre pas les dents.” Ça fait un peu méthode Coué, mais au moins ils prennent conscience de leur bouche.
Et en ce qui concerne le bruxisme du sommeil, il faudra éviter les films d'épouvante, le café et l'alcool avant de se coucher. En gros, favoriser une atmosphère zen juste avant de dormir.
De mon point de vue et de la profession en général, on est de plus en plus confrontés à ce genre de cas. Notre style de vie contemporain toujours plus stressant n'y est certainement pas étranger. »
Sylvain Malcorps