Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

jeudi 3 mars 2011

Pleure, si tu es un homme!

.
Les larmes des femmes feraient baisser la testostérone des hommes. Et les larmes masculines, que suscitent-elles?

Ne pleurez plus Mesdames! Vos larmes tuent l’amour. Elles contiennent des composés chimiques qui diminuent l’excitation sexuelle et le taux de testostérone chez l’homme, selon une étude publiée dans «Science» en début d’année.

La presse a abondamment commenté les résultats de la publication du Dr Noam Sobel et de ses collègues du Weismann Institute of Science (Israël). «Les larmes des femmes sont un mode d’expression chimique qui signifie non, ou du moins, pas maintenant», affirment-ils. Cette réaction pourrait faire partie d’un contexte plus global en relation avec l’agression. Chez l’homme, un taux de testostérone abaissé étant associé à une diminution de l’agression. Une hypothèse émise en guise de conclusion.

Les auteurs se sont malheureusement limités aux larmes de femmes. «Par nécessité, précise le Dr Sobel. Parmi les volontaires, seules les femmes étaient de «bonnes pleureuses»». Une explication plus vraiment convaincante aujourd’hui alors que, depuis une décennie, les hommes cachent de moins en moins leurs larmes.

Parmi les premiers à avoir osé ouvrir les vannes, Roger Federer. Ces derniers jours, on a également vu le stéréotype même du mâle qu’est Didier Cuche terminer en pleurs les Championnats du monde à Garmisch-Partenkirchen, et le non moins vigoureux Ronaldo annoncer, les yeux humides, la fin de sa carrière.

Mais les sécrétions lacrymales ne sont pas uniquement le fait de sportifs. Ainsi, plusieurs observateurs ont attribué l’afflux de protestataires sur la place Tahrir, au Caire, à l’émouvante interview accordée par Wael Ghonim à une émission de TV. Les larmes de ce jeune homme emprisonné pour sa participation à un groupe Facebook ont ému l’Egypte. Et puis, difficile de ne pas penser à l’acteur Colin Firth, submergé par l’émotion dans Le discours d’un roi.

Les hommes, de tout milieu, pleurent de plus en plus. Pour affirmer sa virilité, il n’est plus besoin d’avoir les yeux secs. Les mâles se réconcilient avec leurs larmes. Ainsi, aux Etats-Unis, deux d’entre eux ont eu l’idée de monter un groupe de «pleureurs»: un «atelier lacrymal» pour aider leurs congénères à libérer leurs émotions. Lee Glickstein, l’un des initiateurs, prétend même qu’il y aurait moins de violence si les hommes pleuraient davantage. Il rêve de créer des cercles de pleureurs dans les écoles, les prisons et les entreprises.

A l’âge du berceau, difficile de différencier les sanglots des filles de ceux des garçons. Intervient ensuite l’éducation. «Un garçon, ça ne pleure pas pour un rien», «T’es pas une femmelette, retiens tes larmes!», des injonctions longtemps enjointes pour bâtir de «vrais hommes». Le poids culturel a ainsi bridé la gent masculine dans l’expression de ses émotions.

Les temps changent. Mais qu’en est-il de l’effet produit auprès des femmes par les larmes masculines? Celles de Cuche ou de Ronaldo ont, à n’en pas douter, suscité parmi les fans des deux sportifs l’envie de les enlacer. Dès lors, les larmes n’auraient-elles pas pour effet, non d’inhiber, mais au contraire de stimuler la libido des femmes?

Faute d’une étude scientifique à ce sujet, je me suis livrée à un mini sondage sans aucune prétention. Quinze femmes de 20 à 70 ans ont répondu à la question «Que ressentez-vous face à un homme qui pleure?» Seule une petite minorité éprouve une réaction de rejet. «Cela me met mal à l’aise pour lui, je détourne mon regard», m’explique l’une d’elles. La majorité témoigne de l’empathie (un effet de mode?). «Je me sens proche de lui», estime l’aînée de l’échantillon, alors que la cadette parle de «confiance renforcée dans leur relation».

Cinq femmes se sentent submergées par une forme d’instinct maternel. «J’aimerais le prendre dans mes bras pour le consoler, comme un petit enfant», constate cette jeune mère de famille, mais aussi deux femmes sans enfant.

Les larmes masculines enverraient-elles différents chémosignaux ou serait-ce les femmes qui répondent différemment à un composé chimique identique?

En 2004, la photographe Sam Taylor-Wood a présenté son exposition «Crying Men». Elle a demandé à plusieurs comédiens de poser en pleurant. «Ils pouvaient décider de vraiment pleurer ou jouer la comédie.»

Geneviève Grimm-Gobat