Les Transports publics fribourgeois travaillent d’arrache-pied pour créer trois points de croisement sur le tronçon Bulle-Romont, en vue de l’arrivée du RER. Hier, ils ont installé l’aiguillage à la gare de Vaulruz. Un important matériel a dû être livré par convoi spécial depuis le Tessin et manutentionné par une grue ferroviaire de plus de 100 tonnes.
«La mise en place du RER, c’est passer d’une ligue régionale à une ligue nationale», a expliqué hier Vincent Ducrot, directeur des TPF, jouant avec une métaphore sportive. Depuis juin, la ligne ferroviaire Bulle-Romont, qui date de 1868, est ainsi complètement remaniée pour cette «promotion». Qui permettra d’offrir un trajet entre le chef-lieu gruérien et Fribourg, grâce aux TPF et aux CFF, à une cadence d’une demi-heure, avec un seul arrêt à Romont. Les transports publics fribourgeois ont présenté l’avancée de ces travaux, en conférence de presse à proximité de la gare de Vaulruz. Alors qu’une imposante machine accrochée aux rails apporte des traverses, plusieurs ouvriers se chargent de les installer. Pas si différent probablement de ce que réalisaient les compagnies de chemin de fer qui posaient les premiers rails dans le Far West. Ne serait-ce les gigantesques machines et la précision au millimètre de chaque geste. «Il s’agit d’un énorme travail au niveau de l’infrastructure et des installations de sécurité», résume Vincent Ducrot. Pour rappel, les trois anciennes gares de Vuisternens-devant-Romont, Sâles et Vaulruz sont actuellement transformées en points de croisement pour des rames de 150 mètres. Pour l’heure statiques, c’est-à-dire que le train montant s’arrêtera pour laisser passer la rame descendante. Ce croisement est actuellement fixé à Vuisternens, mais il pourrait être déplacé à Sâles ou Vaulruz, selon les horaires futurs ou le retard pris par un des convois. «L’objectif à terme est de créer des points de croisement dynamiques. En construisant des secteurs de double voie plus grands nous gagnerons du temps de parcours», annonce Vincent Ducroz, qui indique que des études doivent encore être réalisées.
Le trafic Cargo continue
Du côté de la sécurité, l’installation d’un poste directeur en gare bulloise permettra la télécommande de toutes les installations. Des capteurs placés régulièrement sur la ligne serviront à suivre la position des trains – les standards seront les mêmes que sur les lignes CFF. Pendant ces travaux pharaoniques sur ce tronçon de 18 km, le trafic de marchandises se poursuit. Sauf pendant une semaine où il a été interrompu. Les voyageurs, en revanche, grimpent dans le bus pour relier Bulle à Romont depuis plusieurs semaines déjà. A Vuisternens-devant-Romont, le génie ferroviaire, soit le montage des voies et leur mise à niveau est terminé. Restera ensuite la pose des installations de sécurité. Pour la création d’un point de croisement à Sâles, deux semaines de travaux sont encore nécessaires, avant le volet sécuritaire. A Vaulruz, l’aiguillage a été posé hier: un important matériel livré par convoi spécial depuis le Tessin et manutentionné par une grue ferroviaire pesant plus de 100 tonnes.
Gare de Bulle relookée
Le lancement du RER pourra-t-il se faire le 11 décembre 2011, comme annoncé? «Le calendrier est respecté à une semaine près, mais ce retard n’aura pas de conséquence», assure Patrice Grobet, ingénieur responsable des infrastructures aux Transports publics fribourgeois. Pour l’avenir, les TPF ont encore plein de projets dans leur musette. Des travaux d’assainissement des passages à niveau sont encore prévus, ce qui permettra une circulation plus rapide. La gare de Bulle sera également relookée, ce qui comprend également la pose de nouveaux panneaux d’affichage pour l’information aux voyageurs et l’amélioration du passage inférieur. Par ailleurs, les TPF discutent avec la commune pour la création d’un parking à vélos. A noter également que si le RER ne s’arrêtera plus en gares de Vuisternens, Sâles et Vaulruz, d’autres trains pourraient, dans le futur, y faire halte: les travaux entrepris par les Transports publics fribourgeois ne sont pas irréversibles.
TAMARA BONGARD
La Liberté
