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Agé de 16 ans, l’âne Babalou (ici avec Hans Herren, l’un de ses deux palefreniers attitrés) participe au cortège de la Saint-Nicolas, à Fribourg, depuis 1999. Vincent Murith
Protégé du Haras national d’Avenches, dont il est l’unique âne étalon reproducteur, ce baudet assurera samedi son 13e cortège. Il en est devenu la mascotte.
Le regard profond, les oreilles belles droites, le poil ras et soyeux, Babalou pose fièrement pour la photo. Dernier âne à jouer le rôle d’étalon reproducteur au Haras national suisse à Avenches, il est devenu la mascotte de la Saint-Nicolas à Fribourg. Demain, Babalou participera au cortège pour la treizième année consécutive. La star y défilera devant près de 30000 personnes, «sans jamais perdre son calme olympien», assurent les deux palefreniers qui escortent l’animal depuis des années.
Collaborateur du haras national depuis les années 70, Hans Herren est l’un d’eux. «Je suis toujours étonné de voir comme Babalou est connu par les gamins. Voir leurs yeux briller à son passage est fantastique», confie le Moratois. Qui se «réjouit déjà d’y être». Bien que retraité, le Diderain Jean-Pierre Christe continue, lui aussi, d’accompagner le baudet dans ses représentations.
Préparation sérieuse
A l’approche de la Saint-Nicolas, Babalou est soumis à un entraînement quotidien. C’est que le reste de l’année, l’animal est plutôt pépère:entre ses sorties quotidiennes au parc et une dizaine de saillies (d’ânesses ou de juments) par année, il mène une vie de pacha dans la Mecque du cheval. Aussi, aller pavaner dans les rues de Fribourg, avec Saint-Nicolas sur le dos, nécessite une «préparation sérieuse»: régulièrement, depuis le mois d’octobre, Babalou est ainsi monté par Céline Béchir, apprentie écuyère à Avenches.
Lors des sorties officielles, c’est d’ailleurs la selle de cette jeune cavalière, avec rembourrage et sangle molletonnés, qui est mise à l’âne afin de lui ménager l’échine et la panse. Un siège de cuir qui doit être ajusté avec précision. «En effet, trop de pression pourrait blesser l’animal au garrot ou au ventre. Et s’il a mal, il commence à se défendre...»
Lorsque la selle est bien réglée, devoir trimballer sur troiskilomètres un collégien de troisième année transformé en évêque de Myre est en revanche une formalité pour Babalou. Bien que petit, avec ses 135cm au garrot, le baudet du haras – près de 350kg sur la balance – n’en est pas moins costaud. «On est étonné de voir, dans certains pays d’Afrique ou d’Europe de l’Est, les énormes charges que les ânes peuvent supporter», relève Hans Herren. «C’est plutôt Saint-Nicolas qui souffre:les gymnasiens, rarement habitués à monter, sont souvent très crispés sur Babalou. A l’issue du cortège, j’en ai vu qui avait de la peine à marcher...», rigole l’étalonnier moratois.
Outre la magnifique croix de saint André noire ornant son dos et ses épaules, Babalou se distingue par son caractère exemplaire. Selon son entourage, c’est un âne «sensible», «très intelligent». Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à le voir agiter les oreilles et opiner du chef pour saluer notre venue. «On dirait qu’il comprend ce qu’on dit ou veut de lui», s’enthousiasme Philippe Bertholet, responsable de groupe au haras.
Et pas si têtu que ça l’animal! Contrairement à d’autres qui, jadis, ont parfois refusé d’avancer. «Dans la foule, avec toutes ces mains qui le touchent, qui le caressent, Babalou ne pète jamais les plombs», poursuivent ses palefreniers qui, eux, avouent être «impressionnés». Le plus délicat, c’est quand les pavés sont verglacés, comme il y a trois ou quatre ans. Alors, le baudet – qui n’est pas ferré – avance plus prudemment que d’habitude, surtout à la rue de Lausanne de peur de glisser, mais il avance. «Il est vraiment super, il ne perd jamais les nerfs!» Peut-être aussi grâce au «feeling» des deux étalonniers qui le rassurent. «Ah, si Babalou pouvait parler, il en aurait des choses à dire!», sourit Philippe Bertholet.
Digne de ses parents
A défaut de pouvoir le faire, l’animal laisse Hans Herren raconter son histoire. Certificat d’origine en main. Né le 12 mars 1995, Babalou est le fils de Bitonto et de Fantasia. «Acheté en Italie, son père était l’un des cinq ou six ânes reproducteurs que le haras hébergeait à l’époque. Dans les années 1990, il a participé aux Grisons à un programme né d’un partenariat entre l’armée et les syndicats chevalins. Bitonto avait pour tâche de saillir chaque année entre 25 et 35 juments franches-montagnes, pour donner vie à des mulets. Quant à sa mère Fantasia, elle a été réquisitionnée plusieurs années d’affilée comme figurante pour des animations au Musée de l’habitat rural à Ballenberg», raconte le Lacois. Tout jeune poulain, Babalou l’y avait accompagnée. De quoi lui donner, peut-être, l’envie de se donner en spectacle.
Ces prochains jours, l’âne du haras participera à trois autres Saint-Nicolas: lundi dans une école fribourgeoise, mardi pour le compte de la ville d’Avenches ainsi que pour le Foyer Saint-Justin à Fribourg. Après un «décrassage» digne des plus grands sportifs, la «star» sera ensuite laissée au repos jusqu’à l’an prochain. I
Le trafic sera perturbé en ville
En raison du cortège organisé à Fribourg par les étudiants du Collège Saint-Michel, samedi dès 17h, et de la foire de la Saint-Nicolas qui se déroulera sur les places Notre-Dame et des Ormeaux de 8h à 19h, des déviations de la circulation seront mises en place, dès 15h, sur les axes donnant accès au quartier du Bourg. Le cortège défilera dès 17h par la rue Saint-Michel, place Python, rue de Romont, giratoire du Temple, rue de Lausanne, jusqu’à la cathédrale. A la fin de la manifestation, vers 18h45, le retour se fera par la rue du Pont-Muré – rue de Lausanne – rue Saint-Michel – place du Collège. Progressivement, l’itinéraire du cortège sera interdit à toute circulation, communique la police cantonale. Le stationnement sera interdit dès 2h sur les places de foire, dès 13h sur les voies de déviation et dès 15h sur le parcours du cortège.
Le trafic TPF sera momentanément interrompu ou perturbé au centre-ville, sur la section Gare-Tilleul, de 16h30 à 19h30 environ. Réseau urbain: sur les lignes 2 et 6, courses-navettes toutes les 15 min: Schœnberg et Musy/Windig jusqu’à la Chancellerie/Poste du Bourg ainsi que depuis Les Dailles et Guintzet jusqu’à la gare. Sur les autres lignes, les courses seront déviées par av. Tivoli-av. Montenach. Réseau régional: entre 16h et 19h30 les lignes de la Singine suivantes seront déviées par Marly; aucune correspondance n’est assurée: ligne 123 Fribourg – Tafers – Plaffeien – Schwarzsee; ligne 127 Fribourg – Rechthalten – Plaffeien; ligne 181 Fribourg – Heitenried – Schwarzenburg.
Francis Granget
La Liberté