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mardi 9 octobre 2012

Comet, le maître suisse des rayons X


De Boeing à Mercedes, le groupe fribourgeois Comet fournit ses solutions à rayons X à des clients prestigieux à travers le monde. Pour demain, la société mise sur un nouveau produit révolutionnaire de stérilisation des emballages alimentaires.

En physique, le «vide» parfait n’existe pas. Il reste toujours des molécules qui remplissent une partie de l’espace. Mais Comet, dont le siège se trouve à Flamatt dans le canton de Fribourg, est l’entreprise industrielle qui s’approche le plus de cet objectif ce qui lui permet d’offrir les rayons X les plus précis du marché.

Les applications sont innombrables: la société suisse réalise près de 70% de ses ventes auprès de grands groupes industriels de l’aéronautique, de la construction automobile ou encore de l’énergie, comme Mercedes et Boeing, qui utilisent les solutions à rayons X de Comet pour tester la qualité de leurs matériaux et composants.

«Nos solutions portables à rayons X permettent, par exemple, de vérifier qu’il n’y ait pas de fuites de gaz sur des pipelines», explique Charles Flükiger, responsable de l’unité des rayons X industriels chez Comet. L’entreprise réalise également une petite partie de ses ventes (3%) dans le domaine de la sécurité: ses tubes à rayons X sont utilisés pour inspecter les camions aux postes frontières ou les bagages enregistrés dans les aéroports: «Dans ce domaine, les rayons X permettent de détecter automatiquement non seulement des armes, mais aussi des explosifs», précise Charles Flükiger.

La discrète société fribourgeoise, qui emploie 734 personnes à travers le monde, dont 300 en Suisse, s’est ainsi attribué la part du lion dans ses trois secteurs d’activités: elle détient 64% du marché mondial des tubes à rayons X et 21% de celui des systèmes complets à rayons X, ainsi que 63% du marché mondial des condensateurs à vide (utilisés dans la production de puces électroniques, d’écrans LCD et LED ou encore de panneaux solaires).

Au dernier étage du siège mondial de Flamatt, les cadres circulent entre les grappes de bureaux de l’open space et conversent autour de pupitres de brainstorming, à la vue de tous. Les bureaux du groupe se veulent le plus transparents et conviviaux possible: «Les différentes fonctions de marketing, vente, production, développement et management sont intégrées dans le même environnement de travail, afin de garantir une circulation de l’information et des processus décisionnels rapides», dit Charles Flükiger.

Toute autre ambiance à la production, qui occupe les trois premiers étages du bâtiment. Les photos n’y sont admises que pour certaines machines. Ici la transparence n’est plus de mise, car Comet dispose d’un savoir-faire industriel unique et envié. D’où une certaine prudence face aux risques d’espionnage industriel: «A travers le monde, on ne compte que quelques entreprises qui parviennent à obtenir un vide d’une pression aussi basse que 0,0000000001 millibar, et ce sur toute la durée de vie du produit; c’est un aspect décisif pour les applications à rayons X les plus exigeantes. Cette pression est équivalente à celle que l’on trouve 1000 km au-dessus de la Terre.»

«Nous voulons en priorité défendre notre position de numéro un, explique le directeur général Ronald Fehlmann, arrivé l’an passé aux commandes du groupe. Pour cela, notre savoir-faire constitue une barrière sérieuse à la concurrence. Nos produits ne peuvent pas être copiés tels quels, il faut avoir une connaissance aboutie de tous les processus industriels requis pour y arriver.» Si la compagnie possède aujourd’hui 12 filiales d’assemblage et de distribution à travers le monde, de Shanghai à la Silicon Valley, en passant par Hambourg, les technologies fondamentales de maîtrise du «vide poussé» et de très haut voltage sont maintenues à Flamatt, en toute discrétion.

Passage à vide en 2009

Cette position dominante n’a pas empêché le groupe de Flamatt de traverser des temps difficiles. 2009 a été vécue comme un «annus horribilis» par la société, qui a subi une perte nette de 12,7 millions de francs. Miné par la crise traversant ses clients finaux dans les secteurs des semi-conducteurs, de l’automobile et de l’énergie solaire, le groupe réduit alors temporairement son effectif de 119 employés. Comet a renoué depuis avec les chiffres noirs. En 2011, le groupe affichait un profit net en hausse, à 10 millions de francs. Son chiffre d’affaires demeurait quant à lui stable, à 217 millions de francs.

La reprise a notamment été portée par la bonne santé du secteur automobile en Allemagne, où Comet possède une filiale rachetée il y a cinq ans: Yxlon, spécialisée dans les systèmes à rayons X d’inspection des matériaux industriels. En 2011, le groupe a enregistré une croissance des ventes de 27% en Europe. «Malgré les pertes subies durant la récession, ces conditions adverses ont aussi eu un impact bénéfique, car elles ont déclenché une réflexion sur certains de nos processus de production, que nous avons allégés et améliorés au niveau de la cadence, explique Ronald Fehlmann. Et pour rester compétitifs, nous allons encore nous doter d’une nouvelle installation qui permettra d’économiser cinq stades de production.»

La crise a également permis au groupe de renforcer sa stratégie d’intégration verticale: «L’an passé, nous avons racheté pour 5,3 millions d’euros la société allemande de générateurs de hautes fréquences Stolberg HF-Technik, dont les activités complètent avantageusement les nôtres. Ainsi, nous allons d’une part croître avec nos clients existants, en leur proposant une gamme plus large de produits et, d’autre part, pouvoir en acquérir de nouveaux dans le domaine de l’énergie solaire et des LED, notamment.»

L’entreprise fait néanmoins encore face à des difficultés dans le domaine des semi-conducteurs, un marché très volatile. Après une importante baisse l’an dernier de la demande en Amérique du Nord, son deuxième débouché derrière l’Asie, une nouvelle chute des commandes s’est produite au deuxième trimestre de cette année. Cette mauvaise nouvelle a contraint la société à réintroduire les mesures de chômage partiel qu’elle avait déjà utilisées en 2009, et qui concernent 53 personnes à Flamatt. «Nous nous attendons néanmoins à une reprise des commandes d’ici à la fin de l’année», explique la porte-parole Ines Najorka.

Partenariat avec Tetra Pak

Pour le groupe, l’un des défis principaux s’avère aujourd’hui être le franc fort. «Nous sommes naturellement couverts dans la zone euro, où nous possédons de grandes filiales de production», détaille Ronald Fehlmann. La situation est en revanche plus problématique pour le dollar: «Nous subissons une exposition de 50 millions de francs dans cette devise, qui va s’accentuer avec la croissance.» A eux deux, les marchés asiatique et nord-américain représentent près de 60% du chiffre d’affaires du groupe, qui exporte à 99%. «Pour faire face à cette situation, nous investissons dans la force de ventes au niveau local. Par exemple, nous avons ouvert des centres d’application à Heilbronn, Stamford et Shanghai, où les clients peuvent voir concrètement les avantages apportés par nos produits.»

Outre le maintien de son rang de numéro un dans les secteurs existants, Comet compte beaucoup sur son nouveau produit-phare, le «e-beam compact», pour gagner des parts de marché. D’apparence similaire aux tubes à rayons X, ce produit, qui ne compte encore que pour 2% du chiffre d’affaires du groupe, est prometteur: il a valu à Comet le «Swiss Technology Award» en 2009. «Notre technologie de l’e-beam compact permet de stériliser des surfaces sans produits chimiques, précise Charles Flükiger. Son potentiel dans l’emballage alimentaire est considérable.»

Comet a conclu un partenariat de développement de l’e-beam avec le géant suédois de l’emballage Tetra Pak. «Nous sommes en train d’achever les tests de terrain. Nous devrions ensuite être en mesure de déployer ce produit à large échelle», poursuit le responsable. Si les tests sont concluants, le e-beam présentera des avantages de taille: processus de stérilisation moins cher et plus rapide, mais également plus écologique (-40% de rejets de CO2, -80% d’utilisation d’énergie). Un potentiel qui dépasse la seule industrie alimentaire: «Nous avons déjà lancé des programmes de développement conjoint en vue de la stérilisation d’autres produits avec des entreprises pharmaceutiques, raconte Ronald Fehlmann. Nous entrevoyons beaucoup d’applications possibles. C’est un engagement sur le long terme.»

Les rayons X, une découverte récente

Les rayons X sont des ondes électromagnétiques à haute fréquence, découvertes en 1895 seulement par le lauréat du Prix Nobel de physique allemand Wilhelm Röntgen. C’est en remarquant que la fluorescence des électrons contenus dans les tubes de Crookes — ancêtres des tubes cathodiques — traversait la matière que le savant a démontré l’existence de ces rayons jusqu’alors inconnus (d’où leur nom). Ces ondes qui permettent d’inspecter l’intérieur des objets et des corps ont rapidement été adoptées par l’imagerie médicale. Dans l’espace, les supernovas, les pulsars et les quasars sont des sources naturelles de rayons X.