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vendredi 2 novembre 2012

La thèse selon laquelle il existe un lien étroit entre langue utilisée et manière de penser s'affirme



Les chercheurs ont mené des tests auprès d'environ 60 étudiants des universités de Fribourg et Sussex en Grande-Bretagne parlant aussi bien français qu'anglais.
Image: Keystone




Une équipe de chercheurs s'est réunie autour de Pascal Gygax du département de psychologie de l'Université de Fribourg afin de découvrir quel élément entre la langue parlée et le bagage du locuteur était vecteur des stéréotypes de genre. Ils ont mené des tests auprès d'environ 60 étudiants des universités de Fribourg et Sussex en Grande-Bretagne parlant aussi bien français qu'anglais.

La façon d'assigner des concepts au genre masculin ou féminin s'est révélée différente selon la langue utilisée. En français, c'est la grammaire qui désigne le sexe féminin, par exemple par le rajout d'un -e au mot masculin (étudiant/étudiante).

En anglais, la plupart des mots sont neutres. Le lecteur interprète le sexe à partir du contexte ou de sa connaissance du monde. On considère par exemple que le nom «nurse» (infirmière) désigne une femme, car davantage de femmes que d'hommes exercent ce métier.

Les stéréotypes dépendent de la langue

Pascal Gygax et ses collègues de Fribourg et Norvège ont confronté les étudiants à différentes phrases contenant des noms de métiers soit neutres, soit faisant référence à un sexe précis, telles que: «Les musiciens sont sortis de la salle.»

Ils ont ensuite demandé aux jeunes testés: «Les assertions suivantes peuvent-elles être ajoutées après la première phrase: «L'un des hommes portait un parapluie» ou «L'une des filles portait un parapluie». La réponse «oui» est correcte dans les deux cas, car la forme masculine au pluriel (les musiciens) est valable pour les hommes comme pour les femmes.

Or l'étude relève que les participants avaient tendance à moins facilement considérer la deuxième assertion comme correcte, si celle- ci s'opposait aux associations automatiques liées au sexe présentes dans la langue utilisée.

C'était le cas en anglais quand l'assertion suivant la première phrase contenait des contre-stéréotypes, le nom de métier étant alors attribué au sexe opposé. En français, c'était le cas quand la phrase faisait référence à des femmes, malgré les stéréotypes liés au métier.

L'étude relève aussi que plus les étudiants dominent leur deuxième langue, plus ils sont capables de se représenter le genre de façon similaire aux personnes qui ont cette même langue comme langue maternelle. Les résultats de l'étude ont été publiés mercredi dans le journal spécialisé Bilingualism: Language & Cognition.

Le langage influence la pensée

D'après les chercheurs, la manière selon laquelle les concepts sont assimilés cognitivement influence ainsi la langue. «Nous constatons que le langage n'est pas quelque chose d'anodin», précise Pascal Gygax, cité sur le site de l'Université de Fribourg. «La manière de parler une langue dans un contexte donné a une influence sur la manière de penser.»

Ce point de vue fait écho à des hypothèses déjà soulevées par des anthropologues au début du XXe siècle, poursuit-il. «Georges Orwell a aussi formulé cette hypothèse dans son roman 1984, à peu près en ces termes: une idée ne peut pas exister si les mots nécessaires à sa formulation n'existent pas.»