Plus d’une décennie que Pierre Pavy, le patron du restaurant “Le 5” à Grenoble, invite le mardi avant Noël les personnes en difficultés à partager un repas.
Au-delà du geste, c’est surtout, pour lui, « un moment inouï, où les gens qui se rencontrent n’auraient jamais parlé dans d’autres circonstances ».
Cette année, “Le 5” a mis les petits plats dans les grands pour recevoir ses invités d’un jour, « servis comme au restaurant », insiste Pierre Pavy. Traitement soigné aussi pour les chiens des clients du jour, certes interdits d’entrée mais pas de repas, promet le patron.
Un orchestre composé de membres de l’association “Accueil SDF”, co-organisatrice du déjeuner avec le restaurant “Le 5”, a accompagné le repas. Et pour que ce moment demeure inoubliable pour ses participants, une membre de l’association a pris chacun en photo. Un cliché souvenir que tous emporteront avec eux.
Tout au long de l’année, la présidente d’“Accueil SDF”, Anna Lavédrine, offre le matin dans ses locaux, rue du Temple, un petit-déjeuner complet aux sans domicile de Grenoble. Pour ce repas de Noël, elle a enregistré 80 inscriptions, « mais on a quand même accueilli ceux qui ont oublié de s’inscrire. Ils ont leur place ici ».
Pour elles, c’est l’occasion de « manger dans un restaurant avec des personnes qu’on connaît bien, celles de l’association ».
Les équipes des restaurants le "5" , "Caffe Forte" et "La Gelinotte" offrent en partenariat avec l'ASDF et ses bénévoles un magnifique repas de Noël aux SDF et autres personnes en difficultés le mardi avant Noël.
Le menu est toujours concocté pour plaire au plus grand nombre.
Un instant magique où tout s'arrête, le froid , les difficultés quotidiennes, la faim. On essaie de faire corps tous ensemble pour que nos efforts se conjuguent et que ce repas reste comme chaque année un moment attendu par tous et toutes.
Aujourd'hui en cette période de crise, les personnes en grandes difficultés ont besoin de retrouver des moments de fraternité et d'espoir. Nous pouvons faire un effort pour aider nos amis de la rue.
Cet évènement ne doit pas rester isolé; il serait tout à fait utile qu'une fédération de restaurateurs, de traiteurs, de boulangers et autres actifs des métiers de bouche se réunissent pour mettre en place des actions plus fréquentes.
Nous avons les moyens de participer à un effort national qui devrait faire que les problèmes de la faim et du froid ne soient plus un fatalité en France.
L'ASDF participe quotidiennement à aider ces personnes en difficulté, tous les matins ils offrent un toit , un petit déjeuner à tous ces SDF que l'on croise anonymes dans nos rues de Grenoble. Tous les matins c'est une aide psychologique, un regard , une discussion, tous les bénévoles donnent de leur temps TOUS LES JOURS; que représente notre minuscule action d'un repas de Noel ???
Après les repas de Noël pour les sans-abri ou la préparation quotidienne de plats destinés aux réfugiés du gymnase du Vieux-Temple, voici les repas chauds du samedi midi pour les plus démunis. Le Caffè Forté était auparavant fermé à cet horaire. « La demande est réelle, affirme Pierre Pavy. Accueil SDF (ASDF), qui co-organise l'opération, m'a prévenu que peu de solutions existaient le samedi. » Les Restos du Coeur confirment en effet « ne pas distribuer de colis alimentaires ce jour-là et ne plus servir de repas chauds ».
« J'y ai vu mon ancien banquier »
« Les gens s'inscrivent la veille à l'ASDF et payent 1 €, explique le restaurateur. Ce sont donc des clients que l'on reçoit comme tels : avec nappe, jolis couverts, tasse en porcelaine et une formule entrée-plat-dessert-café. Bien sûr, je mets de ma poche 4 € par personne, l'achat de marchandises revenant au moins à 5 €. Mais c'est le petit plus que je donne à la société. Et puis, tout le monde y met du sien. » Aux côtés des bénévoles de l'ASDF, trois ou quatre salariés volontaires du 5 ou du Caffè Forté sont ainsi présents à chaque fois. Après un début en douceur (une dizaine de personnes), le concept attire de plus en plus et 30 à 40 personnes se sont pressés aux portes du restaurants les trois derniers samedis. Avec parfois quelques surprises : « J'ai eu comme client mon ancien banquier, qui avait subi un coup dur. »
"On se régale, on rigole, il y a de la musique, on chante, on a l'impression d'être en famille. C'est vraiment l'esprit de Noël, merci Monsieur", lance Carla, jeune SDF de 24 ans, au patron du restaurant.
Réponse de Pierre Pavy : "Je suis heureux de vous voir heureux. La fraternité ne doit pas être un vain mot. Plutôt que des paroles, des actes ! J'appelle donc d'autres collègues restaurateurs à suivre mon exemple."
Et si les restaurateurs distribuaient leurs surplus ? Cela fait longtemps déjà que Pierre Pavy se bat dans son coin pour venir en aide aux personnes ...
Egger Ph.