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mardi 8 janvier 2013

On a fabriqué de la poudre d'eau !


Une poussière blanchâtre qui se transforme en eau dans la main : ni magie, ni canular, mais de la véritable eau en poudre.

Cela pourrait être de la poudre de perlimpinpin tout droit sortie de la besace de Gandalf, le magicien du Seigneur des anneaux. Pourtant, la poudre d’eau inventée par des chercheurs de l’université de technologie de Compiègne (UTC) est tout ce qu’il y a de plus réel.

De la poudre d’eau, oui, vous avez bien lu ! Autrement dit, de l’eau qui se présente sous la forme d’une poudre blanchâtre, légère et fine comme du sucre glace. Encore au stade de prototype, elle pourrait servir demain, notamment en agriculture.

Mais par quel miracle de l’eau liquide peut-elle prendre l’aspect d’une poudre ? En fait, comme dans n’importe quel tour de magie, il y a un truc. L’eau de la poudre n’est pas strictement pure : ce n’est pas de l’eau… "déshydratée". Chaque grain est en fait une gouttelette d’eau emprisonnée dans une coquille artificielle qui évite que le liquide s’en échappe. La coquille est très fine, elle n’occupe que 3 % du poids d’un grain. D’ailleurs, il suffit d’écraser la poudre dans sa main pour que l’eau s’en écoule !

Et un milk-shake, un !

Le plus étonnant dans l’histoire est que la poudre magique n’est pas plus compliquée à fabriquer qu’un milk-shake : ajoutez une pincée d’additif spécial à de l’eau, mélangez trente secondes, et le tour est joué. La comparaison avec le milk-shake est d’autant plus juste que les chercheurs fabriquaient au départ leur poudre avec un vulgaire mixer de cuisine !

Et l’additif ? Là non plus, rien de bien compliqué. Un simple antiagglomérant de cuisine suffit, comme ceux qui préservent le sel de l’humidité. Une fois dans l’eau, les molécules d’antiagglomérants restent regroupées, coudes serrés. Résultat, l’antiagglomérant ne se mélange pas à l’eau, même lorsqu’on agite le tout et que l’eau se transforme en gouttelettes. L’antiagglomérant se dépose à la surface des gouttelettes, formant les fameuses coquilles protectrices. 

Attention tout de même d’y aller piano lors du mélange, faute de quoi les coquilles, trop ballotées, se rompent et la mixture redevient liquide. 


Quel parfum s’il vous plait ?



Schéma - Poudre d'eau
Pour obtenir de la poudre d’eau : mélanger dans un mixeur de l’eau et de la silice !
© Khashayar Saleh



Les antiagglomérants ne sont pas les seuls additifs possibles. Après de nombreux essais, l’équipe de chercheurs en génie des procédés industriels, dirigée par Khashayar Saleh, a conclu que d’autres composés, parfois très étranges, permettaient de réaliser de l’eau en poudre.

Jugez plutôt : la cire végétale, le noir de carbone (les restes de la combustion incomplète de produits pétroliers), et même le marbre peuvent servir d’additif. Le sol de la pyramide du Louvre pourrait être transformé en poudre d’eau !

Seule condition pour réussir la recette de la poudre d’eau : que ces matériaux soient réduits avant mélange à l’état de poussière. Cet aspect assure que leurs molécules s’enroberont ensuite convenablement autour des gouttelettes.

Des biberons pour les graines
Premier domaine d’application : l’agriculture. L’idée est d’utiliser cette poudre pour mieux gérer l’apport en eau aux cultures lors de la phase de germination des plantes (blé, maïs…).

Observation au microscope de la poudre d’eau : la silice forme une coquille protectrice autour des microgouttelettes d’eau.

Un épisode de sécheresse durant cette phase, même bref, peut entraîner un mauvais développement du végétal, voire la mort de la graine.

La solution : mettre de la poudre d’eau dans la terre lorsqu’on plante les graines. En cas de sécheresse, la terre se rétractera et comprimera les grains de poudre. Les coquilles cassées libèreront alors leur eau. Ainsi, les graines seraient nourries au biberon jusqu'à l’arrivée des pluies ! Une société d’agronomie réalise déjà des tests sous serre. Ces essais diront si l’idée est réalisable.

D’autres applications de la poudre d’eau sont à l’étude. Par exemple, elle pourrait remplacer le liquide bleu qui sert à réfrigérer les vaccins lors d’un transport, et équipe aussi les glacières de pique-nique. L’intérêt ? Eviter la dilation du liquide bleu lorsqu’il se refroidit car il déforme le contenant. La poudre pourrait aussi servir de matière ignifuge si on la versait dans l’un des compartiments d’une porte coupe-feu.

À la porte de Khashayar Saleh, les demandes d’exploitation industrielle se multiplient. La poudre d’eau n’est définitivement plus de la poudre aux yeux.

Egger Ph.