Samsung est connu dans le monde entier pour ses téléviseurs et ses smartphones, notamment. Mais le géant sud-coréen, numéro un mondial de l'électronique, ne veut pas en rester là : il veut connecter les appareils informatiques et électroménagers des foyers de demain, entre eux et à Internet. "Chaque seconde, nous vendons trois téléviseurs dans le monde et nous investissons neuf milliards de dollars chaque année dans la recherche et le développement", explique BK Yoon, président de la division grand public de Samsung, devant les journalistes européens qu'il a réunis lundi à Monaco. "Nous pensons que la prochaine grande tendance ("the next big thing" en anglais) est les applications domestiques", ajoute-t-il.
Si la marque a raté le virage du système d'exploitation pour smartphone (le logiciel maison, Bada, a été un flop et a été remplacé par Android et Windows Phone), elle veut contourner ce revers en prenant l'avantage sur un autre écran devenu vital : celui de la télévision intelligente, dite "smart TV". Et, via cet écran, prendre le contrôle de toute la maison numérique. Pour Samsung, la domotique de demain n'est donc pas seulement synonyme d'un réfrigérateur qui prévient son propriétaire quand les dates de péremption des produits approchent. Il s'agit d'un écosystème local complet, intégrant le téléviseur et le frigidaire, mais aussi le four multifonction, le lave-vaisselle, le lave-linge, l'aspirateur ou encore l'appareil photo. "En Europe, les applications domestiques progressent particulièrement vite", commente d'ailleurs Seok Pil Kim, P-DG de Samsung Electronics Europe.
Des nouveautés sur les smart TV
SP Kim a raison de se féliciter que le groupe soit devenu numéro un mondial du mobile et de la télévision en 2012 : ces deux leviers serviront à installer les autres produits "intelligents" sur le marché. D'ailleurs, Samsung imposera à ses clients d'atterrir sur la page d'accueil de son service "On TV" à chaque fois qu'ils allumeront leur télévision, afin de les "familiariser" avec les nouveaux services, proches de ceux d'une box ADSL. Et, par là même, de court-circuiter la concurrence : il sera alors facile d'acheter Samsung pour la vidéo à la demande et la musique, par exemple.
Quant aux téléviseurs, les consommateurs évoluent dans leurs demandes puisqu'ils souhaitent des écrans toujours plus grands et plus fonctionnels, pour pouvoir se connecter à Internet ou lire leurs fichiers vidéo par exemple. Par ailleurs, le constructeur confirme la tendance déjà observée dans les foyers : 70 % des téléspectateurs disposeraient d'un second écran (tablette, smartphone, ordinateur portable) qu'ils consultent en même temps qu'ils regardent leurs programmes à la télévision. De quoi développer des liens entre ces appareils en permettant, par exemple, au smartphone de se transformer en télécommande via une application dédiée.
En parallèle, le constructeur fait d'ores et déjà la démonstration d'une télécommande à reconnaissance vocale, et va bientôt commercialiser une autre zappette dotée d'un pavé tactile sur lequel on écrit le numéro des chaînes au lieu de taper sur des chiffres. Autre moyen de contrôler les futures télévisions : le mouvement. Grâce à une caméra embarquée, l'appareil pourra reconnaître des gestes simples et changer de chaîne sur un simple mouvement de main. Un peu comme le fait le système Kinect, proposé par Microsoft pour sa console de jeux XboX 360. Apple, qui réfléchirait à commercialiser une télévision, n'a qu'à bien se tenir, tout comme Google : la guerre de la télé intelligente est lancée.
Guerric Poncet