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mardi 30 avril 2013

Langues à l’école: faut-il les supprimer?


Le nombre d'heures passées à apprendre les langues à l'école n'est pas efficace. Le débat fait rage entre l'immersion obligatoire, les cursus bilingues ou la suppression des cours de langue.

«Aus, bei, mit, nach, seit, von, zu.» Suivi du datif, évidemment. L’enchaînement est gravé dans la mémoire de générations de Romands. Pour quel résultat? La plupart seraient bien en peine de mettre cette règle en pratique dans une conversation avec un germanophone. Le «tout par cœur» fait certes partie du passé. L’école s’est adaptée au développement de la pédagogie et à l’évolution des besoins. Après quelques tâtonnements du côté d’une approche axée sur la communication dans les années nonante, l’enseignement des langues s’appuie aujourd’hui sur l’expression orale, mais aussi la grammaire et le vocabulaire. Avec un slogan: l’élève est avant tout utilisateur de la langue.

Malgré ces changements, le verdict reste sévère. «Ca ne marche pas, du moins pas comme il faut», déclare Fathi Derder, conseiller national PLR. Même constat pour Georges Pasquier, président du Syndicat des enseignants romands. «On ne peut pas dire que l’enseignement des langues à l’école obligatoire soit une pleine réussite. On y consacre du temps et de l’énergie, mais, arrivés au terme de leur scolarité, les jeunes parviennent à peine à se débrouiller pour communiquer lorsqu’ils se rendent à Zurich.»

Depuis 2012, tous les élèves romands commencent l’allemand en troisième année de primaire. Lors de la prochaine rentrée, l’anglais sera introduit dès la cinquième année de primaire. Ce nouveau plan d’étude a provoqué l’ire des enseignants, qui estiment que les ressources pour sa mise en place sont insuffisantes et qu’il suscite des attentes irréalistes auprès des parents et du public. «Nous faisons croire que nos élèves seront capables de parler l’allemand et l’anglais à la fin de la scolarité obligatoire. C’est faux. Les langues ne sont pas des branches comme les autres. Encourager les élèves à s’exprimer tout en continuant de sanctionner les fautes, ça ne marche pas», note Georges Pasquier.

Aux yeux de Fathi Derder, le problème de l’enseignement en classe se trouve dans son incapacité à faire vivre et ressentir la langue. Un grand bain de pratique dans un contexte germanophone ou anglophone constitue dès lors une nécessité. «Quelle place doivent avoir les langues à l’école? Il convient de se poser la question. La Suisse a besoin de développer les compétences de ses élèves en mathématiques, en informatique, en sciences naturelles et en technologie. Ces disciplines doivent être encouragées, mais cela demande du temps. Réduire le nombre d’heures de cours de langues, voire carrément les supprimer, permettrait de dégager de la place», note le parlementaire.

«L’immersion permet de créer un lien affectif avec la langue, estime aussi Elisabeth Baume-Schneider, ministre de l’éducation du canton du Jura et présidente de la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin. Mais on ne peut pas apprendre à nager dans deux centimètres d’eau. Il faut un peu plus de fond. Posséder des bases de grammaire et de vocabulaire est indispensable avant de se lancer. Cours théoriques et séjours linguistiques sont complémentaires.»

Un adolescent de quinze ans ne revient pas bilingue d’un stage de quatre mois en Allemagne. Et le système scolaire est confronté à des réalités financières et pratiques, notent les spécialistes. Les jeunes doivent accepter de partir, posséder des connaissances suffisantes dans les autres branches pour pouvoir s’absenter, les familles doivent approuver et souvent consentir à accueillir un jeune chez elles à leur tour. L’instruction publique se dit responsable d’éveiller l’envie de participer à un séjour linguistique chez les élèves, mais n’entend pas les rendre obligatoires.

«L’immersion est une bonne chose, mais elle n’est pas possible pour tout le monde. Notre école ne peut pas tout faire», renchérit Jean Romain. Le député radical genevois, professeur de philosophie au collège et vice-président de l’association Refaire l’Ecole, estime par ailleurs qu’en se détournant il y a plusieurs décennies de la «colonne vertébrale» de la langue que sont la grammaire et la syntaxe, l’école a commis une grave erreur de vision.

Dans le débat autour de l’apprentissage de la langue à l’école, une option semble toutefois mettre beaucoup de monde d’accord: l’enseignement bilingue. Aujourd’hui, tous les cantons romands offrent la possibilité d’obtenir une maturité en deux langues, tantôt avec l’allemand, tantôt avec l’anglais. Concrètement, un minimum de 600 heures de cours donnés dans la langue d’immersion ou, plus rarement, l’accueil dans la région linguistique concernée permettent aux élèves d’acquérir de solides connaissances. L’approche continue de se développer et attire les candidats en masse. Mais, pour l’instant, de telles filières peinent à s’étendre à l’école obligatoire. Seuls les cantons bilingues proposent des projets d’une certaine envergure.