La consommation d’alcool des personnes âgées est une forme de consommation fréquente et méconnue.
La majorité des personnes âgées consomment rarement de l'alcool.
La moitié est complètement abstinente pour des raisons de santé. Il peut s’agir de la poursuite d’une consommation apparue tôt dans l’existence mais aussi d’un recours à l’alcool pour supporter une situation d’isolement ou un handicap nouveau.
Certaines complications de l’abus d’alcool sont spécifiques du sujet âgé. La plus fréquente et souvent la plus grave est le risque de chutes et de fractures. La dépendance aggrave tous les états pathologiques présents chez les seniors.
Deux types d’alcoolisme sont individualisés chez les seniors :
Alcoolisme à début précoce et ayant vieilli (2/3 des patients)
Alcoolisme à début tardif (après 60 ans)
Souvent, la quantité d’alcool consommée diminue de manière spontanée chez l’alcoolique âgé.
Cela est principalement dû au fait que le vieillissement abaisse le seuil de tolérance de l’alcool.
Des effets plus néfastes ?
L’action de l’alcool sur la tension artérielle et sur la fonction hépatique est particulièrement sévère après 60 ans. C’est encore plus le cas après 80 ans.
Les personnes âgées suivent souvent plusieurs traitements médicamenteux. La consommation d’alcool modifie le métabolisme de ces traitements. L’élimination de l’alcool est aussi plus lente chez le sujet âgé, ce qui est néfaste. Il en résulte un niveau d’alcoolisation plus élevé chez le sujet âgé, à quantité consommée égale.
Plus de 70 % des personnes âgées sont sous traitement, dont près de la moitié sont des tranquillisants et des sédatifs. L'alcool peut interférer avec ceux-ci comme avec l'ensemble des médicaments.
Ces interactions alcool-médicaments peuvent être dangereuses, voire mortelles. Les sujets ont aussi un risque accru de chute et de confusion avec de petites doses d'alcool associées à la prise de psychotropes.
Des effets plus forts ?
Les personnes âgée supportent particulièrement mal les effets de l’alcool sur la vigilance. Elles sont plus exposées que les autres aux accidents de la circulation et aux accidents domestiques quand elles consomment de l’alcool.
Les personnes de 65 ans et plus sont d'autant plus vulnérables à l'alcool qu'elles présentent des problèmes de santé caractéristiques de leur âge.
Les principaux problèmes liés à la consommation abusive d'alcool chez les personnes âgées sont :
une altération du système immunitaire, avec une diminution des capacités à réagir contre les infections et les cancers.
une augmentation de l'incidence :
- de cancers, notamment celui de l'oesophage
- de l'hypertension, des troubles du rythme cardiaque, de l'infarctus du myocarde et des cardiomyopathies
- des accidents vasculaires cérébraux
- de la cirrhose et autres maladies du foie
Le taux de mortalité par maladie cirrhotique est de 45 % pour le sujet âgé, alors que pour l'ensemble de la population, il n'est que de 22 %. Les accidents vasculaires cérébraux sont augmentés.
Chez les personnes âgées, l'alcool altère la vigilance, réduit l'équilibre et diminue le contrôle des sphincters.
Niveau de consommation
La quantité de boissons alcoolisées que l’on peut consommer « sans risques » varie avec l’âge. Elle est définie par l’OMS comme suit :
Pour un adulte :
2 verres/j pour les femmes
3 verres/j pour les hommes
Pour le sujet âgé :
1 à 2 verres/j pour les hommes comme pour femmes.
Se rendre compte
Le diagnostic d’abus ou de dépendance est souvent difficile et reste longtemps méconnu. Les quantités consommées sont souvent modérées. La personne âgée boit seule, en cachette. Son alcoolisation n'apparaît pas aux yeux de l’entourage. Les femmes en difficulté avec l’alcool associent souvent alcool et médicaments psychotropes.
Les conséquences sur les fonctions cognitives peuvent être confondues avec les effets d’un trouble démentiel débutant. Les modifications somatiques et biologiques peuvent être interprétées comme des signes d’affection organique.
Un des éléments diagnostiques utiles est la fluctuation des conséquences de l’alcoolisation au cours de la journée. Les symptômes d’une démence ou d’une dépression sont constants au cours de la journée ou d’un jour à l’autre. Ceux dûs à une prise d'alcool varient avec celle-ci...
Manifestations cliniques
Physiques
Atteintes cardiaques
Cancers
Cirrhose du foie
Troubles de l’érection
Maladies gastro-intestinales
Hypertension artérielle
Insomnie
Déficit nutritionnel entraînant une perte de poids
Ostéoporose
Chutes répétées ou accidents et traumatismes à répétition
Angiome stellaire, dilatation des capillaires du visage
Perte de la mémoire à court terme
Teint congestionné ou terreux
Tremblements
Psychologiques
Anxiété
Tendance à l’isolement
Troubles de l’humeur
Troubles du sommeil
Troubles de la mémoire
Troubles du comportement
Manque total de soin et d’hygiène
Etat confusionnel
Dépression
Troubles du caractère
Biologiques
Fréquente élévation des Gamma GT
Elévations des transaminases
Elévation du Volume Globulaire Moyen (VGM)
Conséquences d'une consommation excessive d'alcool
A long terme, la surconsommation d'alcool impacte fortement la santé !
L'alcool agit à presque tous les niveaux sur l'être humain. Tant au niveau psychique, que physique, l'alcool sévit également dans la vie sociale ou professionnelle.
Les atteintes physiques sur l'organisme sont nombreuses et bien réelles. L'ensemble des organes est exposé. La diminution fonctionnelle du foie est bien connue, mais il faut aussi savoir que les yeux, l'oesophage ou le coeur sont sévèrement touchés par l'abus d'alcool.
L'alcool occasionne d'importants dégâts sur le cerveau. Ces atteintes sont irréversibles, et encore plus marquées chez les sujets jeunes abusant de boissons alcoolisées.
Le système nerveux est touché par l'excès d'alcool : troubles de la marche ou possible survenue de crises
d'épilepsie, l'alcool fragilise tout le système nerveux de l'organisme.
Au delà des atteintes purement physiques, l'alcool entraîne également :
une exclusion sociale en coupant du reste des individus
des difficultés familiales menant souvent à des conflits ou à une séparation
des dommages professionnels par manque de motivation, abscence, ou manque de concentration
L'ensemble de ces dégâts et atteintes représente un très lourd coût pour la société, aussi bien en terme de soins à apporter qu'en terme de force de travail non utilisable.
Egger Ph.