Deux bureaux d’architectes et de paysagistes s’apprêtent à soumettre leurs projets concernant le réaménagement des Grand-Places. Le lauréat sera connu en novembre.
Des Grand-Places, au centre-ville de Fribourg, on connaît actuellement la Plage et ses agréables transats. Mais l’endroit fait également l’objet de grandes réflexions. Pour mémoire, la ville prévoit de réaménager cette zone située derrière le bâtiment de la salle de spectacle Equilibre. Et les choses commencent à bouger puisque deux candidats ont été retenus afin de présenter un projet à la commune. Le lauréat sera connu en novembre.
Mais revenons un peu en arrière. La capitale cantonale a mis en place un «processus participatif» selon le vœux de l’architecte de ville, Thierry Bruttin, afin de définir le futur visage des Grand-Places. Des «marches» auxquelles avaient participé riverains et utilisateurs des lieux, ont ainsi été organisées en mai 2010, et ont débouché, un an plus tard, sur un livret de 230 pages synthétisant leurs suggestions.
Bloqué durant plusieurs mois à cause du recours de l’architecte Vincent Mangeat, rejeté par le Tribunal cantonal, le processus participatif a repris au début de cette année avec la mise en place d’«ateliers citoyens», soit des échanges entre les cinq concurrents en lice et les citoyens («LL» du 27 février). Une façon pour ces architectes, urbanistes et paysagistes venus de Suisse mais aussi de l’étranger de nourrir leurs projets de réaménagement des Grand-Places. «A la suite de ces ateliers, le collège d’experts, chargé d’évaluer les projets, a retenu deux équipes au mois d’avril. L’une d’entre elles est issue de Lausanne et l’autre de Venise et Milan», indique Thierry Bruttin.
Suppression du Gemelli
Un second atelier a ensuite été organisé, au début du mois de juillet. «Il a réuni les bureaux sélectionnés et les propriétaires concernés par le périmètre qui fait l’objet de l’étude (ndlr: Manor, Fribourg Centre, NH Hotel, Migros, Poste, entre autres).» Les participants ont eu l’occasion, durant cette séance à laquelle la presse n’était malheureusement pas conviée, d’évoquer certains travaux futurs liés à ce secteur. Citons notamment le projet du groupe Parvico SA de parking souterrain reliant les parkings de Manor et celui de Fribourg Centre avec une sortie du côté de la Route-Neuve.
Parmi les autres enjeux figure, évidemment, l’avenir du restaurant Gemelli souvent considéré comme «problématique» dans ce site sensible… «Les deux bureaux préconisent en effet la suppression du Gemelli», explique l’architecte de ville. Et d’insister sur le fait que le fameux bâtiment ne peut pas être «rasé» sans contrepartie.
Il est situé, faut-il encore le rappeler, sur une parcelle appartenant à la ville qui a, en 2010, renoncé à modifier les bases de l’accord du Droit distinct et permanent (DDP) qui la lie à la société Nordmann, propriétaire du restaurant. A moins que les deux parties trouvent un terrain d’entente, le Gemelli peut donc rester en place jusqu’en… 2052!
Côté compromis, les architectes lausannois et milanais ont avancé deux pistes. La première est de construire un bâtiment, «ailleurs sur le site et un peu en retrait», qui remplacerait le Gemelli. «Ce nouvel édifice sera plus respectueux du paysage. La seconde idée propose d’utiliser la maison de l’ancien stand de tir, propriété de la ville (ndlr:située aux Grand-Places 12 et actuellement occupé par un pub) pour y loger le restaurant», ajoute Thierry Bruttin.
Finances pas évoquées
Directeur général de la société Nordmann, Alain Deschenaux ne souhaite pas prendre position sur ces deux pistes. «Notre société ne gère pas le restaurant dont l’exploitation est assurée par un locataire qui dispose d’un bail de longue durée», tient-il à préciser. Et d’ajouter: «Nous attendons de connaître le projet que choisira la ville et quel arrangement financier elle peut nous proposer. Qui va, par exemple payer la construction d’un nouveau bâtiment? Et les pertes découlant du transfert du restaurant?», s’interroge le directeur de Manor pour lequel les considératons financières n’ont jamais été évoquées durant les ateliers organisés par la ville.
Des questions qui devraient certainement trouver des réponses d’ici la fin de l’année. Le collège d’experts doit en effet se réunir à la fin du mois d’octobre afin de sélectionner le meilleur projet. On connaîtra par conséquent le lauréat dans le courant du mois de novembre. «Son projet sera ensuite développé en 2014 et nous espérons présenter une première étape du réaménagement au Conseil général au début 2015. Tout dépendra des mises à l’enquête mais on imagine une première intervention concrète à la fin 2015», indique Thierry Bruttin. I
Un blog sur le réaménagement des Grand-Places est disponible ici
Stéphanie Schroeter