Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

lundi 17 mars 2014

L’amour au temps de Facebook


Impossible de dissimuler les aléas de sa vie amoureuse au réseau social de Mark Zuckerberg. Les statisticiens de l’entreprise sont capables d’anticiper romances comme ruptures.

«Pendant les cent jours qui précédent le début d’une relation amoureuse, on observe une lente mais solide augmentation du nombre de publications partagées entre le futur couple sur leur timeline», explique Carlos Diuk, statisticien chez Facebook. Nul ne l’ignore, notre intimité n’a aucun secret pour l’entreprise de réseautage. Mais qui supputerait toutes les analyses possibles et imaginables faites à partir de nos posts? La récente mise en ligne des travaux des analystes du réseau social de Mark Zuckerberg est stupéfiante.

Le département «analyse de données» de Facebook a publié, à l’occasion de la Saint Valentin,  une série d’articles sur les relations amoureuses de ses 1,2 milliards d’utilisateurs. Une étude portant sur la genèse d’une nouvelle relation amoureuse a été menée sur 460′000 couples et leurs 18 millions de posts. L’échantillon n’a pris en compte que les couples qui ont déclaré une date anniversaire de leur couple (entre le 11 avril 2010 et le 21 octobre 2013) et qui sont restés au moins 100 jours avec le statut «célibataire», puis au moins 100 jours avec le statut «en couple». Tous les messages échangés entre les «murs» des deux partenaires, avant, pendant, et après qu’ils ne se déclarent officiellement en couple sur Facebook ont été recensés.

Premier constat, durant la phase de séduction, des signaux allant en crescendo sont envoyés avec un pic 12 jours avant l’annonce du changement de statut. Une fois la relation officialisée, «on observe une augmentation générale des sentiments positifs après le jour 0 de la relation, avec une augmentation importante entre le jour 0 et le jour 1». C’est la joie partagée! Facebook est donc à même de repérer — pas simplement parce que vous êtes passé du statut de «célibataire» à «en couple» — lorsque vous tombez amoureux. En témoigne un soubresaut dans la courbe formée à partir du nombre de vos posts. Une preuve pour les sociologues quantitatifs des réseaux sociaux.

Il fut un temps où l’entourage des amoureux, sans s’affubler de titres pompeux, s’adonnait en l’ignorant à de la «structural and quantitative sociology». Leurs instruments de mesures n’enregistraient pas des «posts» mais d’autres données quantitatives pour apprécier l’évolution d’une relation. Ainsi, ces parents qui interpellaient leur Tanguy: «Elle te téléphone combien de fois par jour ta dulcinée? Vous vous mettez bientôt en ménage?» La génération précédente était renvoyée non à ses conversations téléphoniques mais à son courrier postal: «Il en a des choses à te dire ton amoureux! Il doit bien rire le facteur avec toutes ces lettres pour toi.». Bref! Facebook ne fait pas preuve d’une grande originalité dans son approche. De tout temps, la quantification des messages échangés entre deux personnes a constitué une méthode fiable d’analyse de l’intensité de leur relation.

L’amour ne dure plus cinquante ans, comme dans le roman de Gabriel Garcia Márquez. Nous ne sommes plus «au temps du choléra» mais des réseaux sociaux. Tout s’accélère, même la survenue des anicroches qui vont conduire à la fin de la relation. Dans une autre étude, Adrien Friggeri, chercheur chez Facebook, a analysé le comportement d’utilisateurs sur les quatre dernières semaines de leur relation amoureuse, c’est-à-dire les quatre dernières semaines avant que son ou sa partenaire ne change son statut de «en couple» à «célibataire».

«On observe une forte discontinuité au moment de la rupture, avec une hausse du nombre de messages échangés de 225%, qui se stabilise ensuite graduellement au cours de la semaine qui suit, mais à un niveau bien supérieur à celui qui précède la rupture», analyse Adrien Friggeri. Cela s’explique par le fort soutien que reçoivent les utilisateurs de la part de leurs amis pendant les périodes difficiles.

Quand la probabilité de rupture est-elle la plus forte? Un couple âgé a-t-il plus ou moins de chance de se séparer? Dans quelles villes américaines trouve-t-on le plus de femmes célibataires par rapport au nombre d’homme célibataires? La réponse à ces questions et à bien d’autres se trouve sur le blog du réseau social. Curiosité mal placée pour les uns, judicieuse exploitation scientifique de l’énorme gisement de données numériques en sa possession pour les autres. Comme le signale le titre d’un ouvrage récent passionnant de Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukier, avec «Big data, la révolution des données est en marche».