Le village aveyronnais de Laguiole est surtout célèbre pour le couteau auquel il a donné son nom. Mais dépossédé de l’usage commercial de celui-ci et condamné à verser 100 000 euros à son adversaire, il a appelé jeudi toutes les communes de France à la rescousse, se disant victime d’une catastrophe «surnaturelle».
«Nous lançons un appel à solidarité auprès des 36 000 communes de France. Les collectivités s’entraident quand il y a des catastrophes naturelles. Nous, nous sommes victimes d’une catastrophe surnaturelle!», a déclaré à l’AFP Vincent Alazard, maire de Laguiole, en marge d’une conférence de presse.
«Nous sommes en état de rébellion même si nous respectons les institutions», a dit le maire. Il écrit lundi au président de la République pour lui demander son aide, après une nouvelle décision de justice empêchant Laguiole de retrouver l’usage commercial de son nom.
La composition d’un vrai couteau de poche pliant de Laguiole | |
1 - Côte gauche |
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Un habitant du Val-de-Marne, Gilbert Szajner, a toutefois déposé dès 1993 la marque Laguiole. Il la commercialise actuellement pour vendre des couteaux importés et d’autres produits fabriqués en Chine ou au Pakistan.
Le 4 avril, la Cour d’appel de Paris a débouté la commune de 1300 habitants qui souhaitait voir la justice reconnaître «une spoliation», une pratique commerciale «trompeuse» et une «atteinte à son nom, à son image et à sa renommée». «Si un entrepreneur de Laguiole souhaite fabriquer un plateau de fromages avec le nom de Laguiole, il se retrouve en contrefaçon d’un produit chinois!», a dit le maire.
«Et, maintenant, nouvelle aberration, nous voilà condamnés à payer 100 000 euros (un peu plus de 120 000 francs) de frais de justice - soit près de 10% de notre budget - à ce monsieur qui gagne de l’argent avec notre nom!», a-t-il protesté, tout en précisant que la commune envisageait de déposer un pourvoi en cassation.