Le texte de l'Union suisse des paysans soutenu par l'UDC demande que la Confédération renforce l'approvisionnement de la population avec des denrées alimentaires issues d'une production indigène durable et variée.
L’Union suisse des paysans veut protéger les terres cultivables et remettre la production au centre de l’agriculture.
L'Union suisse des paysans (USP) a lancé mardi son initiative «pour la sécurité alimentaire». Le texte trouve son origine dans la politique agricole 2014-2017 décidée par le parlement. Un groupe mené par le conseiller national Rudolf Joder (UDC/BE) avait lancé sans succès l'an dernier un référendum contre cette politique. Or les adversaires de cette politique ont désormais les paysans dans leur camp.
Directeur de l'USP, le conseiller national Jacques Bourgeois (PLR/FR) explique le pourquoi de l'initiative
L'approvisionnement en denrées alimentaires est l'un des plus gros enjeux de notre temps, a rappelé le président de l'USP Markus Ritter. Sachant que la Suisse pourrait compter 10 millions d'habitants en 2050, la demande ne cesse de croître, alors que les terres cultivées se réduisent, constatent les initiants.
Relever les défis à venir
L'USP ne veut pas faire marche arrière ou arrêter le temps mais relever les défis de l'avenir comme la croissance démographique, les changements climatiques et la diminution des ressources, a expliqué Markus Ritter.
Depuis l'an 2000, près de 14'000 exploitations paysannes et près de 33'000 hectares ou 330 km2 de terres agricoles ont disparu en Suisse. Cela n'est pas resté sans effet sur le taux d'auto-approvisionnement du pays, 58%, l'un des plus bas au monde.
Moins de grandes cultures, moins de céréales panifiables, moins de betteraves: pour Rudolf Joder, la politique agricole fait fausse route en visant une diminution de la production agricole et une hausse de la bureaucratie. Cette tendance doit être inversée grâce à l'initiative. A ses yeux, rien ne légitime de continuer à décimer l'agriculture.
Les objectifs de l'agriculture, à savoir l'approvisionnement de la population et la préservation de l'environnement et des ressources naturelles, ne sont plus garantis dans les conditions actuelles, selon les initiants.
Stratégie de qualité
Pour cette raison, l'article 104a doit compléter la constitution, a expliqué le directeur de l'USP Jacques Bourgeois. La Confédération doit renforcer l'approvisionnement avec des denrées alimentaires issues d'une production indigène diversifiée et durable. A cette fin, il doit prendre des mesures efficaces, notamment contre la perte des terres cultivées et mettre en oeuvre une stratégie de qualité, qui exclut notamment les OGM.
Les initiants ont jusqu'au 4 août 2015 pour récolter les 100'000 signatures nécessaires, mais espèrent en recueillir un maximum en peu de temps, notamment grâce à deux journées nationales le 15 février et 15 mars.
Les Verts suisses se préoccupent également du contenu de nos assiettes avec leur initiative «pour des denrées alimentaires produites de manière durable». A l'inverse de celle de l'USP, celle-ci ne distingue toutefois pas les denrées alimentaires indigènes des importées. Enfin, le syndicat paysan Uniterre se tâte et pourrait lui aussi lancer une initiative sur la souveraineté alimentaire.
Egger Ph.