La Commission européenne vante les mérites d'un système d'accompagnement à distance des personnes âgées, qui sera commercialisé en 2015, à base de robots et de capteurs qui surveillent les moindres actions du retraité.
"À 94 ans, mammy Lea ne pouvait plus vivre seule mais voulait quand même rester chez elle. Dans notre société vieillissante, de nombreuses personnes âgées sont dans la même situation. La robotique offre une solution sûre et économique à ce problème", assure Bruxelles dans un communiqué qui a tout du story telling moderne. La solution proposée par GiraffPlus devrait être commercialisée à partir de 2015, et ne sera certainement pas prise en charge par l'assurance sociale.
Outre un robot muni de caméras qui se déplace dans la maison et qui permet de communiquer avec des proches ou des professionnels de santé par l'intermédiaire d'un écran, GiraffPlus équipe le domicile de toute une série de capteurs qui envoie des informations très précises sur les actions du retraité : déplacement dans une pièce, ouverture de portes, utilisation de certains appareils électriques, sommeil... Le robot permet par ailleurs de collecter une série d'informations médicales telles que la pression sanguine ou le taux de glycémie, qui sont envoyées à distance aux médecins pour contrôle. En cas de chute, le personnel est alerté et le robot peut se déplacer pour vérifier si la personne est consciente.
"Oui, je sais que vous espionnez le moindre de mes mouvements", dit avec amusement la grand-mère dans la vidéo promotionnelle publiée par la Commission européenne :
"Nous ne rajeunissons pas mais nous tenons tous à conserver notre dignité, notre droit au respect et notre indépendance quand nous vieillissons. L'UE investit dans denouvelles technologies qui peuvent aider les seniors, non seulement en prolongeant la vie, mais aussi en la rendant plus vivable !", se réjouit Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne en charge de l'Agenda Numérique.
Le communiqué précise que le marché des 65 ans et plus représente plus de 3 000 milliards d'euros de revenus disponibles, "dont une grande partie sera réinjectée dans l'économie des soins". Mais l'on peut douter que les retraités les plus modestes aient accès à ce type de service, qui pourrait accentuer la fracture sociale entre les personnes âgées les plus aisées et les plus pauvres.
Le système de GiraffPlus sera commercialisé avec un forfait initial, auquel s'ajoutera un abonnement mensuel. Mais la Commission estime que le service pourrait être "concurrentiel par rapport aux services de soins à temps plein, qui sont de plus en plus coûteux".
Alors, pour vos vieux jours, robot-espion à domicile, ou maison de retraite ? Solitude numérique, ou parties de Scrabble ?