La piste d'une transmission à l'homme par les dromadaires du coronavirus MERS, qui a fait une centaine de morts en Arabie saoudite, a été renforcée, vendredi, par une étude de l'Université de médecine vétérinaire de Vienne.
Quelle est l'origine du coronavirus MERS, qui a fait une centaine de morts en Arabie saoudite? Selon une nouvelle étude publiée vendredi, la piste d'une transmission par les dromadaires n'est pas à exclure.
Cette nouvelle étude, réalisée par les spécialistes des virus Norbert Nowotny et Jolanta Kolodziejek (Université vétérinaire de Vienne), confirme que des virus MERS sont effectivement présents chez certains dromadaires élevés à Oman et montre surtout que ces virus sont "très proches" de ceux ayant infecté l'homme.
Des échantillons prélevés sur les muqueuses des nasaux et yeux de 76 dromadaires à travers tout le Sultanat d'Oman ont montré la présence du coronavirus MERS sur cinq bêtes.
L'analyse génétique (ARN) de ces virus a démontré la grande proximité non seulement avec d'autres coronavirus MERS retrouvés sur des dromadaires au Qatar et en Egypte, mais aussi avec des virus ayant infecté des humains.
"Les résultats de notre étude (...) monte une relation génétique étroite entre les coronavirus MERS des dromadaires et des humains en provenance de mêmes zones géographiques, ce qui suggère une transmission locale par animaux" écrivent les chercheurs dans leur article publié dans Eurosurveillance, revue européenne d'épidémiologie.
"Un seul virus affecte dromadaires et humains"
"Cela signifie qu'il n'y a pas de souche spécifique pour les dromadaires et qu'un seul virus affecte dromadaires et humains" a commenté Norbert Nowotny dans un communiqué de l'Université de médecine vétérinaire de Vienne.
La concentration élevée de virus retrouvée sur les muqueuses nasales et conjonctives de certains dromadaires, suggère une transmission "probable" à l'homme par contact avec ces zones, en particulier à travers les écoulements nasaux, selon la même source.
Le MERS est relativement proche du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) qui avait fait près de 800 morts, principalement en Chine, en 2002 et 2003.
Mais alors que le SRAS a "probablement" passé ponctuellement la barrière de l'animal à l'homme puis s'est diffusé facilement entre hommes, le MERS se transmet, lui, de manière régulière "des dromadaires aux humains", estime Norbert Nowotny.
Le dernier bilan officiel de l'OMS (26 avril) fait état de 293 cas confirmés d'infection par le MERS, dont 93 morts.
Arabie Saoudite: le cap des 100 décès dus au coronavirus MERS dépassé
L'inquiétude de la population grandit dans le royaume face à cette mystérieuse maladie dont on ignore le mode de transmission. Les habitants se ruent sur les masques. D'autant que les décès semblent s'accélérer en Arabie Saoudite.
Le ministère de la Santé a annoncé dimanche soir le décès dû au coronavirus de huit nouvelles personnes, dont un nourrisson de neuf mois, ce qui porte à 102 le nombre de morts depuis juin 2012 en Arabie Saoudite.
Les décès se sont accélérés: 15 au cours de ce week-end, et 39 depuis le début du mois d'avril. Huit nouveaux cas de personnes contaminées ont par ailleurs été signalés dimanche soir, parmi lesquels figurent deux médecins -un Syrien et un Egyptien - et deux infirmières philippines d'un même hôpital de Tabouk, dans le nord-ouest du pays, selon le ministère.
La propagation du virus a commencé à provoquer un début de panique, notamment à Jeddah, deuxième ville du royaume où les habitants se sont rués sur les pharmacies pour acheter des masques.
Des parents cessent d'envoyer leurs enfants à l'école
"La demande sur les masques a augmenté de 1.000% au cours des deux dernières semaines. Tous nos stocks ont été épuisés", a déclaré un pharmacien de la ville à l'AFP. Beaucoup de parents ont cessé d'envoyer leurs enfants à l'école, d'autant que l'on ignore toujours comment le virus se transmet.
Plus tôt en avril, la multiplication des cas à Jeddah avait entraîné la fermeture pour 24 heures du service des urgences de l'hôpital du roi Fahd, le plus grand de la ville. C'est dans ce contexte que le ministre de la Santé, Abdallah al-Rabiah, a été relevé de ses fonctions lundi dernier.
Le ministre du Travail Adel Faqih, chargé de l'intérim, a annoncé samedi que trois centres médicaux seraient désormais chargés de recevoir les personnes contaminées par le virus: un à Jeddah, un à Ryad et le dernier dans la province orientale du royaume où les premiers cas étaient apparus.
Il n'existe pour l'heure aucun vaccin ou traitement préventif contre le MERS. Le ministère saoudien de la Santé a demandé à cinq firmes pharmaceutiques mondiales de collaborer avec lui pour tenter, sur la base des informations disponibles sur la maladie, de mettre au point un vaccin.