La CGT-Cheminots et SUD-Rail mettent en avant une réforme ferroviaire qu'ils contestent. La réalité est tellement différente !
Les leaders syndicaux reprochent au gouvernement son projet de réforme ferroviaire, le tout sur fond d'ouverture à la concurrence du rail européen exigée par Bruxelles et prévue pour 2019. C'est ce qu'ils nous répètent dans toutes leurs interventions audiovisuelles. Selon eux, il s'agit une nouvelle fois de défendre le fameux "service public à la française", attaqué par les technocrates de Bruxelles et les "ultralibéraux" du capitalisme européen qui veulent faire concurrence à la SNCF. On connaît la chanson, et depuis longtemps.
En réalité, et comme d'habitude, les cheminots cherchent à défendre leur statut et tous les privilèges qui vont avec. Et cela, quelles que soient les circonstances. Ils n'ont jamais peur et jamais honte de faire grève aux pires moments pour les "usagers", ce terme étrange qui désigne les "clients" partout dans le monde civilisé sauf en France. Ils ont donc confirmé leur grève pour ce début de semaine et peu importe que ce soit pendant les sessions du bac !
Il faudrait les plaindre ?
Et peu importe également que deux TGV aient été bloqués le week-end dernier dans le Var pendant toute la nuit de samedi à dimanche, avec 2 300 "usagers" à bord ! Un porte-parole de la SNCF avait alors déclaré que la nuit avait été "difficile pour les voyageurs et les cheminots". Ah bon ! Les cheminots, aussi, ont souffert, les pauvres... Il faudrait les plaindre ? Le porte-parole, dans un éclair de lucidité sans doute, avait quand même ajouté que la gestion de "l'incident" avait été compliquée par "le contexte de grève". On ne saurait être plus clair : pendant une grève, les secours ne fonctionnent pas de la même façon.
Le plus insensé est que cette grève tombe au moment où l'on apprend que quelques bonbons supplémentaires vont être offerts sous la forme de très généreuses indemnités aux salariés de la SNCF qui accepteraient un départ anticipé à la retraite. De quoi s'agit-il ? D'un projet de "cessation des activités des agents du cadre permanent-départ volontaire". En langage non technocratique, de départs anticipés à la retraite. La prime versée par la SNCF pourrait aller jusqu'à deux ans de salaire, selon un article des Échos du 6 juin passé inaperçu, et le guichet serait ouvert jusqu'à fin 2016. Deux ans de salaire : un vrai "golden bye-bye ", comme chez les P-DG du CAC 40 !
Rappelons qu'à la SNCF le "personnel roulant" part à la retraite à 50 ans (55 ans pour les ouvriers et 60 ans pour les sédentaires), âge porté très progressivement à 52 ans à la suite des réformettes de 2008 et 2010. Et qu'à la retraite ils touchent plus des trois quarts de leur dernier salaire, comme chez les fonctionnaires ! Un statut en or massif !
Quand l'alcool coule à flots à la SNCF, les usagers trinquent
Dans un poste d'aiguillage sensible, des cheminots ivres, un incident évité de justesse. Des images exclusives qui font froid dans le dos.
L'agent SNCF qui, en février, a filmé ses camarades au "travail" n'est pas un délateur. Il a eu peur, six mois après l'accident ferroviaire de Brétigny-sur-Orge qui a causé la mort de sept personnes et en a blessé trente autres en juillet 2013, qu'une nouvelle catastrophe se produise. Il s'est d'abord tourné vers sa hiérarchie pour témoigner de la série de dysfonctionnements dont il était témoin : l'introduction d'alcool - comme on le voit sur cette vidéo - n'est pas le moindre. Une série de négligences qui pourraient être fatales, surtout aux heures de pointe. Mais ses supérieurs sont restés dubitatifs.
"Rien de grave"
Il a donc filmé une salle de travail, dédiée à un apéro au punch, dont la recette est ici détaillée : rhum-piment-citron. L'alcool est conservé dans une bouteille d'eau minérale. On se rince le gosier tout en jetant un oeil sur le poste d'aiguillage. Dans la séquence, un aiguilleur manque de faire rater un embranchement à un train alors que celui qui l'a précédé est toujours à quai. "Rien de grave", commente le fautif, reprenant une gorgée de punch pour se rassurer.
Finalement, le vidéaste-lanceur d'alerte a été licencié par la SNCF après un examen au grade supérieur raté ! Un prétexte ? Il est vrai que ses supérieurs directs mais également la direction des infrastructures ont pu être agacés qu'il tire trop souvent le signal d'alarme. Contactée par Le Point.fr, la SNCF affirme condamner la présence d'alcool sur un lieu de travail si ces faits sont avérés.
À la SNCF, tout est possible... même le pire ?
Jean Nouailhac
Aziz Zemouri