Le brunch à la ferme le jour de la fête nationale séduit toujours les agriculteurs romands, en particulier ceux ayant déjà un contact avec le public, alors qu'il connaît une baisse outre-Sarine.
Le traditionnel brunch du 1er Août séduit de moins en moins les paysans, rappelait le Blick lundi. Alors que 535 fermes participaient lors de la première édition en 1993, seules 350 tenteront l'aventure en 2014, selon les chiffres de l'Union suisse des paysans (USP).
La tendance nationale ne se vérifie toutefois pas au niveau romand. "Avec 77 brunches organisés, on dépasse même la moyenne des dernières années", indique Loïc Bardet, coordinateur du Brunch pour la Suisse romande. Pourtant, la situation varie beaucoup d'un canton à l'autre.
Le canton de Vaud en recul
Ainsi, le nombre d'exploitations mobilisées pour la fête nationale a été divisé par deux dans le canton de Vaud en dix ans, passant de 32 à 14. A l'inverse, en Valais et à Fribourg, les inscriptions sont en hausse.
"C'est vrai qu'après l'enthousiasme des premières années, beaucoup de fermes ont arrêté en raison du lourd investissement que représente un tel événement", reconnaît Andrea Bory, de Prometerre Vaud.
Un effort considérable
Au-delà du repas à préparer, les agriculteurs doivent rendre leurs locaux conformes aux attentes d'un monde citadin. "Parfois, il y a une semaine de travail de nettoyage et de préparation en amont", explique-t-elle. Et de préciser: "Même si on ne reçoit que 40 personnes, il faut penser à plein de petites choses comme l'installation de toilettes chimiques."
"Certains se lassent de fournir de tels efforts pour accueillir des visiteurs et entendre des gens se plaindre parce qu'il y a des mouches ou qu'il faut attendre", souligne de son côté Frédéric Ménétrey, directeur de la Chambre fribourgeoise d'agriculture.
Intérêt touristique
C'est qu'en plein coeur de l'été, alors que les moissons battent souvent leur plein, les paysans ont souvent d'autres grains à moudre. De tels événements rapportent en outre peu aux organisateurs. De 1000 à 2500 francs, selon l'USP.
Conséquence: dans le canton de Vaud comme ailleurs, les participants sont rarement des exploitations standard. "Les organisateurs de brunches ont souvent une activité de table d'hôtes ou de vente directe", confirme Frédéric Ménétrey à Fribourg. "Les participants réguliers sont surtout des viticulteurs et des buvettes d'alpage", renchérit Nelly Claeyman Dussex, collaboratrice à la Chambre valaisanne d'agriculture.
Au-delà de la rencontre entre monde paysan et monde citadin, les brunches trouveraient un second souffle grâce au développement de l'agritourisme que certains cantons, comme le Valais, encouragent vivement.
Une évolution "logique", selon l'USP
De plus en plus de fermes habituées à accueillir du public - par le biais de chambres ou tables d'hôtes ainsi que d'activités de vente directe - participent à l'organisation de brunches du 1er Août.
"C'est une évolution logique", réagit Brigitte Süess, responsable des brunches à l'Union suisse des paysans. "Les exploitations qui reçoivent déjà du public disposent déjà de toilettes, de frigos et d'autres infrastructures que les exploitations standard n'ont pas. L'effort à fournir est donc plus grand pour ces dernières", poursuit-elle.
Pour l'avenir, la coordinatrice espère motiver de nouvelles fermes grâce au projet pilote "Tavolat Brunch", une nouvelle formule développée par l'USP dans l'objectif de limiter le nombre de participants à une vingtaine de personnes autour d'une table de cuisine. Et de renouer avec plus de convivialité.
Juliette Galeazzi