Les fêtes de noël approchent et beaucoup d’entre vous n’envisagent pas leur tablée sans le fameux « foie gras ». Et pourtant, les polémiques sont nombreuses autour de ce produit à la française.
Et pour cause, le gavage des oies et son côté « barbare » est souvent pointé du doigt, divisant les pros foie gras, soucieux de la tradition et de la gastronomie française et les antis foie gras, qui se soucient du bien-être animal et condamnent la pratique du gavage. Impossible de concilier les camps, en revanche est-il possible de concilier le foie gras et le bien-être animal ?
Le foie gras, la maladie qui se mange
Le foie gras est un produit qui fait partie du patrimoine culturel français et qui participe de près à la renommée mondiale de sa gastronomie. Mais à quel prix ?
Est notamment pointé du doigt, l’alimentation forcée des animaux. Et les images montrant des canards et des oies gavés à grand renfort de tube enfoncé de œsophage au jabot laissent rarement insensibles. Ainsi, est décriée cette pratique odieuse qui résulterait à une grande souffrance animale.
Pour bien comprendre, esquissons les contours de la production de foie gras.
Les canards utilisés pour le gavage sont des canards dits « mulards ». Il s’agit d’hybrides stériles obtenus par croisement entre un canard de barbarie mâle et une canne commune. Ils sont muets et ne savent pas voler.
Seuls les mâles sont sélectionnés, le foie des femelles étant trop nervé.
Le gavage : il consiste à administrer de force à l’aide d’un tuyau enfoncé de œsophage au jabot de l’animal, des aliments très énergétiques.
Sur un cycle de vie complet d’un animal, qui se situe environ à 105 jours, la période de gavage dure entre 10 et 14 jours (soit 10 à 13% de la durée de vie de l’animal). Les oiseaux ne mâchent pas leur nourriture et ils ont un gosier très élastique. Cela leur permet de stocker de grandes quantités de nourriture dans œsophage, en attendant que ces dernières soient digérées par l’estomac.
Le foie gras est l'effet d'une pathologie
Les effets du gavage : après le gavage, une pathologie se déclare en raison de l’excès d’alimentation. Il s’agit de la stéatose hépatique nutritionnelle.
Cette maladie se caractérise par la présence d’acides gras stockés dans les cellules du foie. Ce stockage résulte d’une saturation des capacités d’exportation des acides gras. Ceci permet de faire grossir le foie et d’obtenir le foie gras cru (le foie sera ensuite préparé et cuit avant d’atterrir dans vos assiettes)
Abattage de l’animal pour la confection du foie gras
Nombreux sont ceux qui s’insurgent contre cette pratique. Et dans cette lutte, ils avancent des arguments non-négligeables :
Le saviez-vous ?
Selon un sondage CSA / SNDA (Société nationale pour la défense des animaux) et Stop gavage, 44 % des Français sont contre le gavage des oies et des canards et 63,2 % pensent que cette pratique est cause de souffrance pour ces animaux.
Les conditions de vie des animaux :
Souvent les oiseaux sont parqués dans des cages toutes petites, empêchant chacun de leur mouvement et les contraignant à la stagnation. Des conditions de « détention » stressantes et incompatibles avec un quelconque bien-être animal.
Les quantités énormes ingurgitées par les animaux durant le gavage : en 45 à 60 secondes, ou grâce des techniques plus «modernes» comme la pompe pneumatique, en 2 ou 3 secondes, l’animal ingurgiterait plus de 450g d’aliments. Et ce, 2 fois par jour.
A titre de comparaison, pour un homme de 70 kg, cela représenterait 7 kg de pâtes sur deux repas, et cela en quelques secondes. Il est à noter cependant et fort heureusement que les capacités physiologiques des oiseaux sont différentes de celles des êtres humains. Cet exemple a le mérite de faire comprendre le phénomène.
Suite au gavage, les effets néfastes sur l’animal : ce dernier est pris de diarrhées et halètements. Son foie hypertrophié qui va atteindre 10 fois son volume normal en fin de gavage, rend sa respiration difficile et ses déplacements pénibles. Les sacs pulmonaires sont compressés et le centre de gravité de l’animal déplacé. Mais aussi des inflammations graves de œsophage consécutives à un gavage violent.
Et si manger du foie gras n’était plus synonyme de culpabilité ?
Difficile de faire la part du vrai du faux.
Commençons d’abord par la définition du bien-être animal : il n’y en a pas véritablement, mais l’Organisation Mondiale de la Santé Animale essaye d’apporter quelques notions.
Elle entend donc le bien-être animal comme « la manière dont un animal évolue dans les conditions qui l’entourent. Le bien-être animal (évalué selon des bases scientifiques) est considéré comme satisfaisant si les critères suivants sont réunis : bon état de santé, confort suffisant, bon état nutritionnel, sécurité, possibilité d’expression du comportement naturel, absence de souffrances telle que douleur, peur ou détresse ». La question maintenant est de savoir si ce bien-être est compatible avec la production de foie gras.
Foie gras – ce que dit la législation française :
•Les animaux reçoivent une alimentation saine, adaptée à leur âge et à leur espèce.
•Aucun animal n’est alimenté ou abreuvé de telle sorte qu’il en résulte des souffrances ou des dommages inutiles.
•Les méthodes d’alimentation et les additifs alimentaires qui sont source de lésions, d’angoisse ou de maladie pour les canards ou qui peuvent aboutir au développement de conditions physiques ou physiologiques portant atteinte à leur santé et au bien-être ne doivent pas être autorisés.
•La liberté de mouvement propre à l’animal, compte tenu de son espèce et conformément à l’expérience acquise et aux connaissances scientifiques, ne doit pas être entravée de telle manière que cela lui cause des souffrances ou des dommages inutiles.
•Les systèmes d’hébergement pour les canards doivent permettre aux oiseaux de : se tenir debout dans une posture normale, se retourner sans difficultés, déféquer en effectuant des mouvements normaux, battre des ailes, effectuer des mouvements normaux de lissage de plumes, interagir normalement avec d’autres individus, accomplir les mouvements normaux liés à la prise d’aliments et d’eau.
En France, des sites internet tels que elevage-gavage.fr/ tentent de sensibiliser le public et de montrer que le respect du bien-être animal est assuré dans la production du produit. On note une certaine conscience et responsabilité des producteurs. Mais cela est-il suffisant ?
En Espagne, au Québec ou encore aux Etats-Unis, des initiatives plus probantes ont été lancées.
En effet, des éleveurs ont mis en pratique des élevages en semi-liberté en développant parallèlement des techniques alternatives leur permettant de produire et de commercialiser du foie gras obtenu naturellement, sans gavage forcé.
Ces techniques, considérées comme « éthiques » se sont basées sur un principe simple : le réflexe atavique des oies. En effet, ces dernières se gavent naturellement en prévision de la migration hivernale. Le principe ?
Les nourrir avec du grain à volonté dès la naissance ainsi qu’au moyen de bouillie de maïs roulée dans la mélasse, un à deux mois avant l’abattage. Les oies sont friandes de cette nourriture, qui servie en petites quantités à la fois, déclenche chez elles une certaine peur de manquer, les incitant ainsi à s’alimenter davantage.
Dans ce mode de production, nul gavage contraint et nul stress pour l’animal : une voie encore peu développée mais qui permettrait peut-être de faire du foie gras tout en veillant au bien-être de l’animal.
Faux Gras, un faux foie gras 100% végétal
Connaissez-vous le Faux Gras ? Il n’a peut-être pas le goût du foie gras, mais il est végétal et, à défaut de plaire à tous, il fait beaucoup parler de lui.
Déjà, certaines contraintes apparaissent comme le coût élevé d’une telle façon de faire du foie gras mais le prix n’en vaut-il pas la chandelle ?
Enquête sur le foie gras de l'Élysée
Canards hybrides, salle industrielle de 1000 canards, gavage de pâtée à la pompe hydraulique, voilà à quoi ressemble la production de foie gras dans une salle de gavage sous contrat avec le fournisseur de l'Élysée.
Même sur les tables les plus prestigieuses, le foie gras n'est autre que l'organe tuméfié d'un oiseau mis en cage, gavé et rendu malade. Ne cautionnons plus cette maltraitance animale.
Pour les animaux, refusons le foie gras !
Egger Ph.