Lassana Bathily, héros de la porte de Vincennes
Lassana Bathily est malien et musulman, il travaillait dans l’épicerie casher attaquée par Amedy Coulibaly à la porte de Vincennes et il est devenu un symbole d’héroïsme après avoir caché six otages et réussi à s’échapper.
Le Malien de 24 ans, employé du supermarché HyperCacher où a eu lieu l’attentat perpétré par Amedy Coulibaly, est pourtant l’un des héros de la prise d’otage de la porte de Vincennes.
"Si l’autre m’avait vu, j’étais mort"
"Lorsque l’autre [Amedy Coulibaly, c’est en ces termes qu’il le nomme, NDLR] est rentré dans le magasin, des gens sont descendus en courant au sous-sol disant qu’il y avait un fou armé. Je me suis dit que la seule issue était de nous cacher dans le congélateur, alors je l’ai éteint et j'ai fait rentrer tout le monde" raconte t-il .
Lassana Bathily explique qu’il a tenté de convaincre les otages avec lui de sortir "mais beaucoup avaient la frousse ; alors moi j’ai pris le risque de sortir, car je connaissais les issues de secours, et j'ai réussi à prendre un monte-charge pour sortir… mais si l’autre m’avait vu, j’étais mort".
Lassana Bathily explique que lorsqu'il est sorti les mains en l'air, les policiers l'ont d'abord menotté "pendant près d'une heure et demi" avant de lui demander de dessiner le plan du magasin pour les aider.
Sans papier pendant plusieurs années
Originaire du village de Samba Dramané, dans la province de Kayes au Mali, Lassana Bathily confesse que tout n’a pas été facile pour lui. "Je suis arrivé à 16 ans en France, en 2006, pour rejoindre mon père. Ma mère n’a jamais pu nous rejoindre, elle est actuellement toujours au Mali", explique t-il.
Après des "cours de remise à niveau", c’est une traversée du désert de 4 ans pour Lassana avant d’obtenir des papiers. "Ça a été très dur, en terme de travail, et même pour s’insérer dans la société française".
C’est grâce au foyer de travailleurs migrants Saint-Just, dans le XVIIe arrondissement parisien, que Lassana Bathily parvient à s’en sortir. "On était plusieurs Maliens, raconte son ami Dramane Kouyaté, on s’entraidait comme une même famille, ceux qui pouvaient apportaient un peu d’argent et on arrivait à survivre comme ça".
Lassana Bathily obtient finalement des papiers en 2011. "J’ai trouvé du travail un mois après dans la restauration, raconte-t-il, puis après ce premier contrat, on m’a embauché dans cette épicerie casher où je travaille depuis bientôt quatre ans".
Dans cette épicerie casher où il sert des clients juifs, le Malien musulman se sent comme un poisson dans l’eau. "On ne m’a jamais fait aucune remarque sur ma religion, ça a été comme une deuxième famille pour moi".
#UneMedaillePourLassana
Les internautes n’ont d'ailleurs pas manqué l’acte héroïque de Lassana Bathély : une page Facebook a été ouverte dans la journée et a récolté en quelques heures plus de 5 000 "j’aime". Certains appellent même à ce que le jeune Malien obtienne la nationalité française, voire même la légion d’honneur. Un hashtag #UneMedaillePourLassana circulait samedi sur Twitter.
Un peu dépassé par les événements, Lassana a confié avoir "déjà fait une demande de nationalité française" avant les événements de la porte de Vincennes.
"C’est en cours, je ne sais pas si ça va marcher… franchement, je ne compte pas sur ce qu’il s’est passé pour que ça change quelque chose. Si je l’obtiens, ça sera un plaisir".
"Tout ce que je sais, c’est que j’ai besoin de repos, et que je dois voir mon patron demain pour savoir quand et comment on reprend le travail" .
Egger Ph.