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dimanche 1 février 2015

L’obésité, la maladie du XXIe siècle


Le HIB prévoit d’investir environ un million de francs, notamment pour tripler le nombre d’appareils (ici, un pléthysmographe) pour répondre à la demande du centre cardio-métabolique, dirigé par le docteur Vittorio Giusti. © Alain Wicht/La Liberté



En activité depuis un an, le centre cardio-métabolique du HIB a accueilli 580 patients, soit deux fois plus que ce qui était attendu. Deux Broyards ayant subi une opération de by-pass témoignent.

En sept mois, Dominique Seydoux a perdu près de 50 kilos. Isabelle, quant à elle, a perdu plus de 30 kilos. Les deux Broyards souffraient d’obésité et ont subi une opération de by-pass gastrique au centre cardio-métabolique de l’Hôpital intercantonal de la Broye (HIB) à Estavayer-le-Lac. L’établissement prend en charge les gens ayant des problèmes de poids, des troubles alimentaires ou encore souffrant de diabète. En un an d’activité, il a accueilli 580 patients, soit presque deux fois plus que ce qui était attendu. Parmi ceux-ci, une cinquantaine ont subi une opération de by-pass gastrique. «Le succès de notre structure montre que nous répondons à un besoin de santé de la population», commente Stéphane Duina, directeur du HIB. «L’obésité est l’une des maladies du XXIe siècle.»

Victime d’un accident de foot qui lui a brisé le genou lorsqu’il avait 27 ans, Dominique Seydoux a dû se faire installer une prothèse. Il a alors cessé toute activité sportive et pris progressivement des kilos pour atteindre une surcharge pondérale importante.

«J’ai commencé à avoir des problèmes d’articulation et ma prothèse était de plus en plus abîmée», témoigne l’habitant de Cheyres, aujourd’hui âgé de 56 ans. «Je devais perdre du poids, c’était une question de qualité de vie.»

Isabelle, quant à elle, avait depuis une dizaine d’années pris un surplus de poids extrême. Elle a fait de nombreux régimes mais reprenait toujours les kilos perdus. «Tous ces régimes, ça pèse sur le moral», remarque la Broyarde de 44 ans, maman de deux fillettes de 11 et 8 ans. «La nourriture dirigeait ma vie. J’avais toujours besoin de manger.»

Réduire l’estomac

Référés au HIB par leur médecin généraliste, les deux Broyards sont candidats à l’opération du by-pass gastrique. Celle-ci consiste à réduire le volume de l’estomac et à modifier le circuit alimentaire. Après la chirurgie, il sera impossible pour la personne opérée de manger autant qu’avant.

Afin de bien informer le patient sur la procédure, trois séances d’information de 2 h 30 sont organisées. «Neuf personnes sur dix renoncent à l’opération après ces séances», indique le Dr Vittorio Giusti, médecin-chef du centre cardio-métabolique et spécialiste en endocrinologie, diabétologie et métabolisme. «C’est le patient qui décide s’il subit ou non l’opération. La chirurgie est la solution extrême, on ne la propose jamais d’emblée.»

Lorsque le patient confirme vouloir poursuivre sa démarche, il est évalué autant sur le plan physique que psychologique. On sonde d’abord la composition corporelle de l’individu à l’aide d’un appareil appelé pléthysmographe, qui permet de déterminer le taux de graisse et de muscle du patient. On mesure ensuite son métabolisme afin de connaître avec précision le nombre de calories brûlées par la personne. On fait finalement un test au moyen d’un vélo d’intérieur pour calculer la capacité à l’effort de l’individu en le faisant pédaler à différentes capacités.

Equipe multidisciplinaire

Le patient doit également suivre une évaluation psychologique visant à établir s’il est prêt à subir l’opération. «L’objectif est de déterminer notamment s’il peut tolérer le changement d’image ou si ses attentes sont réalistes par rapport à l’opération», précise le spécialiste.

Une équipe multidisciplinaire composée de médecins, de diététiciens, de psychologues et de maîtres de sport suit le patient avant, pendant et après la chirurgie. «Le grand avantage du HIB est d’avoir tous les spécialistes sous le même toit», assure le Dr Vittorio Giusti. «Cela nous permet d’avoir une vision globale du patient.» Celui-ci a en outre à sa disposition au HIB une piscine, une salle de gym et une salle de fitness. «Le patient est pris en charge comme le serait un sportif, avec un programme adapté à ses capacités», continue le médecin. «Cet encadrement est vraiment extra», confirme Dominique Seydoux. «Dès qu’on a un doute, on peut prendre contact avec eux.»

Selon le Dr Vittorio Giusti, 20% des personnes ayant subi l’opération reprennent leur poids après la chirurgie. «L’opération n’a rien d’un coup de baguette magique», atteste Isabelle. «Ce n’est pas simple, il faut revoir toute son hygiène de vie.»

Sentiment d’euphorie

Les deux patients estiment consommer maintenant le quart ou la moitié d’une assiette normale lors d’un repas. Alors qu’avant c’était le double ou le triple. Ils doivent en outre faire attention à manger lentement, privilégier les protéines et commencer progressivement à pratiquer des activités physiques.

Au niveau émotif non plus, l’opération n’est pas facile à gérer. Certains patients ressentent par exemple un sentiment d’euphorie, vivent une crise de puberté à 40 ans ou font des achats compulsifs.

«On maigrit tellement vite que l’esprit a du mal à suivre», confie Isabelle. «Il y a un mois encore, j’avais de la difficulté à me regarder dans le miroir. Ce n’est pas facile, mais on m’a beaucoup aidée. Aujourd’hui, je suis heureuse d’être comme je suis.»

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Nouvel agrandissement pour répondre à la demande

Le centre cardio-métabolique de l’Hôpital intercantonal de la Broye (HIB) à Estavayer-le-Lac a ouvert il y a un an. Sa création avait nécessité l’investissement d’environ un million de francs, notamment pour l’équipement de trois salles de consultation et l’engagement de quatre nouveaux collaborateurs. Aujourd’hui, l’hôpital prévoit d’investir un autre million pour tripler le nombre d’appareils et engager de nouveaux spécialistes.

«La demande dépasse toutes nos attentes», commente Stéphane Duina, directeur du HIB. «Nous allons en 2015 consolider le centre cardio-métabolique afin de notamment réduire le temps d’attente», Avec huit à dix nouveaux cas par semaine, le délai pour obtenir un rendez-vous est de quatre à cinq mois. Les patients viennent de la Broye, des cantons de Fribourg et de Vaud, mais également de Neuchâtel, de Genève ou encore du Valais.

Le prochain projet à moyen terme du centre hospitalier est de développer d’ici deux ou trois ans la médecine sportive. «Nous avons déjà une partie des appareils nécessaires au centre cardio-métabolique ainsi que des maîtres de sport», indique Stéphane Duina. «Ce qui nous manque principalement, ce sont des locaux.» L’idée serait de regrouper le centre cardio-métabolique et la médecine sportive sur le site d’Estavayer-le-Lac du HIB et de trouver de nouveaux locaux pour les tutelles sociales et les soins à domicile, possiblement sur le site payernois.

Chantal Rouleau