Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

samedi 7 février 2015

Pourquoi êtes-vous accros à vos téléphones portables?


Un téléphone "doudou" qu'on personnalise à l'excès au point de ne plus pouvoir s'en passer. Gérard-Yves Cathelin décrypte ce qui nous lie si fortement à notre mobile, à l'occasion de la "Journée sans portable"; c'était le vendredi 6 février.



Et vous? Vous vous sentez dépendant ou pas? A l’occasion de la Journée sans portable,  Gérard-Yves Cathelin revient sur la relation de dépendance qui nous lie à nos téléphones. Gérard-Yves Cathelin est addictologue et psychothérapeute, il explique pourquoi et comment chacun de nous peut facilement devenir accro à son téléphone.

Comment décririez-vous le rapport que l’on a au téléphone portable aujourd’hui? 

C’est un doudou, un prolongement de soi. Via les sms, les discussions, les photos, Twitter et Facebook, on le personnalise. C’est réellement une partie de soi qu’on met à intérieur.

Certaines personnes font-elles preuve d’anxiété à l’idée d’être déconnectées? 

Bien sûr, comme le portable est perçu comme un prolongement du corps, on cherche à ne pas s’en priver. Plus que de l’anxiété, certaines personnes peuvent se sentir angoissées voire faire des crises de panique sans cet objet essentiel parfois considéré comme l’élément essentiel de la vie. Si on le perd, c’est dramatique. On a peur d’être déconnecté de ses proches mais aussi d’une partie de soi. J’ai vu des gens qui restent connectés 24h sur 24 et qui peuvent arrêter une relation sexuelle pour décrocher leur téléphone! On parle d’addiction comportementale, une addiction sans toxiques.

Comment savoir si on est dépendant? 

Il faut essayer de n’utiliser son téléphone que 10 ou 15 minute par heure. Ou bien de ne pas l’utiliser pendant deux heures, ne pas répondre aux appels ou aux messages.

Est-ce vraiment un problème? 

Si on ne peut pas s’en passer oui, cela devient grave. Les gens ne s’en séparent ni dans le train, ni au restaurant et peuvent repartir chez eux pour le chercher s’ils l’ont oublié. Une certaine confusion peut se créer. Le téléphone fait presque partie de la famille au point qu’il peut devenir un objet de jalousie. Je reçois de nombreux couples à qui cela pose problème. J’ai vu un jour un homme qui avait demandé à sa femme de placer un traceur sur son téléphone. D’autres communiquent par sms alors qu'il sont dans la même maison. Ne va-t-on communiquer que par portable dans l’avenir? On se replie, on va vers un monde autistique. Je trouve cela dramatique parce que cela affecte la communication réelle. L’homme va toujours plus vers la robotique, avec pour horizon, à mon avis, le transhumanisme.

Comment réagir si on ressent un manque? 

Il faut passer du temps sans portable, s’accorder une abstinence de un ou plusieurs jours, passer une soirée entre amis en s’interdisant de répondre aux sms. Cela change complètement la communication. Il s’agit de se réapproprier une partie de soi.

Comment expliquer cette dépendance? 

Nous sommes tous sujets à une forme de solitude. Mais les personnes qui sont accros au portable présentent des signaux d’immaturité, de carence affective. Ils peuvent faire preuve d’un certain matérialisme. Le portable nous conforte dans notre image virtuelle, et on communique par portables interposés. Les autres nous renvoient par sms une image que l’on peut laisser tomber pour se rapproprier le dialogue. C’est tout à fait superficiel. On en vient à chercher l’amour sur son téléphone, on le sensualise, on l’érotise! Mais l’image réelle est complètement différente, la réalité du contact reste bien supérieure.

Est-ce une addiction aussi grave que les autres? 

Oui, de même que l’addiction à internet. Et c’est un phénomène qui se développe, on voit de plus en plus d’accros au téléphone. A partir du moment où les symptômes sont les mêmes que pour une addiction toxicologique, l’état de manque par exemple, j’estime que c’est tout aussi important. Le cerveau dit ‘je n’ai plus ma dose de produit’.

Faut-il prendre garde aux comportements des plus jeunes? 

Oui. J’ai vu récemment une jeune fille de 13 ans qui communiquait avec ses amis jusqu’à 3 heures du matin. Ses résultats scolaires s’en ressentaient. Mais je ne suis pas sûr que les enfants qui vont naître soient plus raisonnés, parce qu’ils vont naître accros aux portables. La communication par contact réel sera de moins en moins présente.





Aurélie Delmas