Une moisson de césar pour Abderrahmane Sissako et son équipe de Timbuktu
Avec sept récompenses sur huit nominations, le chef d'œuvre d'Abderrahmane Sissako sur la terreur djihadiste au Mali a été sacré par l'Académie du cinéma français.
Timbuktu, chronique d'un village malien tombé sous le joug des islamistes est bien le beau vainqueur de la soirée. Le film d'Abderrahmane Sissako, reparti bredouille de Cannes mais très apprécié par les festivaliers, ne doit pas son succès aux attentats des 7, 8 et 9 janvier derniers. Sorti en salles le 10 décembre, il avait déjà attiré un large public avant les attaques terroristes. Il est indéniable que ce contexte lui donne une dimension et une force supplémentaires. Dans Timbuktu, néanmoins, Sissako rappelle que la violence des djihadistes s'exercent d'abord contre les musulmans eux-mêmes. Il a pris le risque de regarder la terreur en face. Risque qu'il a métabolisé en chef-d'œuvre. Citant L'Idiot de Dostoïevski, le cinéaste pense en effet que la beauté peur sauver le monde. «La beauté est souvent considérée comme quelque chose de superficiel, de décoratif. La beauté, c'est la distance nécessaire quand on évoque la violence», nous confiait le réalisateur. Comme Guillaume Gallienne l'an dernier pour Les Garçons et Guillaume, à table!, il n'a pas eu assez de bras pour emporter tous ses césars.