Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

vendredi 24 avril 2015

«Le slam: une prise de parole»

«Le slam: une prise de parole»





Le slam, c’est une manière d’exprimer haut et fort sa fibre populo-littéraire sur scène. Lumière sur cet art démocratique, qui se pratique également à Fribourg.

Le mouvement du slam, créé en 1984, visait initialement à dépoussiérer les soirées traditionnelles de poésie. Un ouvrier du nom de Marc Smith a ainsi organisé une scène libre dans un club de jazz de Chicago. Les règles étaient les mêmes qu’aujourd’hui: tour à tour, le plus souvent dans un bar, des poètes amateurs et confirmés déclament des textes de leur cru sur une durée n’excédant pas trois minutes. La charte exige aussi d’eux qu’ils se produisent sans musique, ni costume, ni accessoire.

En Suisse romande, cet art déclamatoire ne prit véritablement corps qu’en 2006, à travers la Société lausannoise des amateurs et amatrices de mots (SLAAM). Récemment, l’association a organisé sa troisième édition du Festival international de slam de Lausanne, laquelle célébrait les trente ans du mouvement, avec en invité d’honneur Marc Smith.

Démocratiser le verbe

Ces rencontres possèdent un fort caractère démocratique, car elles visent à rendre la poésie accessible à tous, en faisant voler en éclats les frontières entre les poètes traditionnels et les poètes de la rue. «Le slam est une prise de parole qui consiste à frapper le mot et à fouetter le verbe, dans un texte qu’on dit le plus spontanément et le plus naturellement possible de sorte à décomplexer la langue», expose Liliane Hodel, fondatrice de la SLAAM. Elle renchérit: «C’est bouter le feu aux conventions.»

Cependant, le slam n’est pas vécu par tout le monde de la même manière. «Il y a autant de slams que de slameurs et de slameuses», affirme Liliane Hodel. On constate par exemple des différences d’une région à l’autre. Sélénien en sait quelque chose, puisque son expérience de bientôt 10 ans l’a amené à slamer au contact de nombreuses personnes de langues et de nationalités différentes. «Les thèmes traités par les Français sont engagés, dénonciateurs d’injustices sociales. Les Allemands et les Suisses alémaniques se prêtent plus volontiers au stand-up.» Leur préférence pour la prose les dirigerait vers ce type de spectacle humoristique. «Quant à la Belgique et à la Romandie, c’est là où se déploie le slam le plus ouvert, car il touche toutes les générations et tous les âges. A Lausanne, par exemple, une dame de presque 80 ans slame aux côtés de jeunes influencés par le hip-hop!» s’enthousiasme Sélénien.

Fribourg, de son côté, semble à la traîne, bien qu’on puisse compter quelques soirées organisées au Nouveau Monde et au Café du Tunnel. La faute échoit aux slameurs, selon Sélénien: «Les premières soirées furent blindées et l’engouement suscité laissait présager une suite prometteuse. Sauf qu’il n’y a pas de réel vivier dans le Fribourg francophone; les slameurs locaux sont rares et les quelques-uns à avoir été actifs par le passé sont aujourd’hui absents des scènes, à l’instar d’Echo-Logik et de Mélanie Richoz.» Toutefois, Fribourg est le théâtre d’un fait unique dans le milieu du slam international: depuis 2011, le poète Renato Kaiser organise régulièrement une scène bilingue au Centre Fries de l’Université de Fribourg. Une manifestation qui fait écho aux propos de Liliane Hodel. «Le slam n’a pas l’ambition de tout casser, de tout démonter», au contraire, «il est un lieu de rencontre» qui rassemble les différences et participe à aplanir de façon concrète les barrières linguistiques en terre helvétique.

Julie Gremaud