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jeudi 18 juin 2015

18 juin 1815 : la bataille que la France n'a toujours pas digérée


Il y a 200 ans, jour pour jour et heure pour heure, Waterloo était le théâtre d’une bataille sanglante.


Nos voisins français craindraient-ils de revivre la méchante déculottée du 18 juin 1815 lors des cérémonies commémoratives du Bicentenaire? Si la question fait sourire, elle est néanmoins d’actualité.

Après avoir mis un veto à la création d’une pièce de 2€ à l’effigie de la commémoration de la bataille de Waterloo, Paris, à présent, boude la cérémonie officielle de commémoration. Têtes couronnées, descendants de Napoléon et des chefs des armées française, anglaise et allemande sont tous là pour la cérémonie organisée à la ferme-château d’Hougoumont, l’un des hauts lieux de la bataille. Enfin presque tous. Pas la peine de chercher François Hollande, Manuel Valls ou un membre du gouvernement français, aucun n’a fait le déplacement.

«Officiellement, on nous a répondu que le 18 juin 1940 était la date anniversaire de l’Appel du Général de Gaulle et qu’il y avait d’autres cérémonies de commémoration à honorer en France», justifient les organisateurs, tout en reconnaissant qu’une autre explication s’impose… «Napoléon reste un personnage historique controversé, et il l’est aussi en France. Alors les autorités françaises préfèrent s’abstenir.

Dispensé officiellement de commémorations pour cause de « présentation de la stratégie numérique du gouvernement » ce jeudi matin à Paris, Manuel Valls a ironisé sur l’absence de hauts responsables français à Waterloo. « On nous reproche, j’entendais cela ce matin, de ne pas y être, le Président de la République et moi », afin de « pleurer de nos larmes ce moment redoutable que vécut notre pays », s’est moqué le Premier ministre au détour de son discours. « Evitons Waterloo ! », a-t-il ensuite plaisanté.

Quid des autres pays membres de la coalition européenne qui ont vaincu les troupes napoléoniennes à Waterloo? Pas de problème pour les familles royales belge, luxembourgeoise et hollandaise qui représenteront leur nation. L’Allemagne a, par contre, elle aussi annoncé qu’elle n’enverrait «que» son ambassadeur. L’explication serait ici à trouver du côté des règles qui régissent le protocole allemand. Selon ce dernier, le président n’est pas autorisé à entreprendre plus de quatre sorties officielles par an.

Quoi qu’il en soit, les Français, eux, ne boudent pas l’occasion: 10% des visiteurs viendront de l’Hexagone. Ni plus ni moins que les héritiers de Wellington.

Au moment où Philippe, le roi des Belges, préside aux célébrations de Waterloo, François Hollande, accompagné de Manuel Valls et de Jean-Yves Le Drian, dirige à Suresnes (Hauts-de-Seine) la cérémonie au Mont-Valérien à l’occasion du 75e anniversaire de l’appel du Général De Gaulle. L’occasion pour l’actrice Julie Gayet, compagne de François Hollande, d’effectuer sa première apparition à un déplacement officiel du président, « en tant que petite-fille d’Alain Gayet, Compagnon de la Libération », a précisé l’entourage du chef de l’Etat.

Orgueil national mal placé? 

"La bataille de Waterloo est un événement dont la résonance particulière dans la conscience collective va au-delà de la simple évocation d'un conflit militaire", avait expliqué Paris à ses partenaires européens pour empêcher l'émission de la pièce commémorative belge. "L'idée est d'adresser à l'occasion de ce bicentenaire un message de réconciliation et d'union", plaide-t-on en vain du côté des autorités belges.

Mais, à l'instar de la Bérézina, Waterloo reste un synonyme de déroute de ce côté-ci des Ardennes en plus d'une blessure mémorielle pour la France républicaine. Encore tout récemment, l'ancienne ministre écologiste Cécile Duflot qualifiait de "Waterloo moral" la politique d'immigration du gouvernement socialiste. On imagine les commentaires si, dix jours après, François Hollande avait décidé de s'inviter sur le lieu d'un des plus grands désastres militaires de France. Qui plus est au moment même où la classe politique s'écharpe sur la place du "roman national" dans l'enseignement de l'histoire au collège.

L'absence de François Hollande déçoit

A 11H00, au moment même où Napoléon lançait les hostilités le 18 juin 1815 contre les armées anglo-hollandaises de Wellington, le roi Philippe présidera une cérémonie internationale au pied de la célèbre "butte du lion" érigée en 1826 sur le champ de bataille. Les couples royaux des Pays-Bas et du Luxembourg et le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans feront le déplacement. Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel seront en revanche représentés par leurs ambassadeur respectifs. "C'est dommage", a jugé mercredi Charles Bonaparte. "Il n'y a aucune de raison d'avoir honte de son histoire. Waterloo, c'est le début d'une légende, Napoléon est un personnage mondialement connu", a estimé le descendant du frère de l'Empereur, Jérôme Bonaparte, qui s'était battu à Waterloo. Paris, qui n'avait pas apprécié que la Belgique décide de frapper une pièce commémorative de la bataille, a justifié ce choix par un "agenda commémoratif chargé".

Les familles royales de plusieurs pays européens

Les plus éminents membres de la famille royale britannique seront également absents, retenus par une cérémonie d'hommage aux soldats morts à Waterloo célébrée dans la cathédrale Saint-Paul de Londres. La couronne d'Angleterre a délégué le prince Edward, duc de Kent. Le roi Willem-Alexander des Pays-Bas, dont l'ancêtre, le prince Guillaume d'Orange, a été blessé à Waterloo, se joindra aux autres descendants des principaux belligérants pour une nouvelle poignée de main symbolique.

Un spectacle sons et lumières ce jeudi à 22h45

Mais ce sont les grands événements organisés de jeudi à samedi, pour lesquels l'ensemble des 180.000 billets ont été rapidement vendus, qui devraient attirer les regards du monde entier vers Waterloo, dont le nom se confond parfois avec une gare londonienne ou un tube d'Abba. Jeudi, à partir de 22H45, le spectacle sons et lumières "Inferno", inspiré du poème "L'expiation" de Victor Hugo, promet un festival de pyrotechnie.

5.000 figurants, 360 chevaux et une centaine de canons




Vendredi et samedi soir, plus de 5.000 figurants en costumes, 360 chevaux et une centaine de canons rejoueront les moments clés de la bataille: les charges héroïques de la cavalerie lourde du maréchal Ney, la riposte impitoyable des batteries de Wellington et l'arrivée, en fin de journée, des renforts prussiens commandés par Blücher, qui a scellé le sort des Français.

Napoléon ce hors-la-loi

La bataille de Waterloo s'est déroulée après le retour de Napoléon, déclaré hors-la-loi par les puissances continentales au Congrès de Vienne, de son exil sur l'île d'Elbe, au printemps 1815. Reconstituée en quelques semaines, l'armée française comptait lors de la campagne de Belgique plus de 93.000 hommes. Pendant une dizaine d'heures, elle a fait face aux forces alliées (britanniques, allemandes, belgo-hollandaises) du duc de Wellington et prussiennes du maréchal Blücher, qui comptaient environ 125.000 hommes au total.

Longtemps indécise, la bataille, qui pour Bonaparte devait être "l'affaire d'un déjeuner", s'est achevée par la victoire des coalisés et la fuite à Paris de Napoléon. L'Empereur abdiquera le 22 juin et mourra prisonnier des Anglais le 5 mai 1821 à Sainte-Hélène, un îlot de l'Atlantique sud.

Les acteurs de l'ultime bataille 

Le 18 juin 1815, Napoléon Bonaparte affronte les Anglo-Néerlandais et les Prussiens à quelques kilomètres de Bruxelles.

Le 18 juin 1815, quelque 140 000 hommes sont alignés près de Waterloo, à une vingtaine de kilomètres au sud de Bruxelles où est réfugié le roi Louis XVIII. Les armées anglo-alliées sont conduites par le duc de Wellington. Celles de la France par Napoléon Ier, rentré quatre mois plus tôt de son exil de l’île d’Elbe pour reconquérir le pouvoir impérial. Les deux hommes se connaissent bien, et se haïssent cordialement ; c’est la première fois cependant qu’ils s’affrontent sur terre.

Au matin de la bataille, malgré la prudence de son état-major qui tente de l’avertir de l’extraordinaire force défensive des Anglais, l’Empereur se dit sûr de la victoire : ce sera, dit-il, "l'affaire d’un déjeuner". Quelques heures plus tard, il assiste stupéfait à la défaite de sa Garde et la déroute de son armée ; on compte plus de 10 000 morts sur le champ de bataille. La journée et ses scènes emblématiques, comme la charge des redoutables "Écossais Gris" ou le "mot" de Cambronne, ont inévitablement inspiré les peintres de l’époque… Florilège.

Blücher von Wahlstatt (1742-1849)
 - Le maréchal Blücher a 74 ans lorsqu'en juin 1815 il affronte Napoléon Ier. Celui que ses hommes appellent «Marschall Vorwärts !» («maréchal en avant !») ou, pour ceux qui l'osent, «le Vieux», dirige l'armée prussienne, bien décidé à prendre sa revanche après la défaite subie à Ligny, deux jours plus tôt. À Sainte-Hélène, Napoléon le qualifiera d'"ivrogne de hussard, impatient de se battre". 


 Sir Arthur Wellesley Wellington (1769-1852)
 - "Il vous incombe de sauver de nouveau le monde", dit le tsar de Russie Alexandre Ier à Wellington en 1815. Le duc, surnommé "Vieux Nez crochu" ou, après Waterloo, "le bougre qui bat les Français", a en effet remporté une série de victoires décisives contre les troupes impériales entre 1810 et 1813. Après la chute de l'Empire, il commandera les armées d'occupation alliées.


 Napoléon Bonaparte (1769-1821)
 - Au matin du 18 juin 1815, l'Empereur se dit assuré de la victoire : il "tient les Anglais", et dînera le soir même à Bruxelles. Il semble pourtant maussade et souffrant pendant la journée, apathique même, au point de sembler chercher la mort au milieu du champ de bataille au soir de la débâcle. "Portrait de Napoléon" de Muneret Jean Désiré (début XIXe siècle).


 Jérôme Bonaparte (1784-1860)
 - Jérôme Bonaparte, ici représenté en roi de Westphalie par le peintre François Gérard, a tout juste 31 ans lorsqu’il participe aux Cent-Jours. Il est le plus jeune frère de Napoléon, lequel a peu de considération pour lui. Le 18 juin 1815, à Waterloo, le jeune homme est décidé à prouver sa valeur… et ne parviendra qu’à faire couler le sang en jetant sans relâche ses hommes sur la ferme de Hougoumont. 


 Michel Ney (1769-1815) 
 - L’Empereur, qui a promu Ney maréchal dès 1804, l’appelle «le Brave des braves». Il est célèbre, surtout, pour ses faits d’arme à Elchingen, Eylau et pendant la campagne de Russie… mais commettra le 18 juin une lourde erreur en lançant la quasi-totalité de la cavalerie française sur les lignes anglaises. "Maréchal Michel Ney, duc d'Elchingen, prince de la Moscova" de François Gérard (1770-1837).


 Emmanuel, marquis de Grouchy (1766-1847) 
 - Membre de la noblesse normande et devenu officier sous l'Ancien Régime, le marquis de Grouchy s'est converti aux idéaux révolutionnaires dès 1789. Pendant les Cent-Jours, Napoléon le promeut au rang de maréchal. Après la victoire à Ligny contre les troupes anglo-alliées, l'Empereur commet cependant l'erreur de l'envoyer avec ses 30 000 hommes à la poursuite de Blücher.


 Pierre-Jacques-Étienne Cambronne (1770-1842)
 - Le général Cambronne, lui aussi, est un fidèle parmi les fidèles. Il a participé aux grandes victoires d'Austerlitz, Iéna et Wagram, a suivi Napoléon à l'île d'Elbe et débarqué avec lui à Cannes pour reconquérir l'Empire. Après la défaite, il est fait prisonnier en Angleterre puis en France, avant d'être acquitté. 


 Mont-Saint-Jean
 - La colline au sommet de laquelle sont alignées les troupes anglo-alliées au matin du 18 juin porte le nom de «Mont-Saint-Jean». Un moulin s’y trouvait à l’époque, un peu à l’écart du champ de bataille mais que de nombreux peintres ont choisi de représenter comme, ici, Clément-Auguste Andrieux.


 Wellington à Mont-Saint-Jean
 - Wellington salue ses troupes à Mont-Saint-Jean.


 Champ de bataille
 - Le peintre strasbourgeois Théodore Jung (1803-1865), spécialisé dans les tableaux de batailles, consacra de nombreuses aquarelles aux scènes emblématiques du 18 juin 1815. 


Les «Écossais gris» 
- La contre-attaque des redoutables Scots Greys est l'un des épisodes les plus fameux de la journée : les guerriers écossais parviendront à impressionner Napoléon lui-même.


Assaut
 - L'Irlandais William Sadler choisit de représenter les dernières heures de la bataille, côté anglais.


Pour en savoir plus sur la bataille 
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Ainsi que toute la noblesse en exil pendant cent jours, je lève mon verre à Waterloo ! 



La bataille de Mont-Saint-Jean, comme elle fut connue à l’époque, n’est pas une défaite française. C’est la défaite de Napoléon, qui dut abdiquer quatre jours après cette raclée, quelque cent jours après avoir usurpé de nouveau le pouvoir.

Peu importe que l’Usurpateur ait rassemblé une armée dont les soldats étaient français. Peu importe si l’Histoire retient là une défaite de l’armée française. La vérité est que la Cour était à Gand, en Belgique. Et là était Louis, dix-huitième du nom, seul et unique roi de France, seul et unique légitime dépositaire du pouvoir sur la France. D’ailleurs les Cent-Jours ne furent pardonnez la lapalissade qu’une courte parenthèse, une sorte de coup d’État un peu long, mais finalement vite avorté.

Au moment du retour de Napoléon, les hommes qui pensent ne s’y trompent pas : Benjamin Constant écrit dans Le Journal des débats : « Il revient, cet homme teint de notre sang ! cet Attila… » Il y a jusqu’au grand Chateaubriand pour suggérer de se ranger autour du roi pour se faire égorger.

Napoléon, petit caporal qui s’est fait empereur, est l’homme des bourgeois frustrés de n’avoir noblesse ni d’âme ni de sang. C’est l’homme du drapeau tricolore, dont on sait dans le pays réel sur quel génocide il s’installa. C’est l’homme qui engagea à son retour les soldats français à trahir leur roi pour le rejoindre dans ses folles aventures mortelles. C’est ce Napoléon-là qui, deo gratias, est arrêté dans sa course sanguinaire à Waterloo. Et c’est grâce à Waterloo que notre bon roi Louis peut revenir d’exil et rétablir l’ordre ancien, l’ordre divin, l’ordre français.

Si l’on célèbre, le 6 juin, le Jour J, ce jour où les forces alliées étrangères, donc posèrent le pied sur la terre de France et permirent que le gouvernement d’exil de Charles de Gaulle s’installât au pouvoir à Paris, alors il faut de la même manière se réjouir de la victoire des alliés contre Napoléon, victoire qui permit le retour de Louis XVIII aux Tuileries et la fin des boucheries dont le bon peuple avait tant souffert.

Ainsi que toute la noblesse en exil pendant cent jours, je lève mon verre à Waterloo !

Waterloo ? Une vieille histoire…

Ceux qui parlent aujourd’hui en notre nom se désintéressent complètement d’un passé qui n’est pas de leur niveau. Hollande, évidemment, Manuel Valls lui-même et Napoléon, ce n’est pas la même échelle.

Ignorance ou sectarisme ? Il y a belle lurette que les commémorations officielles, en France, nous démontrent que ces deux tares de l’esprit sont parfaitement compatibles. Aux antipodes d’un Napoléon qui déclarait assumer toute notre histoire, « de Clovis à Robespierre », le comportement de nos dirigeants les plus récents donne trop souvent à croire que la France n’existait pas avant 1789, et même qu’en dehors des limites de la République nos tickets de souvenir ne sont plus valables.

À l’intérieur même de ce cadre, ils éludent avec soin tout ce qui leur pose problème. On se souvient qu’après avoir célébré avec faste le deuxième centenaire de notre grande Révolution – prise de la Bastille, Déclaration des droits de l’homme, nuit du 4 août, fête de la Fédération -, ils se sont faits très vite plus discrets pour finir par passer à l’as la suite qui les gênait – prise des Tuileries, décapitation de Capet, Terreur, Vendée…

En fait, ce grand, ce beau, cet indispensable devoir de mémoire dont on nous rebat les oreilles s’est fait chez nous, ces dernières années, singulièrement sélectif. Tout se passe de plus en plus comme si l’évocation de notre passé n’avait d’intérêt pour nos princes que pour autant qu’ils croient pouvoir en tirer un bénéfice politique, que si les événements « font sens » dans le sens qu’ils souhaitent leur donner. C’est ainsi qu’ils exploitent jusqu’à la corde, avec leurs gros sabots et leurs grosses ficelles, la Résistance, la Libération, et les héros qu’ils citent en exemple sans pousser celui-ci jusqu’à l’imitation. C’est ainsi que s’ils sacrifient à l’obligation de marquer le centenaire de la Première Guerre mondiale, ils mettent le projecteur sur les mutineries et gomment jusqu’au nom du maréchal Pétain. C’est ainsi que pour flatter des marottes idéologiques et des électorats communautaires, ils donnent à l’esclavage et à la colonisation une importance rétrospective bien supérieure à ce qu’ils furent dans la réalité.

L’impasse est faite, en revanche, sur les épisodes et les hommes qui n’entrent pas dans le cercle étroit de leurs connaissances et de leurs préférences. Il y a déjà une douzaine d’années que les ploucs qui nous gouvernent toisent du haut de leur petitesse le Français le plus connu et le plus populaire dans le monde entier et snobent délibérément un grand homme nommé Napoléon. Celui du sacre et de l’Empire, bien entendu, mais aussi bien le concepteur du Code civil, le fondateur des grandes écoles, des lycées, le créateur d’une organisation du territoire qu’ils détricotent réforme après réforme, mais surtout le général, le conquérant, l’imperator, l’homme de Marengo, d’Austerlitz, d’Iéna, de Wagram. Autant de dates, autant de faits d’armes sanglants mais glorieux dont le nom, avec celui du vainqueur, doit être effacé des mémoires au nom d’une conception « moderne » de l’Histoire. Qu’attend-on pour débaptiser, à Paris, les boulevards des Maréchaux ?

La France, en revanche je veux dire le gouvernement français, ce qui n’est pas forcément la même chose, avait poussé l’inconscience, voire l’indécence, sous Jacques Chirac, jusqu’à associer un navire de la Royale à la célébration par les Britanniques de Trafalgar, la plus belle victoire de leur marine et la pire tragédie pour la nôtre avant Mers el-Kébir. À l’approche du 18 juin 2015, on pouvait donc tout redouter. L’indifférence du Président et du Premier ministre actuels à ce qui n’est pour eux que de l’histoire ancienne nous a évité le pire et nos autorités ne se sont mêlées ni de près ni de loin (c’est tant mieux) à la grandiose reconstitution, sous l’égide de la Belgique et sur les lieux mêmes du drame, d’un des pires désastres de nos annales : Waterloo.

Qu’est-ce que Waterloo ? Sur le terrain, une bataille au bilan exceptionnellement lourd – douze mille morts et trente-cinq mille blessés, soit un quart des effectifs engagés -, une bataille composée comme une tragédie où la fortune oscilla entre les deux camps avant de faire son choix, un choc de titans, marqué du sceau de l’héroïsme, de la furie et de la peur, un affrontement d’autant plus acharné que de part et d’autre on en mesurait plus ou moins clairement l’immense enjeu et les conséquences, suivant le côté où pencherait le sort des armes.

Ce fut la défaite que l’on sait. L’ultime sursaut et l’anéantissement de ce qui avait été la Grande Armée, émanation de la Grande Nation, bras armé du Grand Empire. La chute d’un homme et de son rêve prométhéen. La fin d’une épopée sans équivalent depuis Alexandre le Grand. Le dénouement de la lutte inexpiable et plus que séculaire entre la Grande-Bretagne et la France pour l’hégémonie européenne, donc mondiale. La victoire totale de l’Angleterre qui, dix ans après avoir assuré sa domination sur la mer, mettait fin à celle de la France sur le continent, ce dont nous ne prîmes définitivement conscience que cent ans plus tard. La constitution de la Sainte-Alliance des rois contre les peuples et la naissance du nouvel équilibre européen qui devait prévaloir jusqu’à la Première Guerre mondiale. Bref, un immense événement qui ramène à leurs véritables dimensions – lilliputiennes – même l’adoption de la loi Macron et le projet de prélèvement à la source dès 2018.

Autres temps, autres ambitions, autre monde. On comprend


Dominique Jamet 
Philippe Egger
Robin de La Roche