Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

dimanche 6 septembre 2015

Le choc d’une photo et l’indignation sélective




La photo d’un garçonnet, Aylan, retrouvé mort noyé sur une plage de Bodrum, en Turquie, a fait le tour du monde, circulant sur le « cyberspace » et faisant la Une de tous les grands médias. Cette photo a suscité émotion et indignation. Elle a bouleversé toutes les bonnes âmes charitables, même les dirigeants européens. Comment rester insensible face à ce drame ?

J’ai, moi aussi, ressenti cette émotion et cette tristesse. J’ai cependant choisi de ne pas faire circuler cette photo, ni de la « partager » sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas par manque de compassion que je ne l’ai pas fait, ou que je ne l’ai pas commentée. C’est à cause du malaise que j’ai ressenti face à cette émotion universelle.

Depuis juillet 2014, des récits atroces nous parviennent des zones d’Irak et de Syrie dont s’est emparé un groupe de malfrats sanguinaires nommé État islamique. Ces individus prétendant agir au nom d’Allah ont recours aux méthodes les plus atroces pour faire régner la terreur sur les populations qui n’ont pas pu ou pas voulu fuir. L’Occident s’est surtout ému après l’assassinat filmé de quelques journalistes ou humanitaires européens et étasuniens. Le sort réservé aux populations et aux malheureux prisonniers de guerres irakiens et syriens a suscité moins d’émotion. Les prisonniers, comme les journalistes occidentaux, ont eux eu le droit à des mises en scènes épouvantables et filmées de leurs mises à mort. La haine des membres du soi-disant État islamique a particulièrement visé certaines catégories de la population.

En premier lieu les minorités religieuses telles que les Chrétiens et les Yazidis, considérés comme des idolâtres infidèles devant être éradiqués. Mais aussi les minorités ethniques, tels que les Kurdes. Ces derniers ont eu le tort, aux yeux du pseudo « calife », de résister militairement et efficacement à l’avance de l’EI, tant en Irak qu’en Syrie. Des personnes soupçonnées d’homosexualité ont été exécutées d’horrible manière, précipitées du haut d’immeubles avant d’être lapidées. De nombreuses femmes ont été sommairement tuées, en public, pour pas ne s’être suffisamment couvertes ou pour avoir porté un vêtement de couleur. D’autres ont été lapidées après avoir été accusées d’adultère. Le sort des femmes chrétiennes et yazidies fut particulièrement épouvantable. Elles ont été violées, vendues comme esclaves ou données et mariées de force à des combattants polygames de l’EI.

Le monde semble s’être moins ému de toutes ces horreurs que de la photo du malheureux Aylan. Le crime contre l’humanité et contre la culture qu’a constitué la destruction des admirables temples de Palmyre a, elle aussi, davantage suscité d’indignation que les horreurs infligées par l’EI aux Irakiens et aux Syriens. Mais la raison profonde de mon malaise face à la médiatisation mondiale de la photo de l’enfant mort a une autre raison. Ce ne sont pas seulement les adultes qui ont été victimes des horreurs énumérées précédemment. Des enfants aussi ont eu à subir un sort atroce. Des photos ont circulé sur Internet montrant des enfants décapités ou crucifiés, pour des raisons souvent futiles, comme avoir mangé ou bu pendant la journée, durant le mois de ramadan. Parmi les femmes chrétiennes et yazidies vendues comme esclaves sexuelles, il y avait de nombreuses fillettes. Pourquoi toutes les photos et les vidéos, plus épouvantables les unes que les autres, montrant ces enfants martyrisés, n’ont-elles pas provoqué une vague mondiale d’indignation ? D’autres enfants ont été transformés en bourreaux, parfois très jeunes. Endoctrinés, terrorisés, ils ont été contraints d’exécuter des prisonniers de l’EI. D’autres encore sont devenus de féroces combattants dans les troupes du « calife ». Cela a également été photographié et filmé, sans susciter beaucoup de réprobation internationale.

La mort du petit Aylan, aussi triste soit-elle, était accidentelle. Son père vivait en Turquie depuis trois années déjà. Il a décidé de s’embarquer avec sa famille à bord d’une petite embarcation surchargée afin de gagner clandestinement l’île grecque de Kos. La mort des enfants massacrés par l’EI est, quant à elle, loin d’être accidentelle. Il s’agit de crimes contre l’humanité délibérément commis par des individus ayant perdu toute humanité. Ce sont ces atrocités-là qui devraient provoquer l’indignation du monde entier. Ce sont ces photos-là qui devraient enfin convaincre nos dirigeants de l’urgence qu’il y a à mettre un terme définitif aux horreurs commises par l’EI.

Accueillir des victimes, des persécutés, des réfugiés chrétiens, yézidis ou kurdes, c’est bien. C’est même une obligation morale. Mais éliminer le danger représenté par le pseudo État islamique, ce serait encore mieux !

Les larmes des crocodiles ne peuvent effacer la colère d’un crime intolérable

Un enfant parmi des milliers d’autres a réveillé les crocodiles ! Les a-t-on entendu depuis 4 ans alors que 200.000 civils, dont de nombreux enfants, ont été tués en Syrie ? N’avaient-ils pas assez de larmes pour hurler contre l’État islamique qui vient de décapiter des enfants chrétiens ? Lorsque ces mêmes barbares ont détruit des vestiges prestigieux, a-t-on vu le rassemblement des hypocrites porteurs de la mention « Je suis Palmyre » ? Où sont-ils passés les manifestants du 11 janvier ? Auraient-ils des larmes sélectives ? Oui, la honte et la colère nous submergent tous. Nous ne pouvons plus tolérer que notre monde civilisé devienne la proie des militants de l’enfer et des manipulateurs d’opinion.
Les commentaires de compassion accompagnent l’ignoble migration pour mieux la faire accepter. Or il s’agit d’engager le combat pour la dignité de l’homme et contre le déchaînement des lâchetés et des égoïsmes à courte vue.

Nous attendons que de véritables chefs d’État engagent les nations sur la voie d’une vision de vérité et du courage dans la réaction, au lieu de s’occuper du maintien obsessionnel de leur pouvoir. Ne perdons plus de temps à rechercher les responsables trop évidents. Si l’Union européenne accepte de réagir contre la disqualification qu’elle manifeste, les peuples attendent de ces dirigeants fantoches qu’ils désignent et combattent l’ennemi plutôt que de s’en tenir à l’accueil et à la répartition des victimes. Il ne faut plus hésiter à porter la guerre sur le terrain de l’ennemi, en mettant d’abord hors d’état de nuire les odieux complices passeurs. Quant à l’ONU, pourquoi attendre aussi longtemps pour tenir une conférence internationale mettant en cause les États responsables de la fuite de leur population et pour constituer une armée de Casques Bleus pour s’interposer entre les belligérants. Les gouvernements démocratiques pour leur part ont le devoir de surmonter leurs pitoyables querelles partisanes pour justifier la protection prioritaire de leur nation, ce qui n’est pas incompatible avec la solidarité humanitaire.

La dictature médiatique de l’opinion, qui contribue chaque jour à casser les ressorts de notre société privée des valeurs de la famille, de la moralité et de l’intérêt patriotique, ne peut plus se contenter de choisir les moments opportuns pour déclencher une éphémère émotion populaire.

En fait, il faut voir les choses en face. À l’origine de cet horrible drame de l’humanité, il y a la guerre, celle que se livrent les innombrables sectes minoritaires d’un islam éclaté, s’entretuant entre sunnites, chiites et autres, dans une Syrie transformée en enfer pour les misérables populations civiles. Il y a surtout la guerre de conquête par les armes et pour un pouvoir religieux, organisée avec un rare cynisme par l’État islamique. Il appartient aux responsables de l’islam prétendu pacifique de prendre position, de condamner les assassins terroristes et d’œuvrer effectivement pour le maintien des populations sur leurs terres qui attendent le développement économique.

Après avoir connu le rude combat victorieux contre l’idéologie nazie, notre génération doit retrouver la foi des Alliés pour abattre le monstre d’un terrorisme pervers, en portant la guerre sur le terrain de l’ennemi.

Hervé Cheuzeville
Paul Bernard