L'accent circonflexe bientôt banni de la langue française? Certains médias, relayés par les réseaux sociaux, ont annoncé jeudi sa mort prochaine en vertu d'une nouvelle réforme de l'orthographe, remontant en réalité à 1990.
La réforme, avalisée en son temps par l'Académie française malgré l'indignation des puristes, simplifie aussi l'orthographe de certains mots - comme «nénufar» (nénuphar) ou «ognon» (oignon). Elle allège l'usage des traits d'union.
Mais il a fallu la publication de nouveaux manuels scolaires par l'un des principaux éditeurs spécialisés en prévision de la prochaine rentrée, avec un macaron «orthographe recommandée», pour que le grand public découvre ce que les professeurs pouvaient déjà enseigner à leurs élèves depuis des années.
Quelques articles dans les médias ont aussitôt fait fleurir le hashtag #jesuiscirconflexe. Certains déplorent «le sacrifice de la langue française» par l'Education nationale, ou s'inquiètent de possibles quiproquos entre «les «tâches et les taches».
Gout et aout sans chapeau
En réalité, selon la réforme, l'accent circonflexe aura toujours droit de cité et sera omis sur les «i» et les «u» dans les seuls cas où cela ne prêtera pas à confusion. Goût pourra s'écrire gout ou août, aout.
La réforme de l'orthographe «est en vigueur depuis 1990», a souligné le ministère de l'Education nationale. «Le Conseil supérieur de la langue française a adopté en 1990 les nouvelles règles», qui ont été «approuvées par l'Académie française et publiées au Journal officiel». «Ce n'est pas le ministère de l'Education qui fait l'orthographe en France».
«C'est l'orthographe officielle de la République depuis plus de 25 ans. Ce qui est surprenant ce que l'on s'en surprenne», indique Michel Lussault, président du Conseil supérieur des programmes (CSP).
«Plutôt du toilettage»
«L'Académie française a fait un travail très précis», estime-t-il. «Il y avait des anomalies orthographiques liées à des évolutions historiques un peu étranges, donc l'Académie avait vraiment veillé à ce que ces modifications soient compréhensibles, ce n'était absolument pas un bouleversement, plutôt du toilettage».
Une tolérance «permet aux enseignants comme d'ailleurs à tous les fonctionnaires, d'utiliser les deux orthographes, c'est-à-dire avant révision ou après révision», souligne-t-il.
ATS