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lundi 9 mai 2016

Ce que Sarkozy a oublié de vous dire au sujet du vote des Français de l'étranger


Il persiste et signe, quitte à réécrire l'histoire. Dans un entretien accordé ce lundi au Figaro, Nicolas Sarkozy défend mordicus sa décision polémique de renoncer à mettre en place un scrutin électronique pour les Français de l'étranger. Et ce malgré l'opposition unanime de ses rivaux qui l'accusent de vouloir empêcher de voter près de 1,2 million d'électeurs.

Depuis le début de cette poussée de fièvre suite au vote de son bureau politique mardi dernier, l'argumentation du président des Républicains ne varie pas d'un iota: "la charte de la primaire est claire: tous les Français doivent voter de manière identique 'au moyen de bulletins papier, en métropole, dans les territoires d'outre-mer et à l'étranger'", plaide-t-il inlassablement.

L'affirmation a du poids: car la charte de la primaire est effectivement la Loi fondamentale qui régie la primaire, validée par la totalité des ténors et gravée dans le marbre par un vote des adhérents. Celle-ci évoque bien la possibilité de recourir à un scrutin électronique pour les Français de l'étranger, mais subordonne ce principe à un vote favorable du bureau des Républicains. Celui-ci ayant refusé, le scrutin électronique est donc abandonné.

Cependant, Nicolas Sarkozy omet de rappeler quelques détails essentiels: voilà des mois que le principe du recours au vote électronique a été acté par Les Républicains pour les Français résidant à l'étranger. Un choix pragmatique censé répondre à l'impossibilité matérielle d'installer des bureaux de vote à l'échelle mondiale, notamment dans des pays comme le Canada ou la Chine qui interdisent la tenue de scrutins étrangers sur leur sol. Selon plusieurs ténors de l'ex-UMP, Nicolas Sarkozy et ses principaux lieutenants auraient plusieurs fois validé oralement le principe d'un scrutin électronique (ce qui a conduit la Haute autorité du scrutin à ne plancher que sur ce scénario). Avant de mystérieusement changer d'avis.

Ce détail n'est d'ailleurs pas le seul sur lequel Nicolas Sarkozy évite de s'apesantir. S'abritant derrière de grands principes "constitutionnels" pour mieux critiquer le mode de scrutin numérique, l'ancien chef de l'Etat en vient à totalement réécrire l'histoire... de son propre quinquennat.

Sarkozy est le premier à avoir autorisé le scrutin électronique

Pour justifier sa décision, Nicolas Sarkozy avance en effet un principe fondamental: celui de l'égalité des électeurs dans l'isoloir. "Si vous autorisez les Français de l’étranger à voter par voie électronique et pas ceux de l’Hexagone et d’Outre-mer, vous créez une rupture d’égalité contraire à nos principes constitutionnels", affirme l'ancien président de la République. Et d'enfoncer le clou en rappelant que le scrutin électronique n'a jamais été autorisé dans le cadre d'une élection présidentielle.

Mais Nicolas Sarkozy prend soin de ne pas rappeler qu'il avait lui-même autorisé, sous sa présidence, le scrutin électronique dans le cadre d'élections nationales. C'était pour les législatives de 2012 et l'objectif était rigoureusement identique à celui qui motive aujourd'hui le comité d'organisation de la primaire: favoriser la participation des Français résidant à l'étranger en dépit des distances qui les séparent de leur consulat ou de leur ambassade.

Une première dans notre historie républicaine. Mais alors que seuls ces Français de l'étranger avaient eu le droit de voter électroniquement, personne n'avait alors dénoncé le caractère inconstitutionnel de cette rupture d'égalité dans l'isoloir.

La primaire socialiste (mal) citée en exemple

S'appuyant sur cette interprétation très personnelle de l'égalité, Nicolas Sarkozy poursuit son raisonnement en citant la primaire socialiste de 2011 en exemple. Selon lui, c'est justement pour éviter une rupture d'égalité que les candidats PS ont "renoncé à l'autoriser [le vote électronique] pour leur primaire".

Le Parti socialiste avait en effet renoncé à mettre en place un scrutin électronique, mais pas du tout pour des raisons d'égalité. A l'époque, les organisateurs de la primaire avaient estimé qu'ils ne disposaient pas de "suffisamment de garanties" pour garantir la sincérité du scrutin. Pour les mêmes raisons, le PS n'avait pas autorisé les votes par procuration et par correspondance. Seule exception, le vote par correspondance avait été autorisé pour les seuls Français résidant à l'étranger qui ne disposaient pas d'un bureau de vote dans leur pays.

Autant de petits détails que les adversaires de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé en tête, ne manqueront pas de rappeler lors du prochain bureau politique des Républicains qui doit définitivement trancher la question.

Geoffroy Clavel