Le Fribourgeois en a été quitte pour la peur de sa vie. © RTS
En voulant contourner des embouteillages pour se rendre au stade olympique de Rio, le journaliste de la RTS Marc-André Berset et son cameraman se sont retrouvés dans une favela. Visés par des coups de feu, ils sont heureusement indemnes.
Grosse frayeur pour Marc-André Berset et son caméraman. Le journaliste sportif fribourgeois, à Rio pour couvrir les Jeux olympiques, s'est retrouvé par erreur dans une favela en voulant éviter des embouteillages. Le GPS du chauffeur les a conduit directement dans cette zone sensible de la ville.
«Ils n'ont commis aucune erreur»
Les trois hommes se sont retrouvés nez à nez avec un homme armé, qui les a menacés. Au moment où le chauffeur a décidé d'accélérer pour prendre la fuite, l'individu a ouvert le feu à plusieurs reprises, sans faire de blessé.
«Je tiens à dire que les trois occupants de la voiture n'ont commis aucune erreur, insiste le responsable des Sports de la RTS Massimo Lorenzi. Ils se sont retrouvés dans un gros bouchon qui les aurait empêchés d'accéder au stade à l'heure et c'est pour cela qu'ils ont enclenché leur GPS et suivi ses indications.»
Pas une exception
Marc-André Berset a été «secoué» par l'aventure, selon un collègue de l'ats sur place. Bien que la sécurité ait été drastiquement relevée pour les jeux, la criminalité reste dangereuse dans la métropole de Rio. Plusieurs équipes de presse se sont déjà fait voler leur matériel.
Parmi eux, le journaliste du «Blick» Fabio Back qui n'a pas manqué de raconter l'effronterie des voleurs filmée par une caméra de surveillance: deux criminels ont entaillé un pneu du taxi dans lequel il se trouvait. Au moment où le chauffeur est sorti pour remplacer la roue, les hommes ont détourné l'attention du conducteur et piqué son équipement vidéo et un laptop, le tout d'une valeur de 10'000 francs.
Les athlètes ne font pas exception. Le champion de natation américain Ryan Lochte et des membres de l'équipe se sont fait dévaliser dimanche soir au retour d'une party. Leur taxi a été arrêté par de faux policiers qui les ont menacés avec des armes à feu. Tout le monde s'en est sorti indemne.
Une pub qui met la RTS dans l’embarras
Une publicité de la compagnie aérienne Swiss passerait presque inaperçue si ce n’était pas un journaliste sportif de la chaîne romande, Marc-André Berset en l’occurrence, qui prêtait sa voix. © DR
Le journaliste sportif de la RTS Marc-André Berset prête sa voix à des spots publicitaires de la compagnie Swiss, diffusé parfois avant que le Fribourgeois ne prenne l’antenne pour la retransmission télévisée des Jeux olympiques de Rio. Une pratique «pas très déontologique».
Le spot publicitaire ne dure qu’une dizaine de secondes avant chaque prise d’antenne de la RTS aux Jeux olympiques de Rio. Le temps pour un commentateur sportif de balancer une formule bien éculée, tandis qu’un avion est en plein décollage. La publicité de la compagnie aérienne Swiss passerait presque inaperçue si ce n’était pas un journaliste sportif de la chaîne romande, Marc-André Berset en l’occurrence, qui prêtait sa voix. Un journaliste prenant parfois l’antenne dans la foulée…
«Cette façon de faire n’est pas très déontologique»
De quoi faire grincer quelques dents, dont celles de Dominique von Burg: «Je n’ai pas vu la publicité en question, mais cette pratique me paraît discutable», déplore le président du Conseil suisse de la presse, qui reconnaît n’avoir jamais été confronté à un tel cas. «Cette façon de faire n’est pas très déontologique car elle met en cause l’indépendance du journaliste.»
Un conflit d’intérêts que Marc-André Berset était loin d’imaginer quand il s’est prêté au jeu. Journaliste à temps partiel au service des sports de la RTS depuis bientôt quatre ans, il a été approché par une agence de communication au mois de juin pour prêter sa voix à la publicité de Swiss. «J’ai accepté car j’ai cru comprendre sur le moment que la publicité ne passerait que dans les avions», confie le Fribourgeois depuis Rio. «Avec du recul, ce n’était pas très clair et j’aurais dû être plus attentif.»
Massimo Lorenzi valide la démarche
Le journaliste informe Massimo Lorenzi, chef du service des sports de la RTS, qui valide la démarche. «En toute bonne foi, ni lui, ni moi ne savions que cela serait diffusé à la télé et encore moins durant les JO», assure le responsable. «Marc-André m’a dit qu’il allait poser sa voix sur des images de sport. Je n’imaginais pas un clip publicitaire, mais plutôt une voix sur des images de sport qui passeraient dans les avions. Je n’aurais pas autorisé une publicité. J’aurais dû demander le texte précis.»
Autant dire que les deux journalistes ont failli tomber de leur chaise quand ils ont découvert le spot à l’antenne. Une publicité devenue embarrassante pour la RTS qui ne transige pas avec la déontologie. «Seuls les collaborateurs à temps partiel sont autorisés à avoir une activité rémunérée annexe à la RTS», rappelle Christophe Minder, responsable relations médias.
«Nous aurions dû refuser»
«C’est le cas de Marc-André Berset. Cette autorisation est donnée par la RTS uniquement si l’activité annexe ne nuit pas aux intérêts de l’entreprise. Dans le cas de cette publicité de Swiss, nous aurions dû refuser car une même voix dans un spot de sponsoring puis dans un commentaire sportif peut créer de la confusion.»
La hiérarchie l’a d’ailleurs fait savoir au chef des sports. Sans prendre de sanctions pour autant. «Il ne s’agit que d’une erreur d’appréciation prise dans un contexte bien chargé avec l’Euro et les JO», tempère Christophe Minder. Et Massimo Lorenzi de faire amende honorable: «C’est une maladresse qui ne se reproduira plus.»
THIERRY JACOLET