Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

lundi 8 août 2016

Plus de 400 migrants sont bloqués depuis un mois à la frontière italo-suisse


Ils arrivent !








Refoulés à la douane de Chiasso (TI) où ils ne peuvent déposer de demande d'asile, ces requérants provenant pour la plupart de la Corne d'Afrique voient leur voyage de l'espoir vers le nord se termine à Côme (I). Pour les nourrir et les assister, des volontaires tessinois et italiens se relayent chaque jour.

Samedi 11h à Chiasso, une vingtaine de volontaires, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes chargent les voitures de victuailles, tables pliantes et autres ustensiles. Comme chaque matin depuis près de trois semaines, ils s'apprêtent à partir pour Côme, à 10 minutes, où ils serviront quelque 400 repas de midi.

«Nous offrons un plat unique, du pain et un fruit. Si les dons en nature que nous recevons chaque jour nous le permettent, nous complétons par quelques douceurs, indique Luana Papagno, une des bénévoles de l'Association Firdaus, fondée il y a deux ans par l'éducatrice et députée socialiste au Grand Conseil tessinois Lisa Bosia Mirra pour venir en aide aux réfugiés.

Pas que la Lega

Des volontaires de tout le Tessin se relayent chaque jour dès 08h30 pour cuisiner dans les locaux mis à disposition par la paroisse de Chiasso. «Aujourd'hui nous avons préparé des maccheronis à la sauce tomate et aux petits pois et carottes. Ici la solidarité et la générosité sont grandes, le Tessin ce n'est pas seulement la Lega, écrivez-le !»

«Les douaniers italiens voient bien que nous franchissons la frontière chaque matin avec nos chargements de nourriture. Mais ils font semblant de rien», explique encore Luana.

La discipline après le chaos

Le grand parc de la gare ressemble à une fourmilière: un peu partout, assis sur des bancs ou sous les arbres le thermomètre atteint déjà presque 30 degrés en cette fin de matinée des groupes de requérants attendent la distribution. Quelques jeunes garçons jouent au football ou écoutent de la musique, d'autres encore examinent, préoccupés, leurs avis de refoulement de Suisse.

«Les premiers jours, les requérants se jetaient sur la nourriture, c'était un vrai chaos!», raconte Lisa Bosia Mirra. Des règles ont été fixées: les femmes et les enfants d'abord puis les hommes. Il y en a dès lors toujours eu pour tout le monde».

A l'exception des bénévoles, des curieux de passage et des journalistes, on ne voit aucun visage blanc parmi cette foule de refoulés. Le soir, c'est la Caritas locale qui pourvoit aux repas, servis à son siège, sis à une centaine de mètres du parc. Douches et sanitaires y sont à disposition. Dans une autre zone de la ville, une grande tente de 30 lits montée par la Croix-Rouge italienne est loin de suffire aux besoins.

Porté disparu à 11 ans

La plupart ont déposé une demande d'asile en Italie et ne peuvent donc plus en déposer une nouvelle ailleurs, selon Dublin. Pratiquement tous sont très jeunes. «Nous avons compté 80 mineurs non accompagnés qui ont aussi été refoulés par les garde-frontière suisses et un enfant de onze ans est porté disparu depuis vendredi», explique amèrement Lisa.

Nombre de jeunes filles sont coiffées d'un foulard, mais on voit aussi quelques croix chrétiennes arborées par des jeunes hommes. Maigreur et finesse des traits caractérisent la plupart de ces migrants dont le calme et la dignité étonnent.

Lisa Bosia Mirra est constamment interrompue par des groupes de jeunes qui lui soumettent toutes sortes de requêtes et mendient son aide pour entrer finalement en Suisse. Mais elle doit être expéditive si elle ne veut pas flancher: «dans une demi-heure nous ferons le point de la situation, d'ici là lâchez-moi les baskets!», lance-t-elle un peu agacée.

Clochards chassés

Un couple d'Italiens traverse le parc. Résidant à Côme, il admet que cette situation le déconcerte: «la gare aussi est prise d'assaut surtout le soir et certaines personnes ne se sentent pas tranquilles. Il faut agir au niveau politique et si ces migrants devaient rester ici quelque temps encore, la commune devrait les faire travailler, les occuper».

Ceci dit, ces gens ne posent pas de problème d'ordre public pour l'heure. Au contraire, depuis leur arrivée le parc précédemment squatté par des clochards est beaucoup plus propre.

En fait, après le repas, les migrants s'asseyent en rang dans l'herbe pour écouter Lisa qui, en français et en anglais avec traductions simultanées dans les deux langues principales d'Ethiopie et d'Erythrée, informe sur les démarches prises et à prendre. Elle nomme les requérants qui ont de la famille en Suisse et ont reçu des déclarations d'accueil qui leur permettraient de retenter de se présenter à la frontière.

Ado refoulé à quatre reprises

Ces personnes devraient pouvoir présenter une demande d'asile à la Suisse, déclare Lisa Bosia Mirra. En refoulant les mineurs non accompagnés, la Suisse ne respecte pas les engagements humanitaires, selon elle.

Un exemple entre tous: «vendredi un adolescent de 16 ans a été refoulé pour la quatrième fois alors que son frère résidant en Argovie et au bénéfice d'un permis B était venu le chercher et avait assuré qu'il pouvait pourvoir à son maintien. «Quelque chose ne joue pas», conclut amèrement la députée socialiste et présidente de l'Association Firdaus.

ATS