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mercredi 2 novembre 2016

Le couvent des Cordeliers renoue avec ses origines à Fribourg




Le chantier de rénovation du couvent des Cordeliers à Fribourg s’est terminé après cinq ans de travaux. Visite de la plus grande bâtisse de la vieille ville de Fribourg.

La communauté des Cordeliers à Fribourg peut respirer. Après quatre années de travaux achevés en 2016, leur couvent resplendit comme à ses origines. L’inauguration s’est déroulée fin septembre devant plus de 1500 personnes.

Les ravages du temps avaient fait leurs effets sur cet ensemble de 255 pièces sis au quartier du bourg. Il devenait urgent de ravaler les façades, refaire les toitures et réaménager les 8300 m2 d’intérieur. La communauté des Cordeliers, nom que portent les Franciscains conventuels dans les régions francophones, occupe cette parcelle depuis la fin du XIIIe siècle.

«Au départ de ce projet, il y avait la volonté de revenir aux origines des bâtiments, à la fois au niveau des matériaux et de la spatialité, explique Inès Mettraux, architecte chargée du projet pour le bureau Normal Office au début de notre visite. Cette position est légèrement en contradiction avec le fait d’y amener plus de technique et de confort.» L’ensemble du chantier, divisé en trois phases d’une durée totale de quatre ans, a coûté environ 19 millions de francs.

Nombreux usages

A travers les décennies, les pièces des deux bâtiments qui composent le complexe ont été aménagées en fonction des usages. Le tout était également sous-utilisé. Pour l’heure, la communauté compte 7 membres actifs et un membre retraité. «A travers cette rénovation, nous utiliserons désormais l’ensemble de la structure, explique le Père Pascal Marquard, gardien du couvent et vice-président de la Commission bâtisse. Ce projet nous a permis de relever l’identité de ce site et de montrer le vrai caractère de ce bâtiment.»

Dorénavant l’ensemble compte des bureaux, des logements pour étudiants, des dortoirs pour les pèlerins du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle (qui ouvriront au printemps 2017), la partie dévolue aux Cordeliers, ainsi qu’une nouvelle bibliothèque et un abri de biens culturels.

Le couvent se découpe entre l’ancien pensionnat du Père Girard (1906-1907), le bâtiment du couvent de style baroque (1712-1725), deux jardins – l’un public, l’autre réservé aux Cordeliers – perchés sur les hauteurs du Grabensaal, le tout à côté d’une nef. Cette dernière avait déjà été rénovée dans les années 1970-1990.

L'extérieur, côté Grabensaal, du bâtiment du pensionnat du Père Girard. Il accueille désormais des bureaux.
 Julien Chavaillaz


Le bâtiment du pensionnat n’est plus dévolu à cet usage depuis 1969. «Transformé en bureaux, la spatialité d’origine avait été complètement perdue, note Inès Mettraux. Outre le décloisonnement et la fin des faux plafonds, nous avons fait le choix de ne pas remettre de moquette, actuellement usitée pour abaisser le niveau sonore. Nous voulions retrouver les planchers en bois d’origine.»

Pour mener à bien ces réfections, Normal Office s’est basée sur des photographies et des sondages. «A partir de là, on a épluché les bâtiments, souligne l’architecte. Dans certaines chambres, on avait jusqu’à six couches de revêtement de sol successives. Et lorsqu’on retrouvait le dernier sol posé existant, on ne retrouvait pas les mêmes parterres d’origine d’une pièce à l’autre.»

Au-dessus de ces couches, des milliers de m2 de linoléum – simple à poser et facilitant le nettoyage de grandes surfaces –, héritage de la dernière rénovation complète du couvent en 1937 à la suite d’un incendie qui avait ravagé les combles. Les pères de l’époque en avaient profité pour surélever le bâtiment de deux étages avec une chape de béton, un matériau novateur pour l’époque.

Désormais, le linoléum n’est plus qu’un souvenir. Les couloirs ainsi que les pièces aux murs éclatants de blancs et aux planchers de mollasse, briques ou en bois se succèdent dans une belle harmonie d’ensemble. Normal Office a profité de cette rénovation complète pour ajouter, sous la cour du pensionnat – côté ville –, une nouvelle bibliothèque avec une salle de lecture et un abri des biens culturels.

On accède à ces espaces par une porte sécurisée que la bibliothécaire en chef nous ouvre. Car dans l’abri, à côté d’une rangée de compactus rempli d’ouvrage anciens, se trouve le «trésor du couvent»: tabernacles, statues, tableaux et autres vitraux. «L’isolation de lcet abri a été réalisée avec des parois d’argile doublées d’un mur de briques crues, note Inès Mettraux dans cet espace où aucun bruit ne vient perturber le visiteur. Cette méthode permet de se passer de ventilation pour gérer l’atmosphère des lieux.» Et ainsi d’économiser de l’énergie.

La salle de lecture de la bibliothèque est un nouvel espace du couvent. Auparavant, les livres étaient entreposés sous les combles sans autre protection que les tuiles du toit.  Julien Chavaillaz


L’espace lumineux – grâce à une large ouverture sur le ciel – de la salle de lecture est cerné d’un côté par un mur brut de fondation et par une construction moderne de l’autre.

Attention particulière aux couloirs et au réfectoire

Du coté du couvent en lui-même, une attention toute particulière a été donnée aux couloirs de la bâtisse. «Les longs couloirs rectilignes bordés de portes sont le plus impressionnants», explique Inès Mettraux en parcourant les étages. Si cette combinaison est courante dans les couvents, elle n’en a pas moins ému l’architecte: «Le défi a été de garder cette impression de longueur tout en respectant les normes de sécurité actuelles.» La parade a été trouvée en installant des parois en verre.

Signes de confort moderne, les cellules des moines accueillent toutes une salle de bains colorée. Elles ont également été regroupées à un seul étage alors qu’elles étaient auparavant éparpillées dans le bâtiment. Un soin particulier a également été apporté au réfectoire. Ce dernier a été remis à l’honneur. Fini les boiseries qui assombrissaient le lieu de repas et de réunion des Cordeliers. Place à la lumière du jour grâce à des portes-fenêtres. Elles ouvrent sur une nouvelle terrasse donnant sur le jardin qui fait office de cloître végétal.


La chapelle privée des Cordeliers.
Julien Chavaillaz


Dernier lieu emblématique du couvent, la chapelle privée des Cordeliers. Ce lieu de recueillement manquait de chaleur tant en termes de température que d’ambiance. «Je ne pensais pas que les Cordeliers allaient accepter la solution que nous avons proposée», souffle Inès Mettraux. Outre une nouvelle isolation, le mur derrière l’autel a été recouvert de peinture dorée. Une solution qui a ravi l’architecte Thomas Huber qui a conçu l’autel.

Simon Moreillon