Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

dimanche 4 décembre 2016

Monsieur Hollande, agissez et faites en sorte qu'on vous oublie





L'Histoire, seule, offre de juger les personnes et les actes. Sans doute est-il peu probable qu'on dise un jour de François Hollande qu'il a été un grand Président, comme certains s'y sont essayés jeudi soir, dans un accès de déraison dicté par l'enthousiasme du soulagement. Sans doute, entre le "je" du début et le "j'ai" de la fin, les plus sévères ne trouveront-ils qu'une page blanche, ou en tout cas une copie un peu brouillonne, à laquelle ils seront bien en peine d'attribuer la moyenne. Mais au moins pourra-t-on dire qu'il est parti de son plein gré. Au moins pourra-t-on dire qu'il est allé puiser, tout au fond de sa maladresse, assez de lucidité et de dignité pour quitter la scène avant les tomates et les huées.

Ce renoncement, certes conseillé par des records jamais égalés d'impopularité, sonne comme une abdication, dans une république où l'on croyait inéluctable de se présenter à sa propre succession. Voilà l'un des rares actes de volonté à porter au crédit d'un président qui s'est surtout distingué par son indécision, par son inconstance, par son incapacité à faire face aux crises. Plutôt bonhomme, pas inintelligent, moins manœuvrier qu'on l'a cru, mais de toute évidence pas fait pour le rôle, François Hollande aura été le Louis XVI d'un temps où la sanction du suffrage universel a remplacé l'absurdité du procès révolutionnaire.

Tournant donc cette page un peu brouillonne, en même temps que l'ensemble de mes concitoyens, je me permets de poser la question suivante: s'il avait fini son mandat point trop estropié, s'il avait raisonnablement pu nourrir quelque espoir de se maintenir dans sa fonction, du fait de sondages plus flatteurs ou d'un contexte plus favorable, eût-il pour autant été fondé à jouer à nouveau sa place?

Cette question n'est pas du domaine de la convenance personnelle, mais de la morale et de la philosophie. Tout le monde n'est pas Cincinnatus. Cependant, si le "désir" et l' "envie" empiètent sur le devoir, si l'on aspire à paraître plutôt qu'à faire, à avoir plutôt qu'à être, si, ignorant la révolution horizontale qui bouleverse nos schémas d'antan, l'on aime mieux voir ses réalisations s'évanouir, plutôt que de risquer d'en perdre la paternité, alors, s'interroger sur le but de l'action publique –atteindre le bien commun– et sur son propre rapport au pouvoir, est une démarche salutaire, pour soi-même et pour les autres.

"Je veux mourir sur scène, c'est là que je suis née", chantait Dalida, avec la passion qui était la sienne. La politique, fort heureusement, n'est pas du music-hall. Agissez, puis faites en sorte qu'on vous oublie ; c'est là le plus grand bien que vous puissiez transmettre à la postérité et à la France.



Philippe Egger