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mardi 28 février 2017

Place financière suisse: les raisons d’être optimiste pour 2017




En ce début d’année 2017, il est essentiel de ne pas négliger les nombreux éléments positifs qui permettent d’envisager l’avenir avec confiance

En reconnaissant les problèmes et les incertitudes que rencontrent les acteurs financiers helvétiques, n’oublions pas les aspects positifs.

Tout en affirmant que, dans l’ensemble, le secteur bancaire helvétique se porte bien, le baromètre bancaire 2016 de l’Association suisse des banquiers insiste avec raison sur le fait qu’aujourd’hui les défis ne manquent pas pour les banques en Suisse: marges sous pression en raison notamment des coûts croissants liés à la réglementation, taux bas, renforcement du franc suisse, intérêt négatif imposé par la BNS.

A cela s’ajoutent des perspectives économiques peu encourageantes, les incertitudes induites par le Brexit et les effets disruptifs de la révolution numérique avec le développement des fintech qui, tout en représentant un fort potentiel pour les banques notamment en termes de gains de productivité, tend à remettre en question leur modèle d’affaires. C’est globalement le même constat qui ressort du «Baromètre des banques 2017» présenté par EY au tout début de cette année.

Le passé des banques reste bien présent

En outre, la Suisse a dû, sous la pression internationale, renoncer à son secret bancaire, qui représentait un indiscutable atout concurrentiel. Les banques suisses ont ainsi été conduites à faire le ménage, en obligeant leurs clients étrangers dont les avoirs n’étaient pas fiscalisés, soit à se régulariser soit à partir. Cela a ainsi induit une réduction de la masse sous gestion. Qui plus est, le passé ne manque pas d’être encore présent, puisque plusieurs Etats cherchent aujourd’hui, à l’instar de ce qu’ont fait les Etats-Unis, à poursuivre les banques helvétiques qui ont accepté par le passé de gérer des actifs non fiscalisés de leurs contribuables.

Par ailleurs, certaines places financières concurrentes, à commencer par les Etats-Unis, refusent d’appliquer pleinement les nouvelles normes internationales en matière fiscale qu’elles prétendent imposer à la Suisse et n’accordent pas une réelle réciprocité dans l’échange d’informations fiscales. Enfin, les banques privées suisses, très actives dans la gestion transfrontalière, sont confrontées au problème de l’accès aux marchés étrangers des services financiers, particulièrement au sein de l’UE.

Recul de Genève et Zurich

Bien que la place financière suisse, avec une part de marché de 25%, reste le leader mondial de la gestion de fortune transfrontalière, ces défis et cette difficile mutation se sont traduits en 2016 par un recul de Zurich et de Genève dans le classement mondial des centres financiers globaux, qu’établit chaque semestre le think tank britannique Z/Yen Group.

Les défis, obstacles et difficultés auxquels sont confrontées les banques suisses ne devraient toutefois pas conduire à céder au pessimisme et à la résignation. En effet, il ne faut pas perdre de vue les éléments structurels et conjoncturels qui permettent d’aborder 2017 avec confiance.

Premièrement, en dépit de ces problèmes, la place financière suisse conserve d’importants atouts qu’elle ne doit pas négliger, mais au contraire chercher à mieux faire valoir: stabilité politique, économique et sociale favorable aux activités financières; système juridique stable et prévisible, inspirant la confiance; des agents financiers offrant, grâce à leur excellente formation, des services sur mesure et d’une grande qualité.

Deuxièmement, la Suisse a participé activement à l’élaboration de la nouvelle norme mondiale en matière d’échange automatique d’informations et elle s’est engagée résolument dans son application. En témoigne le passage avec succès par notre pays en 2016 de la phase II de l’évaluation par les pairs du Forum mondial de l’OCDE sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales.

Troisièmement, la Suisse a obtenu la note globale «bien» lors de l’évaluation mutuelle au sein du GAFI de son dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

Quatrièmement, une solution acceptable pour l’UE est en passe d’être trouvée quant à l’application de l’initiative sur l’immigration de masse.

Cinquièmement, bien que le discours protectionniste du nouveau président américain suscite de sérieuses inquiétudes, sa volonté d’investir massivement dans les infrastructures et de réduire la charge fiscale a renforcé le dollar et elle est susceptible de dynamiser l’économie américaine et de favoriser la remontée des taux d’intérêt.

Sixièmement, tout indique que les autorités suisses (Conseil fédéral et FINMA) comprennent mieux les dangers et les conséquences négatives du swiss finish, ce perfectionnisme typiquement helvétique consistant à vouloir s’imposer des règles de diligence accrue que nul Etat ne pratique ni ne réclame et qui ne peuvent que porter atteinte à la compétitivité de la place financière.

Septièmement et enfin, bien que la conclusion d’un accord avec l’UE sur la question de l’accès au marché demeure une perspective lointaine et incertaine, une évolution positive se dessine dans le sens de la négociation d’accords bilatéraux avec certains pays membres, du type de celui conclu avec l’Allemagne.

Philippe Braillard
Professeur honoraire de l’Université de Genève