Bravo Madame la Présidente !
Doris Leuthard se tient droite dans ses bottes: hors de question de se rendre dans un pays qui ne respecte pas les femmes ou de porter le voile. «C'est par principe», a-t-elle déclaré au «Temps» dans une édition spéciale publiée lundi et destinée à la journée des femmes le 8 mars.
«Au niveau politique, je veux être respectée comme personne et non pas discriminée en raison de mon sexe», a expliqué la conseillère fédérale. «Je ne visite pas les Etats qui ne respectent pas les femmes. J'ai été en Arabie saoudite, mais dans une tenue normale. Si ce n'est pas possible, je n'y vais pas».
L'ancienne ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey avait soulevé une avalanche de critiques lorsqu'elle portait un foulard couvrant en partie ses cheveux lors d'un voyage en Iran en 2008. Michelle Obama avait quant à elle refusé de se voiler lorsqu'elle s'était rendue en Arabie saoudite.
«C'est génial d'être une femme»
«Chaque fois que je peux défendre l'intérêt des femmes, je le fais», a souligné la ministre PDC. Il faut encore travailler pour améliorer «certaines choses», comme par exemple attirer des femmes ingénieurs dans le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication, qu'elle dirige. Ou le congé paternité. «Il faudrait au minimum en offrir la possibilité. A la Confédération, les conditions sont meilleures. Dans mon département, nous traitons les pères et mères de la même façon, cela pourrait être un modèle pour les cantons et les communes. C'est valable aussi pour le secteur privé.»
«Quand on cherche des talents, de telles offres peuvent faire la différence. Si les entreprises ratent cette opportunité, à la longue cela leur sera défavorable», estime l'Argovienne.
Malgré cela, Doris Leuthard est optimiste. «Il faut quand même le dire: c'est génial d'être une femme! Pensez aux possibilités que nous avons et que les hommes n'ont pas». Selon la ministre, il faut être «fières de nos compétences et de nos différences».
Pas de rose
Dans cette édition spéciale, «Les femmes font Le Temps», le journal est écrit par une quarantaine de femmes, cheffes d'entreprise, politiciennes, avocates, artistes ou universitaires. Elles ont eu carte blanche pour parler de thèmes qui «les intéressent, les touchent ou les font réfléchir», écrit le quotidien.
Le journal a aussi lancé lundi une base de données regroupant des centaines d'expertes de tous les domaines. But de l'opération: renverser la tendance.
Car comme dans beaucoup de médias, les femmes sont bien moins citées que les hommes. Une analyse des archives du journal révèle également que moins de 20% des articles d'opinion sont écrits par des femmes.
La maquette a été réalisée par une équipe de la Haute école d'art et de design de Genève. Et pied de nez aux clichés: la cartouche magenta a été enlevée, donc pas de rose dans les photos.
ATS