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samedi 4 mars 2017

Le double jeu de Nicolas Sarkozy face à François Fillon


POOL NEW / REUTERS
Nicolas Sarkozy n'a pas lâché François Fillon mais certains de ses soutiens en appellent à Alain Juppé.


Même Alain Juppé pourtant bien silencieux a dit publiquement plus de choses que lui depuis le début du Penelope Gate. Nicolas Sarkozy qui n'a pas repris la parole depuis le soir de sa défaite au premier tour de la primaire s'active cependant lui aussi en coulisses pour trouver une solution avec ou sans François Fillon. "À la place qui est la sienne aujourd'hui, la seule chose qui préoccupe Nicolas Sarkozy, c'est le sort de la France et l'unité de sa famille politique", explique à l'AFP une source au parti Les Républicains. Voilà qui rappelle les propos qu'il pouvait tenir entre 2012 et 2014 avant qu'il ne revienne dans la vie politique.

Peut-on imaginer pareil scénario à 50 jours de la présidentielle? Même si la campagne montre que rien n'est impossible, l'hypothèse n'est avancée par personne. Aucun ténor ne voit en lui le recours potentiel surtout depuis qu'il a été renvoyé en correctionnelle dans l'affaire dite des écoutes mais son nom circule tout de même pour être l'organisateur de la sortie de crise. "Dans la tourmente, ma famille se tourne vers celui qui l'a déjà remise sur les rails à plusieurs reprises. Il est la personne qui peut faire émerger une solution face à cette situation hors normes", dit par exemple la sarkozyste Valérie Debord.

Le fait qu'il a rencontré vendredi matin Bernard Accoyer et Gérard Larcher plaide effectivement en ce sens. Mais difficile de savoir ce samedi s'il est toujours favorable au maintien de François Fillon comme candidat ou s'il privilégie un recours et si oui, lequel.

Fillon mis sous tutelle pendant un mois

Durant tout le mois de février, garder François Fillon était bien sa position préférée. Même si l'un de ses soutiens -Georges Fenech- a été le premier frondeur, Nicolas Sarkozy a fait en sorte que son ancien "collaborateur" poursuive sa campagne. Mais à une condition: que celle-ci soit relancée selon ses propres principes. Illustration le 15 février. Les deux hommes déjeunent ensemble à l'initiative de François Fillon qui l'appelle à la rescousse pour trouver un moyen de se relancer. Les deux hommes optent pour proposer une nouvelle mesure choc censée faire diversion.

Dans la foulée, c'est une proposition sarkozyste que le candidat décline dans la presse et en meeting: l'abaissement à 16 ans de la majorité pénale. Et pour son premier déplacement, c'est vers François Baroin désigné par Nicolas Sarkozy comme son futur premier ministre que François Fillon se tourne.

Les quinze jours qui suivent ressemblent d'ailleurs fort à une mise sous tutelle de la campagne filloniste par le camp Sarkozy. En mettant l'accent sur les thématiques régaliennes, en dénonçant l'état "de guerre civile" dans lequel le pays serait plongé et en hystérisant le débat public, le candidat reprend toutes les recettes de l'ancien chef de l'Etat.

Des sarkozystes s'en vont, pas les ténors

Mais quinze jours plus tard, cette campagne n'est plus audible et la probable mise en examen de François Fillon a changé la donne. Concerté comme tous les ténors du parti mercredi matin, Nicolas Sarkozy n'a pas donné de consigne à son ancien premier ministre. Renoncer ou se maintenir? Fais ton choix en conscience, lui a-t-il répondu en substance.

Pour l'heure, les ténors qui ont soutenu Nicolas Sarkozy tels Laurent Wauquiez, Christian Jacob, François Baroin sont également silencieux. Aucun n'a lâché le candidat. Dans le même temps cependant, des soutiens de l'ancien président de la République ont quitté le navire sans que celui-ci ne cherche à les retenir. Il s'agit autant de sarkozystes historiques comme Nadine Morano, Sébastien Huyghe ou Valérie Debord ou de ralliés comme Gérald Darmanin, Catherine Vautrin ou Virginie Duby-Muller.

Le plan Juppé et le risque FN

Combien de temps la neutralité de Nicolas Sarkozy pourra-t-elle durer? Le Monde rapporte qu'au cours de deux nouveaux entretiens téléphoniques qui ont lieu vendredi, il a affirmé à François Fillon que "cela ne peut pas durer comme ça". Surtout qu'il ne voit pas d'un très bon œil le rassemblement prévu ce dimanche au Trocadéro. "On a de gros doutes. Le 1er mai 2012, c'était une manifestation de rassemblement et d'unité. Aujourd'hui c'est faire une manifestation contre. Et puis, est-ce bien raisonnable alors qu'on est en état d'urgence?", se demande son entourage dans Le Figaro.

Mais l'ancien Président ne veut pas brusquer le candidat et encore moins les militants, sympathisants et électeurs qui sont prêts à voter pour lui. Lancer tout de suite le plan Juppé risquerait, selon lui, d'en conduire une bonne partie vers le Front national et donc de faire éclater sa famille politique. Pourtant c'est bien vers le maire de Bordeaux que se tournent certains de ses soutiens y compris Georges Fenech qui a appelé à le parrainer. Y compris Gérald Darmanin qui confie au Figaro que "plus personne aujourd'hui chez les sarkozystes ne s'oppose à ce plan B".

Alexandre Boudet