Les Suisses misent sur l'argent liquide. Aucun pays sur la planète n'a autant d'espèces en circulation par habitant que la Suisse, comme le relève le Blick dans son édition du 11 mai 2017.
De 35 milliards de francs voici dix ans, les masses monétaires représentent désormais près de 80 milliards, soit quelque 9300 francs par habitant en moyenne et Orell Fussli imprime pour près de 100 tonnes de billets chaque année. De quoi promettre de beaux jours au futur billet de 20 francs.
Cette coupure est la plus répandue, avec celle de 100 francs. Tous deux représentent un cinquième des billets en circulation, soit 84 millions d'unités pour une valeur de 1,7 milliard de franc.
Toujours plus de cash
La hausse des masses monétaires répond à la demande car les Suisses aiment les espèces sonnantes et trébuchantes durant les périodes troublées. Le niveau actuel des liquidités est supérieur de 12% à ce qu'il était à la fin des années 70.
«Avec l'éclatement de la crise financière et l'introduction des taux négatifs, les Suisses se sont tournés à nouveau vers l'argent liquide, une tendance qui n'a pas faibli depuis», a expliqué Fritz Zurbrügg, vice-président de la BNS et chef du 2e département, responsable entre autres des Billets et monnaies.
Les espèces ne vont pas disparaître
Les Suisses n'ont pas oublié qu'UBS a failli disparaître en 2008 et qu'il valait mieux avoir de l'argent liquide pour ne pas voir ses comptes bloqués.
La BNS ne s'exprime pas sur cet attachement à l'argent réel mais sa politique de taux négatives est inopérante si les Suisses amassent des billets. Pas question pour autant d'interdire l'argent physique. «Ces rumeurs sont très exagérées», a souligné Fritz Zurbrügg.
Les avantages des billets
Car les Suisses tiennent aux billets de banque. «Il y a en effet beaucoup d'avantages. Les paiements sont simples et définitifs tout de suite. Pas de crainte non plus d'une erreur technique et ils permettent un meilleur contrôle. Sans oublier un anonymat certain et une grande protection des droits car ils permettent de payer sans pouvoir être contrôlé», a souligné Hans Gersbach, professeur à l'EPFZ et conseiller de la chancelière allemande Angela Merkel.
De là à dire que la présence de l'argent liquide a empêché que les taux négatifs soient également appliqués aux petits épargnants, «c'est très probablement le cas», a ajouté le professeur.