Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

samedi 16 décembre 2017

Neutralité du Net : que les fournisseurs restent à leur place




Les États-Unis viennent d’entériner la fin de la neutralité du Net sur leur territoire, même si l’application des nouveaux dispositifs prendra plusieurs semaines.

Si la France ne semble pas vouloir suivre ce chemin dans l’immédiat, en coulisses, les dents s’aiguisent et il y a fort à parier que le lobbying des géants de l’accès à Internet monte en puissance dans les prochains mois.

Stéphane Richard, PDG d’Orange, a déjà ouvert une brèche en se déclarant favorable à un Internet à deux vitesses. On ne connaît pas encore les positions de ses concurrents, mais on imagine que Patrick Drahi, fondateur et propriétaire d’Altice, la maison mère de SFR, verrait d’un bon œil toute mesure permettant de facturer encore un peu plus de services à ses clients.

Et c’est justement le fait que les FAI (fournisseurs d’accès à Internet) se prennent pour des fournisseurs de services qui pose problème à mon sens.

Basiquement, le rôle d’un FAI est, comme son nom l’indique, de fournir un « tuyau » qui permet à chaque client d’accéder à Internet. Ni plus, ni mois. Ce tuyau est, ici, matérialisé par un réseau fibre ou cuivre pour les anciennes infrastructures. Il est naturellement tenu de déployer, améliorer et entretenir ce réseau afin de garantir un accès stable et fiable. On pourrait comparer le métier de base d’un FAI à celui de Veolia, par exemple : fournir un raccordement à un réseau existant. Tout ce que vous voulez lorsque vous payez votre facture à Veolia, c’est que de l’eau coule lorsque vous ouvrez votre robinet et que cette eau soit potable.

Imaginez, maintenant, que Veolia décide de vous livrer d’office un lave-linge de sa marque en vous le facturant chaque mois. Imaginez que ce même Veolia se dise qu’avec de l’eau, on peut arroser un jardin, même si vous n’en avez pas, et vous facture ce service en supplément. Ça fait sourire, mais c’est exactement ce que font les FAI aujourd’hui, à des degrés divers.

La box TV est indissociable, même si vous ne regardez pas la TV ou la regardez sur Internet. L’option téléphone est, elle aussi, indissociable, même si vous n’avez pas l’utilité d’un téléphone fixe. De plus en plus d’options « offertes » se rajoutent au fur et à mesure : bouquet de presse, bouquet de chaînes télé, offres de VOD…

Il n’y a que dans le secteur des télécoms que l’on voit une telle aberration, si bien qu’aujourd’hui, il est pratiquement impossible pour un particulier d’avoir une offre Internet offrant juste de l’Internet. Je me demande même dans quelle mesure les « services » évoqués ne pourraient pas être assimilés à de la vente forcée.

Les FAI sont déjà largement sortis de leur rôle premier, qui devrait être, je le pense, un service public, tant l’accès à l’information, la culture et les relations avec l’administration sont des facteurs qui desserrent l’étau de l’isolement.

Pour reprendre mon analogie de départ, les FAI voudraient à présent proposer un meilleur débit pour prendre la douche, moyennant option, facturée naturellement. Vous n’en avez pas les moyens ? Pas grave, vous pourrez vous consoler en vous disant que, plus loin dans votre quartier, quelqu’un de plus aisé peut laisser tourner son arroseur de jardin à plein débit, et qu’en plus il trouve normal de payer pour ça à votre détriment.

La seule révolution à faire dans le secteur des télécoms, c’est d’avoir enfin vraiment des services à la carte, et non pas un débit à la carte.

Thibaut Ronet