La traditionnelle fête du village, le passage quotidien chez le boulanger du coin ou encore les assemblées de commune: toutes ces petites choses permettent aux gens de se sentir intégrés et «chez eux». Pendant longtemps, ces structures communales ont été considérées comme importantes pour forger l'appartenance des citoyens à leur lieu de domicile, écrivent jeudi nos collègues de «20 Minuten».
Or, à en croire un récent sondage de l'institut GFS à Berne, les choses sont en train de changer. De moins en moins de personnes se sentent attachées à la commune dans laquelle elles habitent. Si en 2004, 53% des personnes interrogées s'identifiaient encore à leur lieu de résidence, ils ne sont plus que 25% en 2017.
56% sont rattachés à leur région linguistique
Sur demande de nos confrères, l'institut a évalué les résultats selon l'âge des participants au sondage. Résultat: ce sont surtout les jeunes qui peinent à se sentir à la maison là où ils vivent. Seuls 10% des 18 à 29 ans s'identifient à la commune dans laquelle ils habitent. Ce taux s'élève à 17% auprès des plus de 60 ans.
Autre point intéressant: si le sentiment d'appartenance à sa commune semble s'effriter, les sondés expliquent se sentir davantage rattachés à la Suisse (56%) ou à leur région linguistique (56%). Il est intéressant de noter que le sentiment d'appartenance à la Suisse était particulièrement élevé en 2014, année au cours de laquelle le peuple a accepté l'initiative contre l'immigration de masse.
Le pays avant la commune
Cloé Jans, de GFS, explique: «Dans le débat sur l'immigration en Suisse et le désir de celle-ci de limiter elle-même son flux migratoire, les citoyens helvétiques se sont sûrement dit qu'ils allaient soutenir leur pays dans ses négociations avec l'UE.» Elle note également que les problèmes avec l'Union européenne et la polarisation du paysage politique sont considérés par les citoyens helvétiques comme étant les deux plus grands dangers pour l'identité. «Il s'agit là de deux phénomènes discutés au niveau national», précise Cloé Jans tout en ajoutant que l'approbation au fédéralisme a quant à elle légèrement baissé depuis 2004.
Une deuxième raison pouvant expliquer l'attachement toujours moindre à sa commune de résidence pourrait être la mobilité, selon l'experte: «De nos jours, les gens sont plus flexibles et déménagent là où les loyers sont les plus bas ou là où ils trouvent un bon travail.» Un phénomène confirmé par Thomas Hardegger, conseiller national socialiste et président de la commune de Rümlang (ZH).
Stefan Müller-Altermatt, conseiller national PDC et président de la commune de Herbetswil (SO), pointe un autre facteur ayant pu mener à l'«anonymisation» dans les communes: les réseaux sociaux. «Au lieu d'établir des liens personnels avec les villageois, les gens préfèrent discuter sur internet.»
Le PDC comme les auteurs du sondage craignent qu'une orientation toujours plus grande aux structures nationales ne mette en péril le système de milice, l'engagement bénévole au sein d'associations ou dans le monde politique. Le manque de nouveaux jeunes politiciens sur le plan communal a en effet atteint de telles proportions que l'association des communes suisses a lancé l'an dernier une campagne de sensibilisation.